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Vernaculaire moderne? : vers une compréhension de la notion d'architecture vernaculaire et de ses liens avec la modernité architecturale

Bisson, Marie-France January 2007 (has links) (PDF)
Ce mémoire de maîtrise a pour but l'exploration de la notion d'architecture vernaculaire afin d'établir si une architecture vernaculaire moderne est concevable et quels sont les objets qu'elle qualifie. L'intérêt d'une telle recherche est issu de préoccupations liées à la documentation, et possiblement à la conservation, d'une architecture moderne actuellement négligée par les différentes instances à l'oeuvre pour la sauvegarde de l'architecture. L'exploration de la notion de vernaculaire en architecture passe en premier lieu par une recherche étymologique qui permet de dater les premières incursions du mot dans les discours sur l'architecture en Angleterre. L'évolution de la définition est ensuite suivie au travers les textes d'auteurs anglo-saxons reconnus pour leurs études sur l'architecture vernaculaire. L'examen des différentes méthodologies et des objets étudiés par ces auteurs majoritairement issu des sciences humaines démontre que l'architecture moderne est exclue de leurs recherches jusque dans les années 1980 environ. L'apport des architectes, des historiens de l'art et des critiques n'est pas non plus pris en compte par ceux qui s'intéressent au vernaculaire. Afin de comprendre le lien qui peut unir vernaculaire et modernité, ces textes de spécialistes liés à l'art et à l'architecture sont ensuite étudiés et nous dévoilent que l'architecture vernaculaire fut pour eux une source d'inspiration dans la conception et la compréhension d'une architecture moderne. Toutefois, leurs objets d'études sont différents de ceux qu'étudient les spécialistes du vernaculaire. De cette seconde exploration ressort que par leurs préoccupations, les critiques, historiens de l'art et architectes ont non seulement contribué à introduire de nouveaux objets dans le corpus de l'architecture vernaculaire, mais ils ont oeuvré à les insérer dans l'histoire de l'architecture qui les négligeait traditionnellement. La notion d'architecture vernaculaire apparait liée à la définition d'une architecture moderne. Ces deux idées ne sont donc pas antinomiques. La mise en relation des différentes démarches d'auteurs étudiés au sein de ce mémoire permet de constater que la définition du mot vernaculaire n'est pas établie en fonction d'un objet précis ou de caractéristiques immuables. Sa définition renvoie plutôt à une idée dynamique, liée à l'écriture de l'histoire de l'architecture. Ainsi, les objets appelés vernaculaires changent en fonction de la méthodologie de l'auteur dans sa recherche ou de son point de vue sur l'histoire de l'architecture. Ce constat renvoie d'ailleurs aux définitions des dictionnaires qui associent l'adjectif vernaculaire à des concepts tels que « monumental » et « style ». Depuis les années 1980, des auteurs d'horizons différents en appellent à un renouvellement de l'histoire de l'architecture, au moyen de l'exploration de thèmes socioéconomiques qui sont le plus souvent associés à l'architecture vernaculaire. En somme, la notion de vernaculaire ne peut être un outil à la conservation ou la documentation d'une architecture moderne qui ne soit pas monumentale. Toutefois, répondre aux questions que son étude soulève, permettrait de mieux cerner l'objet de l'histoire de l'architecture et l'objet de la sauvegarde. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Architecture, Vernaculaire, Moderne, Modernité, Histoire de l'architecture.
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Irving Grossman, 1954-1964, a young architect's response within Modernism

Waldron, Andrew M. January 1998 (has links) (PDF)
No description available.
