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Quand le roman se veut essai : la traversée du métatexte dans l’œuvre romanesque de Abdelkébir Khatibi, Patrick Chamoiseau et V.Y. MudimbeHél-Bongo, Olga 18 April 2018 (has links)
En nous fondant sur un corpus de six romans, dont deux de Abdelkébir Khatibi (La mémoire tatouée, 1971, et Amour bilingue, 1983), deux de Patrick Chamoiseau (Écrire en pays dominé, 1997, et Un dimanche au cachot, 2007), et deux de V.Y. Mudimbe (Entre les eaux, 1973, et L'écart, 1979), notre recherche doctorale voudrait interroger la densité et la diversité des textes romanesques de ces écrivains polymorphes au point de contenir en eux tous les genres. Le roman, chez Khatibi, Chamoiseau et Mudimbe, se veut essai, tout comme les essais peuvent aménager en leur sein de la fiction. Dans les séquences ou segments essayistiques, les personnages s'analysent, évaluent les discours, les idées émises dans et sur les romans qu'ils sont en train d'écrire. Khatibi thématise le langage, l'écriture, le personnage écrivain qui médite, pense, rêve et doute en intellectuel, en philosophe, en artiste, en amoureux. Le roman invite à interroger le fréquent vertige qui saisit les personnages, la dérive de la diégèse vers des séquences métatextuelles qui brisent la linéarité du récit, et contribuent à « multiplier la conscience » dans une tentative de déchiffrement des signes. Sous le couvert des jeux de langage, Chamoiseau revisite les préoccupations obsédantes des écrivains antillais : l'histoire, la mémoire, l'oubli, la quête de soi, et l'exploration des possibilités d'écriture. Par le métatexte qu'il dissémine dans les romans, il traduit sa maîtrise des règles du jeu et des enjeux. Jouant avec le thème et la position de dominé dans le champ, la scénographie de l'écrivain qui se fait "Marqueur de paroles" et "Guerrier de l'imaginaire" montre un écart entre énonciation et énoncé, Chamoiseau asseyant sa position de dominant au sein de l'institution et s'affiliant à toutes les grandes célébrités de la littérature mondiale, dont Aimé Césaire, Saint-John Perse, Edouard Glissant, William Faulkner. Chez Mudimbe, le métatexte transforme le roman en objet de discussion sur l'altérité, les paradoxes des sciences humaines en Afrique, la libération de l'Afrique, le tiraillement identitaire du sujet, les stéréotypes du regard occidental de l'Afrique. L'essai dans le roman génère une duplicité énonciative, à la fois quête d'un miroir et histoire de la quête se réfléchissant.
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L'effacement langagier : l'influence de la langue anglaise et d'Edgar Poe sur l'œuvre de Stéphane MallarméLamarre, Sébastien 16 April 2018 (has links)
Ce mémoire analyse les différentes formes d'anglophilie que l'on retrouve chez Stéphane Mallarmé. Edgar Poe est grandement responsable de l'attachement du poète français pour la langue anglaise. En effet, celui-ci affirme dans sa correspondance avoir appris cette langue afin de "mieux lire Poe". Cette étude le mène à devenir professeur d'anglais à Tournon où il connaît en 1866 sa "crise". À ce moment-là, le poète voit sa conception de la poésie se transformer radicalement. Durant la décennie suivante, il entreprend des travaux philologiques ainsi que des traductions. La "décennie anglaise" voit Mallarmé se doter d'outils scientifiques afin de résoudre la crise déclenchée quelques années plus tôt. Cette démarche participe à l'œuvre poétique qu'il produira par la suite puisqu'elle replie le langage sur lui-même, séparant ainsi le signifiant de son référant. L'effacement langagier, qu'il met alors sur pied, permet au poète de préserver l'Idéal du grand Œuvre tout en admettant l'impossibilité de sa réalisation. Notre travail étudie d'abord les textes que Mallarmé consacre à Poe. Le sonnet "Tombeau d'Edgar Poe" écrit en 1877, le texte en prose paru dans Divagations en 1897 et les quelques références qui apparaissent dans les Vers de circonstance, publication posthume, dessinent une image héroïque du poète tout en redéfinissant son rôle. Synthèse des mythes grecs et chrétiens, le poète conçu par Mallarmé lutte avec son verbe contre les effets du temps. Les traductions que Mallarmé fait des poèmes de Poe entre 1862 et 1889 permettent à l'auteur français de manipuler la matière sonore d'une façon nouvelle. Sacrifiant le critère de fidélité au profit de la mélodie, le poète essuiera les reproches de critiques du XIXe et du XXe siècle avant de trouver des appuis chez certains traducteurs de poésie dont Yves Bonnefoy. Les ouvrages philologiques de Mallarmé, quant à eux, étudient la langue anglaise comme une langue étrangère. À partir de ces textes, le poète développera le mythe d'une langue autre qui donnerait accès à un monde jusqu'ici inaccessible. De plus, le travail de réécriture qui se fait dans ces ouvrages annonce la "disparition élocutoire du poète" que nous retrouverons plus tard dans "Crise de ver". Finalement, la lecture que Mallarmé fait de Poe l'aide à concevoir l'Œuvre pure ainsi que l'effacement langagier. En mettant la mort au centre de son œuvre, le poète américain prépare la voie à l'écriture hermétique de Mallarmé.
