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« Éléments pour la théorie du sentiment de puissance ». Affectivité et herméneutique de la puissance dans la philosophie de Nietzsche / “On the Theory of the Feeling of Power”. Affectivity and Hermeneutics of Power in the Philosophy of NietzscheSimonin, David 04 December 2019 (has links)
Le sentiment de puissance est un philosophème employé par Nietzsche depuis 1875 jusqu’aux derniers textes de 1888 ; quoique souvent méconnu, il s’agit d’un concept à part entière. Il est élaboré avant celui de volonté de puissance et n’est pas supplanté par celui-ci, contrairement à ce que la publication – posthume et falsifiée – de l’ouvrage éponyme à partir de notes éparses du philosophe, ainsi qu’une longue tradition de commentaires, ont pu laisser penser. Le présent travail constitue la première étude entièrement consacrée au concept de sentiment de puissance. L’attention portée sur ses évolutions au sein du corpus nietzschéen permet à la fois d’en faire ressortir les principaux enjeux, sans le plier systématiquement au cadre conceptuel de la volonté de puissance, et par conséquent de jeter une nouvelle lumière sur la volonté de puissance aussi, ainsi que sur l’articulation des deux à partir de leur genèse commune. Le sentiment de puissance représente une autre approche, alternative et complémentaire de la volonté de puissance, des phénomènes de puissance et d’impuissance en général. La notion de sentiment applique ce que nous appelons un prisme affectif et herméneutique aux relations de puissance : toute puissance, personnelle ou extérieure à l’individu, est sentie et interprétée, de manière plus ou moins adéquate ou erronée, et selon des modalités diverses dont Nietzsche dresse tacitement la typologie. Ainsi entendu, le sentiment de puissance permet d’évaluer à nouveaux frais l’ensemble de la compréhension nietzschéenne du monde conçu comme rapports de forces, ainsi que les concepts clés de sa philosophie. / The feeling of power is a philosopheme used by Nietzsche between 1875 and 1888; though it has remained largely unknown, it is a full-fledged concept. It has been formulated before the concept of will to power and has not been superseded by it, contrary to what the – posthumous and falsified – publication of the eponym book based on scattered notes of the philosopher, as well as an important tradition of commentaries, might suggest. The present work is the first study dedicated entirely to the concept of feeling of power. By attending to the concept’s evolution, this study brings out its main issues without systematically bending it to the conceptual framework of the will to power. Consequently, it sheds new light on the will to power and on the connections between the two concepts. The feeling of power represents another approach, alternative and complementary to the will to power, to the phenomena of power and powerlessness in general. The notion of feeling applies what we call an affective and hermeneutical prism to power relationships: any power, whether personal or external to the individual, is felt and interpreted in a manner more or less accurate, and according to several modalities of which Nietzsche provided tacitly a typological description. Understood in this way, the feeling of power enables us to reevaluate the whole Nietzschean comprehension of the world conceived as balances of powers, alongside the key concepts of his philosophy.
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