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Le plan libre, syncrétisme de la modernité corbuséenne: essai de clarification du concept de plan libre dans l'oeuvre architectural de Le Corbusier

Burniat, Patrick 11 June 2008 (has links)
Le sujet de la thèse —la clarification du concept de plan libre dans l’œuvre architectural de Le Corbusier— s’inscrit dans un cadre général de recherches portant sur les modes de conception architecturale en contexte de modernité. Cette préoccupation prend comme horizon la compréhension des processus qui servent l’architecture comme construction d’idées et qui permettent d’en articuler les différentes phases, depuis l’amont des intentions exprimées par le concepteur, jusqu’à l’aval des expressions prises par la solution, en passant par les moyens qui, précisément, permettent d’articuler une pensée abstraite à un objet concret. C’est un champ d’interrogation qui s’appuie sur le constat d’un double déficit disciplinaire :l’intérêt général porté aux formes de l’architecture plutôt qu’aux processus qui les ont fait naître ;l’absence de vocabulaire réellement partagé des concepts utilisés par la discipline, ce qui forme, dans l’un et l’autre cas, “obstacles” à la connaissance de l’architecture et à son enseignement.<p><p>A cet égard, le concept de plan libre occupe une position de choix. Célèbre « mot-force » du manifeste corbuséen de 1927 —« Les Cinq points d’une nouvelle architecture »—, devenu un concept central —mais aussi “nomade”— de l’historiographie de l’architecture moderne, il se trouve donc à l’articulation des questions relatives à la modernité et à la conception. De plus, une simple confrontation de sa définition originale, tant à l’œuvre de Le Corbusier qu’à l’historiographie du Mouvement Moderne, révèle la polysémie du concept et, en particulier, les ambiguïtés et paradoxes que suscitent sa double interprétation :comme “modèle d’organisation spatiale” d’une part et comme “intention libératoire” de l’autre, au point qu’elle laisse le chercheur perplexe à l’égard de ce qu’en l’état, un tel concept peut bien apporter à la connaissance de l’architecture. <p><p>Pour surmonter ces difficultés d’interprétations, deux hypothèses sont proposées. <p>La première envisage le plan libre comme mode opératoire de “libre” conception propre à Le Corbusier. La seconde renvoie à la construction discursive du plan libre comme oxymore, c’est-à-dire comme figure de rhétorique qui, en associant deux termes de sens contraires, construit un ou plusieurs sens nouveaux. <p><p>En conclusion, leur vérification conduit à interpréter le plan libre comme mode spécifique de conception —qui assure tout autant l’autonomie du créateur que la fertilité du processus de création—, lui-même basé sur un processus récurrent de “mises en tension” et de recherches de nouveaux “équilibres” :du regard dialogique que Le Corbusier porte sur le monde —en particulier sur le processus de modernisation— à l’expression duale qu’il donne à ses compositions. Au final, cette double optique fonde notre interprétation du plan libre comme syncrétisme de la modernité corbuséenne. Elle se valide également comme clés de lecture particulièrement riches pour la compréhension de l’oeuvre corbuséenne et des processus de conception qui l’animent.<p><p>x x x<p>Développement<p><p>Tout au long des chapitres de l’étude, nous nous sommes attaché à interroger le concept de plan libre au-delà des compréhensions conventionnelles et “familières” qu’on pouvait en avoir de prime abord, à savoir :d’une part, le plan libre comme “modèle d’organisation spatiale” —défini par opposition au “plan paralysé”—et, d’autre part, le plan libre comme “intention libératoire”, lequel marque un large désir d’émancipation, en particulier —sans y être restreint— à l’égard des pratiques académiques. Dès le premier chapitre en effet, nous avions montré que ces premières définitions “communes” du plan libre —clairement identifiables tant dans l’œuvre corbuséenne que dans les instrumentalisations dont il fut l’objet par la critique spécialisée— formaient “obstacles”, dans ces deux champs, à une claire compréhension de ce qu’il pouvait signifier.