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Timing pubertaire et adaptation psychosociale à l'adolescence : le rôle des relations interpersonnelles et des vulnérabilités individuellesBenoit, Amélie 03 1900 (has links)
Cette thèse avait pour objectif d’examiner les liens longitudinaux entre le timing pubertaire et les problèmes de comportement intériorisés et extériorisés à l’adolescence, soit les problèmes de conduite et les symptômes dépressifs. Guidé par la perspective théorique biosociale et le modèle de vulnérabilité-stress, le rôle modérateur de l’environnement social et des vulnérabilités personnelles préexistantes était également évalué. Les hypothèses initiales étaient qu’un timing pubertaire précoce ou déviant de la norme (précoce et tardif) serait associé à des niveaux plus élevés de problèmes de conduite et de symptômes dépressifs, mais que ce lien serait accentué dans des contextes sociaux et interpersonnels plus à risque et en présence de vulnérabilités individuelles chez les adolescents. Pour vérifier ces hypothèses, des données provenant de l’Enquête Longitudinale Nationale sur les Enfants et les Jeunes (ELNEJ) ont été analysées. Gérée par Statistique Canada, l’ELNEJ est une enquête prospective biennale comportant différents échantillons représentatifs d’enfants et d’adolescents canadiens. Les mesures utilisées dans cette thèse ont été collectées à différents cycles de l’enquête, soit à 10–11 ans, 12–13 ans, 14–15 ans et 16–17 ans, directement auprès des adolescents et de leurs parents par le biais de questionnaires et d’entrevues.
Le premier article de la thèse a vérifié si l’interaction entre le timing pubertaire et des caractéristiques du contexte social des pairs (c.-à-d. l’affiliation avec des pairs déviants et l’implication amoureuse en début d’adolescence) prédisait la présentation de problèmes de conduite avec et sans agressivité physique à l’adolescence. Les résultats ont montré que le contexte social des pairs modérait l’association entre le timing pubertaire et les problèmes de conduite. Une interaction significative entre le timing pubertaire et l’affiliation à des pairs déviants a indiqué qu’une puberté plus précoce était associée à des fréquences plus élevées de problèmes de conduite agressive seulement chez les filles et les garçons qui fréquentaient des pairs déviants. Autrement dit, parmi les adolescents s’affiliant à des pairs déviants en début d’adolescence, les adolescents pubères précoces tendaient à présenter plus de problèmes de conduite agressive deux ans plus tard, en comparaison à leurs pairs pubères dans les temps moyens ou tardifs. Une seconde interaction significative obtenue chez les filles a montré que la puberté plus précoce était prédictrice des problèmes de conduite non-agressive seulement en présence d’un engagement amoureux en début d’adolescence. En effet, dans un contexte d’implication amoureuse, les filles pubères précoces présentaient plus de problèmes de conduite non-agressive que leurs pairs.
Le deuxième article de la thèse avait pour objectif d’évaluer le rôle modérateur des vulnérabilités individuelles à la dépression (présence de symptômes intériorisés à la fin de l’enfance), du contexte social des pairs (affiliation à des pairs déviants, expérience amoureuse précoce et perception de popularité auprès des pairs) et des relations parent-adolescent (perception de rejet de la part des parents) dans l’association longitudinale entre le timing pubertaire et les symptômes dépressifs en fin d’adolescence. Chez les filles, une interaction triple a révélé que la puberté plus précoce était liée à davantage de symptômes dépressifs, mais seulement chez celles qui présentaient des symptômes intériorisés à la fin de l’enfance et une implication amoureuse précoce. Chez les garçons, un effet curvilinéaire du timing pubertaire a été observé alors que la puberté précoce et tardive était associée à plus de symptômes dépressifs, mais seulement chez les garçons qui manifestaient des symptômes intériorisés à la fin de l’enfance. La puberté plus précoce était aussi liée à des niveaux plus élevés de symptômes dépressifs en présence d’affiliation à des pairs déviants (garçons) et de perceptions plus importantes de rejet parental (filles et garçons).