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Les romans de l'écrivain-journaliste d'Illusions perdues à Bel-Ami : continuités et rupturesCouture, Maude 23 April 2018 (has links)
Nombreux sont les romans du XIXe siècle qui ont pour thème principal le journalisme. Le présent mémoire se donne pour objectif de retracer l’évolution et les transformations du scénario romanesque de l’écrivain-journaliste à travers trois romans majeurs sur la presse soit Illusions perdues (1843) d’Honoré de Balzac, Charles Demailly (publié en 1860 sous le titre Les hommes de lettres) des frères Edmond et Jules de Goncourt ainsi que Bel-Ami (1885) de Guy de Maupassant. Pour ce faire, nous situerons d’abord Illusions perdues comme le modèle matriciel de ce scénario en ce sens que se cristallise dans ce roman l’ensemble des éléments clés propres à ce scénario et nous verrons par la suite en quoi les romans des Goncourt et surtout de Maupassant s’en rapprochent et s’en distancent. Nous avons choisi de convoquer ces œuvres, car elles représentent des repères incontournables dans une étendue temporelle d’un peu plus de quarante ans.
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Poétique de la chronique dramatique de Catulle Mendès (1895-1897)Ducos, Pascale Laurence 18 April 2018 (has links)
Dans le cadre du paradigme de recherche qui se préoccupe des répercussions de la culture médiatique au XIXe siècle en France, sur la littérature et dans le discours social, il nous a paru judicieux de nous pencher sur le cas de la chronique dramatique de Catulle Mendès (1841-1909), qu'il écrivit au Journal de 1895 à 1897. Nous choisissons de nous intéresser à trois types de contraintes, qui s'exercent alors dans le monde dramatique. La dictature du résumé et l'irruption du reportage dans l'espace journalistique menacent la chronique dramatique dans son identité. Dans l'espace dramatique, le personnage de théâtre amorce déjà sa crise, qui va atteindre son paroxysme au XXe siècle. Enfin, les directeurs de théâtre rejettent la critique dramatique en cette fin de siècle, et Mendès vit ce conflit avec Lugné-Pôe. Mendès dispose de ses stratégies personnelles pour lutter contre ces contraintes, en allant également puiser dans son réservoir littéraire, comme le roman La Femme-enfant, ou encore la nouvelle policière, Rue des Filles-Dieu, 56, dans laquelle il donne vie au procédé narratif du "narrateur non-fiable". Son immense implication dans la presse au cours de la prime partie de sa carrière littéraire, lui permet aussi de faire son profit des stratégies collectives des critiques dramatiques, comme certains procédés d'écriture (" l'emboîtement d'instances énonciatives "), et la création de leur association, l'ASPMCDM.