<p><p>Bien que l’on ne puisse douter de la validité des définitions proposées par Le Corbusier lui-même, nous avons dû relever à leur égard un certain nombre d’ambiguïtés ou de contresens qui nous obligeaient à questionner ces termes au-delà de ce qu’on y voit habituellement. De la sorte, nous mettions aussi en évidence qu’il n’y avait pas, dans le concept de plan libre, un, mais bien deux “niveaux de libération” à identifier :d’une part, un mouvement d’émancipation de la nouvelle architecture à l’égard de tout ce qui pouvait, de manière hétéronome, “préformer” sa conception ;d’autre part, une liberté interne au système mis en place, assurant à l’auteur de projet la mise à disposition de moyens innovants et permettant la « permanente mise à l’épreuve » (A. Rivkin) de l’architecture face aux conditions changeantes du projet. <p><p>Ces différentes observations nous invitaient à approfondir la réflexion et, surtout, à la déplacer vers ce processus qui, justement, permettait de lier la “virtualité” de l’intention à la “matérialité” d’une solution, soit le propre de la conception architecturale. En effet, entre ces premières définitions du plan libre qui, déjà, le situaient aux “extrêmes” de la conception architecturale — intention versus expression— il semblait opportun d’en revenir là aussi à l’investigation de cette problématique “intermédiaire” :par quels moyens Le Corbusier passait-il du plan libre comme intention au plan libre comme expression ?<p><p>L’hypothèse fut alors posée de considérer le plan libre corbuséen comme “méta-opérateur” d’une libre conception du projet, le terme désignant selon Robert Prost « l’ensemble des modes opératoires que réclame toute formulation de solution ». Dans ce sens, on pouvait aisément présumer que ce mode de conception était lui-même animé par le regard doctrinal porté par Le Corbusier sur cette même modernité au service de laquelle il avait précisément défini la « nouvelle architecture » et les « Cinq points » qui en étaient « les moyens ». <p><p>L’objectif de nos développements ultérieurs fut dès lors, tout à la fois, de montrer ce “statut” opératoire du plan libre comme libre conception; de déterminer les moyens —procéduraux et substantiels— qui l’organisaient ;de montrer ce qu’ils construisaient dans l’œuvre en termes d’innovation ;de relever, en parallèle, en quoi et comment ils étaient révélateurs du point de vue de Le Corbusier sur la modernité. <p><p>Les hypothèses et l’intérêt des questions soulevées furent définitivement fondés après l’exposé des cadres généraux à l’intérieur desquels elles devaient être discutées :les champs de la conception d’une part et de la modernité de l’autre. C’est l’objet du chapitre 2. <p><p>L’étude s’est alors développée en quatre parties, basées sur des temporalités et/ou des corpus spécifiques et orientées vers des questions particulières. <p><p>Dans un premier temps —chapitre 3—, nous avons pris comme cadre d’interrogation l’exposition du Weissenhof à Stuttgart en 1927, moment de la publication du célèbre manifeste corbuséen des « Cinq points d’une nouvelle architecture » et lieu de la construction de ces maisons par lesquelles Le Corbusier exposa concrètement ses points de vue théoriques. <p><p>Le concept de plan libre y a été évalué à l’aune :des Cinq points dans le cadre desquels il a été énoncé; de l’ossature Dom-Ino qui en fonde l’émergence et la nature particulière; des maisons du Weissenhof qui en concrétisent la portée et les ambitions. Bien que cette matière ait déjà été abondamment retournée par les labours de la critique architecturale, un exposé exhaustif se devait d’être fait pour fonder notre propre compréhension des événements, construire nos propres observations et conclusions, eu égard à nos hypothèses. Par ailleurs, ce chapitre a permis d’éclaircir le mode de fonctionnement des Cinq points et de l’ossature Dom-Ino quant à leurs rôles et objectifs dans le processus de conception corbuséen.