En somme, la mise en évidence d’interactions significatives entre le timing pubertaire, les caractéristiques de l’environnement social et les vulnérabilités individuelles suscite différentes réflexions au plan théorique et pratique. Tout d’abord, les résultats suggèrent que le timing pubertaire en lui-même ne paraît pas représenter un facteur de risque généralisé des problèmes de comportement intériorisés et extériorisés à l’adolescence. Plus particulièrement, ces résultats soulignent l’importance de considérer l’environnement social et les facteurs de risque individuels préexistants afin de mieux comprendre l’effet de la transition pubertaire sur l’adaptation psychosociale des adolescents. / The objective of this dissertation was to evaluate the longitudinal links between pubertal timing and internalizing and externalizing problems during adolescence. Within a theoretical framework of biosocial interactions and the vulnerability-stress model, the moderating effect of social environments and preexisting individual vulnerabilities was examined. Two empirical studies investigated the links between pubertal timing and conduct problems and between pubertal timing and depressive symptoms. It was expected that early or off-time puberty would be associated with conduct problems and depressive symptoms, but that this link would be intensified in risky social and interpersonal contexts and if paired with prepubertal individual vulnerabilities. These hypotheses were tested using data from the National Longitudinal Survey of Children and Youth (NLSCY), a representative biennial survey of Canadian children and adolescents managed by Statistics Canada. Measures analyzed in this dissertation were collected at 10–11 years old, 12–13 years old, 14–15 years old and 16–17 years old through questionnaires and interviews with adolescents and their parents.
The goal of the first empirical article of this dissertation was to evaluate whether the interactions between pubertal timing and characteristics of peer context, namely deviant peer affiliation and romantic experience in early adolescence, predicted physically aggressive and non-physically aggressive conduct problems two years later. A significant interaction between pubertal timing and deviant peer affiliation was found, suggesting that early puberty was associated with higher frequencies of physically aggressive conduct problems only in the context of deviant peer affiliation. Therefore, among adolescents who affiliated with deviant peers in early adolescence, early maturing adolescents were more prone to report higher frequencies of physically aggressive conduct problems than on-time or late maturers. A significant interaction also emerged for girls’ non-physically aggressive conduct problems, as early pubertal timing was associated with non-physically aggressive conduct problems only in the context of romantic experience. Indeed, when adolescent girls reported romantic experience, early maturers showed more non-physically aggressive conduct problems than their peers.
The second article of this dissertation investigated the moderating role of individual vulnerabilities to depression (emotional problems in late childhood), peer factors (deviant peer affiliation, early romantic dating and perceived peer popularity) and parental factors (perceived parental rejection) in the association between pubertal timing and depressive symptoms in adolescence. For adolescent girls, early puberty was associated with more depressive symptoms only in girls who combined emotional problems in late childhood and early dating experience. For adolescent boys, early and late pubertal timing was related to depressive symptoms, but only in those who had previously experienced emotional problems in late childhood. Early pubertal timing was also linked to depressive symptoms in the context of deviant peer affiliation (boys) and in the presence of higher levels of perceived parental rejection (boys and girls).
In sum, the significant interactions found between pubertal timing, characteristics of social context, and individual vulnerabilities bring theoretical and practical considerations. Firstly, these results suggested that pubertal timing is not a risk factor per se of internalizing and externalizing problems in adolescence. These findings underscored the importance of taking into account the social environments and individual risk factors prior to puberty in order to better understand the impact of pubertal transition on adolescents’ psychosocial adjustment.
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Association entre consommation de drogues illicites et symptomatologie dépressive à l’adolescence : une étude longitudinale auprès de jeunes Québécois fréquentant l’école secondaire en milieu défavoriséNault-Brière, Frédéric 06 1900 (has links)
L’usage de drogues illicites et la symptomatologie dépressive sont associés, mais la nature de cette association demeure mal comprise. Une clarification des mécanismes en jeu est nécessaire afin de pouvoir intervenir sur la cooccurrence des deux phénomènes, dont les conséquences individuelles et sociales sont lourdes. Ces efforts de clarification débutent à l’adolescence, moment où sont typiquement initiés la consommation de substances et les problèmes affectifs.
