Ce texte de maitrise accompagne l'œuvre Débris cosmiques : un récit sur l'univers qui aura été présenté à la salle d'exposition du Roulement à billes de l'Université Laval en octobre 2021. Ce texte se veut un parcours suivant l'évolution de mon œuvre La Bibliothèque, une œuvre qui a été présentée en plusieurs versions et avec différents médiums depuis 2015. La Bibliothèque se divise en trois « sections » qui correspondent à trois manifestations concrètes de ce projet : la maquette, le personnage et l'univers. Dans les premiers chapitres de ce texte, j'évoquerai les recherches entourant la création de la maquette et l'intégration du personnage alors que les derniers chapitres seront plutôt consacrés à la dernière manifestation de l'œuvre, soit celle qui implique une représentation de l'univers. La Bibliothèque sera donc complète après la réunion de ces trois sections dans une dernière manifestation intitulée Débris cosmiques : un récit de l'univers. Cette lecture guidera le lecteur, la lectrice à travers le parcours que j'ai emprunté, les techniques que j'ai utilisées ainsi que ma façon de penser pour en arriver à créer une œuvre originale.

Dans le présent mémoire est développée une posture exploratoire des limites et des espaces négatifs présents dans les différentes institutions du champ de l'art. Il y est présenté différentes manifestations artistiques en lien avec l'« amateurisme professionnel », la « taquinerie institutionnelle » et l'échec. L'entreprise a comme but de stimuler des comportements alternatifs et de dénouer certains stéréotypes reliés aux institutions. Le dernier chapitre est réservé au projet de la galerie qui tuffera pas 3 ans, une institution nomade et informelle qui tente tant bien que mal de s'insérer dans le champ de l'art. Ayant comme lieu principal une Hyundai Accent 2004, la galerie cherche à mettre en pratique les hypothèses soulevées dans ce texte. Au final, il s'agit d'un jeu avec la matière institutionnelle qu'offre le champ de l'art.

Ce texte se veut une trace des réflexions ayant habité ma recherche à la maîtrise; une tentative et non une réponse; des pistes ouvertes, offertes à la réflexion, à l'interprétation et qui continueront à évoluer avec ma pratique artistique. Il est habité par cette nécessité de garder des traces de moments de la fuyance et de l'éphémérité. Par ces presque riens qui s'immiscent en douceur et en subtilité, qui me frôlent, me réchauffent, et ouvrent des parenthèses d'émerveillement dans mon quotidien. Alors que le temps file, que tout se déroule et que tout passe, j'essaie d'habiter dans ces parenthèses fragiles. Je me pose, comme fascinée par le déroulement du peu, par ce sentiment de rencontre et mon besoin d'en cueillir des miettes pour le faire durer. Je décris comment l'évanescence d'un moment et la trace que j'en cueille deviennent mon point de départ à la création, ma matière première, et comment la traduction de ces moments par l'art crée inévitablement un écart avec l'expérience que j'en ai vécue. J'explique alors que c'est plutôt le partage d'un sentiment de rencontre devant l'évanescent que je tente de réaliser par le brouillage, les manques dans les œuvres et les silences qui les séparent dans l'espace. / These words are intended as a trace of the reflections that inhabited my master's research; an attempt, not an answer; open avenues for reflection and interpretation that will continue to evolve with my artistic work. It's driven by the need to preserve traces of fleeting, ephemeral moments. By these almost nothings that arise gently and subtly, that brush against me, warm me, and open up a parenthesis of wonder in my daily life. As time flies by, as everything unfolds and passes, I try to dwell in these fragile parentheses. I pause, fascinated by the unfolding of the little, by the feeling of encounter and my need to keep some part of it to make it last. I describe how the evanescence of a moment and the trace I keep from it become my starting point for creation, my raw material, and how translating these moments through art inevitably creates a gap with my own experience of them. I then explain that it's rather the feeling of encounter with the evanescent that I'm trying to share, which I try to achieve via the blurring and the gaps in my pieces and the silences that separate them in space.

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Après une séance de méditation, Ludovic atterrit au milieu d'un royaume étrange. Cette situation provoquera des rencontres hétéroclites et incitera le jeune homme à dialoguer avec des personnages inaccoutumés. À travers ce récit fantasmagorique, j'ai tenté d'amalgamer des images et des réflexions pour appuyer mon projet d'exposition Règne 32 et Refoulement. Plus précisément, ce texte porte un regard poétique sur le contexte actuel et questionne le pouvoir individuel de rendre intelligible la réalité.