<p><p>Dans le 4e chapitre, nous nous sommes plus particulièrement interrogé sur ce qui fondait le choix et la définition de ces moyens particuliers. Il fut donc consacré à l’étude du plan libre comme édification d’une “théorie” du projet. Jamais Le Corbusier n’a produit un discours coordonné sur sa pratique —à la manière du traité d’Alberti— et les nombreux textes par lesquels il commente son œuvre et justifie les Cinq points comme « Eléments objectifs de discussion sur le phénomène architectural » présentent ces questions selon des points de vue fragmentaires :seul l’enchaînement des sources a permis d’extraire des thèmes dont la récurrence, voire la redondance, fait sens. La variation des énoncés des Cinq points que nous avons pu relever invitait par ailleurs à voir là une pensée en “construction” plutôt qu’une doctrine “arrêtée”, le manifeste étant dès lors compris comme un “arrêt sur images” ponctuant le parcours d’une pensée elle-même en permanente évolution. <p><p>Le corpus de cette analyse fut constitué de conférences, articles et livres rédigés par Le Corbusier, pour l’essentiel entre 1918 et la fin des années 20. Sur base de ce matériel, un certain nombre de thèmes récurrents ont été identifiés qui étayent la compréhension de ce que peuvent être les éléments de doctrine qui sous-tendent la conception du projet corbuséen et la manière dont il construit la validation de son propos. L’intérêt de cet examen fut aussi de permettre l’identification de quelques-unes de ces références procédurales qui font partie du fond culturel du concepteur et par lesquelles Le Corbusier organise ses processus de conception à l’égard de ce qui constitue l’architecture comme « problème en soi ». Dans un second temps, la comparaison de ces observations avec ce qui fait, selon Françoise Choay, théorie chez Alberti, a conforté l’idée de ce que cette construction doctrinale était propre à sous-tendre et qualifier un mode de conception et d’en confirmer, pour une part, les moyens de son ambition “émancipatrice”.<p><p>Dans le chapitre 5, nous avons procédé à l’examen de quatre références procédurales de conception que nous avions précédemment identifiées :la re-programmation, la dissociation, l’inversion et la réconciliation des contraires. L’intérêt était double. Il s’agissait, d’une part, de comprendre —et de vérifier— en quoi et comment ces procédures permettaient de rencontrer les objectifs d’une libre conception du projet —ce que nous avons traduit là par leur capacité à innover sur le plan formel et spatial et à assurer une relative autonomie du concepteur— et, d’autre part, de saisir —et montrer— en quoi et comment ils servaient le point de vue de Le Corbusier sur la modernité. Le corpus considéré ici était constitué d’une sélection de réalisations architecturales des années 20. Leur examen permit de saisir concrètement ce vers quoi les procédures conduisaient en examinant ce qu’elles construisaient dans l’œuvre. Bien que non exemptes d’observations personnelles, ces analyses se sont appuyées sur divers travaux antérieurs menés par les exégètes de l’œuvre corbuséenne dont, en particulier, Alan Colquhoun, Colin Rowe, Jacques Lucan, etc, auprès desquels nous avons trouvé matière à étayer nos hypothèses par l’articulation de leurs points de vue au nôtre, réduisant également quelques-unes des fractures de compréhension énoncées dès l’introduction.<p><p>Le chapitre 6 a, quant à lui, été plus particulièrement réservé à l’observation des références substantielles présentes dans le système de conception corbuséen au moment des Cinq points, que ce soit sur un plan concret ou à un horizon théorique. Dès l’exposé introductif de nos hypothèses, nous avions en effet relevé la relative incompatibilité que l’on pouvait discerner dans la mise au point d’un système de conception dont on attendait, d’un côté, qu’il puisse en permanence apporter des réponses innovantes en l’appuyant, de l’autre, sur des références de formes —celles des Cinq points— qui ne pouvaient qu’en restreindre l’ordre des possibilités. Deux discussions nous ont permis, sur le plan théorique au moins, de saisir les raisons de cette incompatibilité :celle de l’autoréférentialité du système d’une part et celle du miroir de l’inversion d’autre part, toutes deux conduisant nécessairement à restreindre le champ de la création à l’ordre d’une forme d’imitation. <p><p>Le chapitre 7, de conclusion, est revenu plus spécifiquement sur la discussion de l’objectif —et des