L’objectif de cette thèse est de contribuer à clarifier la nature des associations entre l’usage de certaines des drogues illicites les plus fréquemment consommées et les symptômes dépressifs chez les adolescents. Les données utilisées proviennent d’une cohorte de l’échantillon longitudinal de la Stratégie d’Intervention Agir Autrement (SIAA) comprenant plus de 3000 jeunes fréquentant des écoles en milieu défavorisé du Québec, qui ont été suivis pendant leur secondaire (2003-2007).
Le premier article empirique de la thèse porte sur la relation entre l’usage de cannabis et la symptomatologie dépressive. Cette étude a examiné l’existence d’associations prospectives bidirectionnelles entre les deux phénomènes du début (13-14 ans) à la fin du secondaire (16-17 ans). Les analyses ont considéré des liens directs, mais également des liens indirects via deux facteurs reflétant des appartenances sociales normatives et non normatives : l’attachement à l’école et l’affiliation à des pairs déviants et consommateurs de drogues. Les résultats indiquent que les symptômes dépressifs et l’usage de cannabis peuvent représenter des facteurs de risque mutuels et suggèrent qu’un mécanisme indirect impliquant une érosion des attaches normatives pourrait jouer un rôle dans des cascades développementales reliant les deux manifestations.
Le deuxième article empirique visait à déterminer si l’usage de deux drogues de synthèse, le MDMA (ecstasy) et les méth/amphétamines (speed), à 15-16 ans était associé au développement de symptômes dépressifs élevés un an plus tard, en prenant en considération des facteurs confondants potentiels. Tel qu’attendu, les résultats montrent une prédiction de la symptomatologie dépressive par l’usage de MDMA et de méth/amphetamines, particulièrement lorsque cet usage est concomitant. Ces résultats représentent une des premières évidences d’un risque posé par l’usage de drogues de synthèse par rapport au développement de symptômes affectifs chez les jeunes. / Illicit drug use and depressive symptoms are associated, but the nature of this association remains poorly understood. Clarifying the underlying mechanism(s) is necessary in order to design interventions which can potentially reduce the co-occurrence of the two phenomena, which accounts for sizeable individual and social costs. Clarification efforts should start in adolescence, when drug use and affective problems are typically initiated.
The aim of this thesis is to help clarify the nature of the association between some of the most frequently used illicit drugs and depressive symptomatology in adolescents. This work was carried out using a cohort from the New Approaches, New Solutions (NANS) longitudinal dataset, which comprises more than 3000 students attending school in disadvantaged areas of Quebec (Canada) who were followed throughout high school (2003-2007).
The first article of the thesis focuses on the association between cannabis use and depressive symptoms. This study examined prospective associations in both directions between the two phenomena from the beginning (grade 8) to the end (grade 11) of high school. Direct links were analysed, as well as indirect links involving two factors reflecting normative and non normative social connectedness: school bonding and affiliation with deviant and substance-using peers. Results indicate that depressive symptoms and cannabis use can be mutual risk factors and that a social mechanism involving an erosion of normative social connectedness may play a mediating role in bidirectional developmental cascades linking the two manifestations.
The second article tested whether the use of two synthetic drugs, MDMA (ecstasy) and meth/amphetamines (speed), in grade 10 was associated with the development of elevated depressive symptoms the following year, independently from potential confounders. As hypothesized, the use of MDMA and meth/amphetamine was independently predictive of subsequent depressive symptoms. Concurrent use of the two substances was more predictive than singular use. Given the paucity of well-controlled longitudinal studies on the subject, these results provide some of the first compelling evidence that synthetic drug use may pose a risk for the development of affective symptoms in youth.
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