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Intermédialité et déconstruction de la fiction chez Alain Robbe-Gillet : analyse comparative de "La maison de rendez-vous" et de "L'homme qui ment"Martel, Alexandre 02 October 2024 (has links)
Alain Robbe-Grillet, d’abord connu en tant que romancier, a dès le début des années 1960 partagé son temps entre le cinéma et la littérature. Après avoir fourni le scénario de L’année dernière à Marienbad, il est passé derrière la caméra et a réalisé une dizaine de films qui, tant par leur forme que leur propos, poursuivent les recherches esthétiques entreprises dans sa pratique littéraire. Plus encore, il nous semble que le début de cette aventure cinématographique marque un tournant dans son œuvre. Alors que le point de vue qui portait les premiers romans — point de vue que les critiques ont rapproché de celui d’une caméra —, marquait déjà la dimension intermédiale de son œuvre, il apparaît que son passage dans la chaise du réalisateur a été le germe d’une radicalisation de sa pratique. Ainsi, les romans et les films qui ont suivi possèdent une portée intermédiale beaucoup plus large. De fait, c’est l’ensemble de la narration qui s’y trouve remise en question par la mise en évidence des spécificités de chacun des médias et par la transposition de procédés propres à la littérature dans le film, et vice versa. C’est par une étude comparative de La maison de rendez-vous (1965) et de L’homme qui ment (1968) que nous montrons en quoi consiste la relation intermédiale que Robbe-Grillet établit entre les disciplines, en plus de mettre en évidence les mécaniques qui, ancrées dans la matérialité des médias, fondent le roman et le film.
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Illusion et rhétorique de la folie comique entre 1630 et 1650 : le discours des mythomanes et des monomaniaques dans Le menteur de Pierre Corneille, Les visionnaires de Jean Desmarets de Saint-Sorlin et Polyandre de Charles SorelCliche, Marie-Ève 18 April 2018 (has links)
Par le biais d’une analyse du discours des personnages excentriques que nous retrouvons dans deux comédies et dans un roman comique français des décennies 1630-1640, Les Visionnaires (1637) de Jean Desmarets de Saint-Sorlin, Le Menteur (1643) de Pierre Corneille et Polyandre (1648) de Charles Sorel, nous nous intéressons aux liens qu’entretiennent illusion et folie au milieu du XVIIe siècle. Nous examinons plus précisément les procédés discursifs et rhétoriques caractéristiques du discours des personnages de fous comiques de cette période, afin de dégager des tendances révélatrices de la pensée d’une période de transition marquée par les questions de l’illusion et des apparences, mais aussi par celles de la raison, de la vraisemblance et de la juste mesure. Nous adoptons ainsi, en parallèle, une approche anthropologique de la littérature nous permettant d’envisager la parole de l’extravagant à partir des rapports étroits qui liaient les différents savoirs à cette époque.
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La lettre et la mère : roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker (1737-1794) et Germaine de Staël (1766-1817)Dubeau, Catherine 13 April 2018 (has links)
Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2007-2008. / "Notre thèse interroge ce qui, dans le lien mère-fille et dans la représentation qu'en donnent Suzanne Necker (1737-1794) et Germaine de Staël (1766-1817), dirige et travaille leur pratique de récriture. Plus précisément, nous envisageons chez l'une et l'autre auteure le lien ambivalent (fusionnel et conflictuel, coupable et nostalgique) à la mère comme expérience fondatrice et structurante de la passion, ultérieurement constitutive des motifs littéraires de la colère indomptable, de l'amour contrarié et de la culpabilité mortifère. La lecture conjointe de leurs oeuvres (essais, journaux, correspondances et, dans le cas de Germaine de Staël, fictions théâtrales et romanesques) dévoile une relation orageuse, marquée par la rivalité, le remords, et dont l'expression apparaît indissociable des bouleversements sociopolitiques contemporains : Révolution, Terreur et Empire prêtent leurs emblèmes, tissant des réseaux analogiques entre les économies familiale et politique. Donner la vie et mettre à mort sont ici les faces antithétiques d'une même relation, par laquelle la lettre^ tous genres confondus, oscille indéfiniment entre l'aveu amoureux et la déclaration de guerre. La notion de roman familial, pierre angulaire de notre réflexion, jointe au double éclairage de la psychanalyse littéraire et de la sociologie de la littérature, permet de relire avec le meilleur profit des textes qui ne cessent de se poser comme actes de résistancesurvivance en regard de contextes social, familial et politique éminemment conflictuels. L'étude se divise en trois parties, respectivement consacrées à l'analyse de la culpabilité et de la sociabilité dans les écrits intimes de Suzanne Necker, aux échanges épistolaires et "duels" d'écriture entre mère et fille (de l'enfance de Germaine Necker à la mort de Madame Necker), puis à la lecture des fictions de Germaine de Staël, hantées par des configurations relevant de la culpabilité filiale et du despotisme maternel."
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