conditions— dans lesquelles Le Corbusier poursuit cette volonté d’autonomie propre à la posture de l’artiste moderne, et l’objective. Si l’on s’accorde à reconnaître que le processus de modernisation à conduit à l’effritement des traditions stabilisatrices sur lesquelles se fondait ce qui faisait “sens commun”, la question est posée, entre autres, de savoir comment créer et objectiver ce “sens commun” à partir d’une vision subjective du “moi” créateur. La démonstration porte là sur la mise en exergue des invariants sur lesquels Le Corbusier fonde ses discours de validation :les principes pérennes qu’il “reconnaît” dans l’histoire, tout autant que les invariants de “l’homme”, qu’ils soient de nature socio-anthropologique, anthropomorphique ou psycho-physiologique. De la sorte, la posture émancipatrice de Le Corbusier se révèle fondée sur le respect d’un cadre normatif, intemporel, par lequel il tente d’objectiver sa propre subjectivité.<p><p>Cette approche duale nous est finalement apparue récurrente à tous niveaux de son processus de conception, et donc comme forgeant l’une de ses spécificités. Quel que soit le niveau auquel on l’envisage, Le Corbusier fonde son approche sur la mise en tension de termes, d’idées ou de figures qu’il oppose et entre lesquels il semble tout à la fois réfléchir, résoudre et exprimer les questions particulières de la conception, visant au final un nouvel équilibre entre les pôles identifiés, ce qu’énonce de manière métaphorique l’oxymore “plan libre”.<p><p><p> / Doctorat en Art de bâtir et urbanisme / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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Victor Bourgeois, 1897-1962: radicaliteit en pragmatisme, moderniteit en traditie

Strauven, Iwan Aldo 28 May 2015 (has links)
Cette thèse de doctorat constitue la première étude transversale et systématique de l’œuvre et de la pensée théorique de l’architecte Victor Bourgeois (1897-1962). A contrepied d’une image de Bourgeois formée dans l’historiographie de l’architecture moderne en Belgique, cette étude est basée sur la cohérence fondamentale entre son œuvre d’avant et d’après-guerre, et sur la congruence entre sa théorie et sa pratique. Celles-ci résultent d’un engagement social permanent auquel Bourgeois, aux côtés de son frère, le poète Pierre Bourgeois, désirait donner forme à travers sa pratique professionnelle. <p>L’étude se présente en deux parties :un catalogue raisonné qui offre une vision complète des projets réalisés et non réalisés, ainsi qu’un commentaire et une courte bibliographie par projet. Ceci constitue la seconde partie, le premier volume étant consacré à un essai lui aussi divisé en deux parties. La première rassemble toute l’information disponible dans la littérature consacrée aux années de formation et à la carrière internationale de l’architecte, augmentée de quelques corrections et additions importantes. La seconde explore, sur la base de trois textes clefs, les trois champs d’action par lesquels Bourgeois a donné corps à son engagement social :l’urbanisme, l’architecture et l’éducation.<p>Il est question dans un premier temps de la forme qu’a pris l’engagement social de Victor Bourgeois à travers son œuvre construite. Cette interrogation s’appuie sur les écrits de Bourgeois à ce sujet. Sa réflexion sur la dimension sociale de sa profession est en permanente évolution et se construit autour de termes tels que :« l’art social », « le rendement de l’architecture », « la rationalisation de l’architecture », « la neutralité urbaine, », « la paix plastique », et « le civisme ». Ces concepts sont ici confrontés à quelques-uns de ses projets parmi les plus importants. Les interprétations successives que fait Bourgeois de cette dimension sociale de l’architecture moderne ont pour effet une érosion progressive de sa signification. Cette évolution ne le conduit pas nécessairement à une vision purement technocratique de l’architecture. Après-guerre, ses différentes pensées convergent dans deux textes aux titres révélateurs :De l’architecture au temps d’Erasme à l’humanisme social de notre architecture (1947) et L’architecte et son espace (1955).<p>Dans un second temps, cette thèse retrace la figure de l’urbaniste moderne tel qu’il émerge dans la pensée et la pratique urbanistique de Bourgeois. Alors qu’il était initialement proche des théories socio-biologiques (d’orientation esthétique) de Louis Van der Swaelmen, la figure de l’urbaniste en tant qu’organisateur apparaît progressivement dans ses textes :“L’architecte n’est plus ramené seulement à un rôle de dessinateur ou d’ingénieur, il devient un organisateur de toutes les valeurs utiles.” Et ailleurs: “L’urbaniste est un chef d’orchestre :il doit organiser et hiérarchiser cent, mille instruments différents.” C’est à la fin des années ’30 que la finalité sociale de la pratique urbanistique trouve sa formulation la plus explicite :“L’urbanisme ajuste l’espace au progrès social.” Ses projets urbanistiques des années 30 oscillent entre l’approche architecturo-urbanistique de Ludwig Hilberseimer, le modèle de ville linéaire de Nikolaï Miljutin et les théories du 19e siècle de Patrick Geddes et Paul Otlet. Ses prises de positions radicales aboutiront souvent, sur le terrain, à des solutions pragmatiques.<p>Enfin, dans un troisième temps, la dissertation thématise l’enseignement de Bourgeois. De ses premiers écrits, dans lesquels il défend les propositions de Victor Horta pour la réforme de l’Académie, jusqu’à sa retraite forcée de l’Institut d’Architecture La Cambre (quelques semaines avant sa mort), l’enseignement de l’architecture a été une préoccupation centrale pour Bourgeois. C’est ici que sa réflexion se manifeste le plus explicitement et qu’elle a été – comme il est souvent répété – la plus fertile. L’objectif est double :D’une part nous avons prêté attention à sa réflexion et au développement de sa carrière à l’ISAD-La Cambre ;d’autre part, nous proposons d’éclairer la complexité de sa figure à l’aide d’œuvres d’un certain nombre de ses ‘disciples’ qui revendiquent tous Bourgeois comme leur ‘père spirituel’, et qui ont chacun thématisé un aspect de sa ‘doctrine’ dans leur travail respectif.<p><p>La question en filigrane relève du domaine de la critique architecturale :Quelle est l’approche de Bourgeois? Comment s’est-elle incarnée dans ses projets (réalisés ou non réalisés)? Et enfin, quelles problématiques en constituent le fondement? Plus profondément, en dehors de l’évidente importance d’une documentation extensive et systématique du travail de cette figure majeure du modernisme Belge, ce questionnement a pour ambition d’évaluer le poids et l’importance du travail de Bourgeois. Pourquoi devrions-nous même en discuter encore aujourd’hui? Quelle est la pertinence de son approche au regard de la situation contemporaine?<p>La méthode de recherche utilisée est double. D’une part la thèse est basée sur l’histoire de la réception critique de l’œuvre construite et écrite de Bourgeois. Cette méthode permet d’isoler partiellement le travail (sous tous ses aspects) de l’accumulation d’interprétations dont il a fait l’objet jusqu’ici, et de nous faire prendre conscience de la trop grande simplicité des conclusions auxquelles elles ont souvent mené. D’autre part, la recherche est basée sur une étude comparative de la théorie et de la pratique :les écrits et les bâtiments. Quels effets concrets peut avoir une position théorique sur un projet, et vice versa, que peut nous transmettre un bâtiment des intentions de son créateur?<p>L’essai se propose donc de tracer un portrait complexe et nuancé de Victor Bourgeois. Il y est présenté comme un moderniste qui a cherché la continuité avec la tradition, un iconoclaste radical qui est toujours resté pragmatique. Dans le cas de Bourgeois, cette ambivalence résulte à la fois d’une attitude critique et d’une fascination vis-à-vis de la ville historique. Tout au long de sa carrière, la ville a été l’enjeu principal de son architecture, de sa pensée, de ses textes, de ses voyages et de son approche. Ainsi la thèse étudie Bourgeois en tant qu’éminent représentant d’une autre tradition moderniste qui a cherché, à l’encontre de la Charte d’Athènes, la continuité avec la morphologie de ville existante. <p> / Doctorat en Art de bâtir et urbanisme / info:eu-repo/semantics/nonPublished

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