Tableau d'honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2006-2007 / Indisciplinaire, ma production artistique expérimente des actions autour des comportements humains et du milieu artistique. Ces actions mettent en place des laboratoires me permettant d'élaborer sur les différentes modalités et codes entourant l'artiste et le milieu des arts. Je tente ainsi d'établir une jonction entre art et vie ordinaire en usant des principes d'événementialité et d'expérience. Ma ligne de conduite : expérimenter le réel à l'aide d'actions publiques et de remakes de l'art. Deux propositions artistiques, Voulez-vous devenir artiste ? et Qu'est-ce que l'art ?, sont réunies sous l'intitulé Opinion publique et forment le corpus de ce mémoire-création. Ces œuvres explorent les principes de réciprocité de l'expérience et du contexte, en usant de l'appropriation et de la citation, de la participation créative comme de l'histoire de l'art, en vue d'une tautologie artistique.

Cette maîtrise de recherche-création en arts médiatiques explore les traces corporelles, le corps en action qui laisse une empreinte à l'aide des technologies de capture de mouvement et de génération d'images vidéos numériques interactives. Cette exploration s'articule autour de la proposition suivante : mettre au point un personnage virtuel, une sorte d'entité numérique qui viserait à évoquer une émotion et faire en sorte que l'action d'un performeur puisse être la source des transformations du personnage virtuel et ainsi créer une oeuvre multimédia. Nous présentons successivement le contexte de création et l'univers technologique, le dispositif ainsi que les instruments et finalement nous analysons le processus de création. Ce dernier pris la forme de séances d'explorations où les mouvements de quatre performeurs influençaient en temps réel les images vidéos projetées derrière eux. Ce travail d'exploration mena ultimement à la création de l'œuvre L'invisible vue, la numérisation de la mort.

Ce texte d'accompagnement traite de mon processus de création pendant mes années de recherche à la maîtrise en arts visuels à l'Université Laval. J'y aborde la question de l'identité culturelle qui est intimement liée, dans ma pratique, à celles de l'autoportrait et de la narration. Ce texte témoigne de l'évolution de ces questions. En arrivant à la maîtrise, mon processus de création a rapidement été bousculé et a subi de nombreux bouleversements qui ont eu un impact déterminant et ont amené des changements importants dans ma pratique. J'aborde à travers une écriture intime le long processus duquel j'émerge et pendant lequel ma pratique a grandi et s'est enrichie.

Vivre, c'est aussi raconter sa vie. Le langage devient une trace de l'évolution qu'il nomme et transforme. Le corps humain, prisonnier d'une apparence qui en établit les frontières physiques, est le lieu de passage d'une multitude d'impulsions qui le modifient. La volonté y répond en découvrant le rôle qui lui convient. La mascarade qui se déploie est un défilé de prêtresses intimes. Ces dames sont la vie, les vies qui m'habitent. Elles se nomment Vyes. Déesses troublantes d'une mythologie individuelle qui s'incarne dans les fantasmes et les inquiétudes. Elles sont légion et uniques à la fois car elles deviennent autres quand leur chair se moule à l'empreinte de ce qui me tourmente. Une étrange beauté émane de leur disgrâce parfois presque obscène et qui pourtant me rassure. Car ma stratégie pour dompter l'angoisse est de l'apprivoiser et de me muer en elle pour la pousser jusqu'à ses ultimes retranchements. Je prends donc l'apparence de mes fantasmes et de mes angoisses dans le but d'extérioriser le monde qui m'habite. L'identité de mes vies se module en fonction des divergences crées entre la perception de mon individualité et ce que j'en projette.

Je travaille une imagerie parodiant le portrait documentaire, soutenue par une plastique inspirée tant par des images de mode que par la peinture. Dans mes travaux, au centre de l'image, se tient toujours un personnage, un homme agissant et opérant. Il ne se présente pas comme différent de quelqu'un aperçu au hasard dans la vie courante. Il en est une version mise en scène. Il me ressemble, mais il n'est pas moi. Il séduit en premier lieu et incite le spectateur à visiter l'image, à le regarder et à découvrir son histoire. Ma photographie vise la curiosité avant la pensée dans une esthétique de l'ambiguïté. Il s'agit d'une dramatisation visuelle qui met en jeu une vision à la fois personnelle et parodique de la condition masculine. Mes images ainsi obtenues veulent examiner les concepts de quotidienneté, de virilité, de séduction, de violence, de souffrance, de détresse, d'une certaine condition sociale et de certains clichés machistes. Cela dit, mon propos n'est pas guidé par des présupposés idéologiques et sociologiques, visant à installer la masculinité en contre-perspective des avancées féministes. Au contraire, mon souci est d'explorer la complexité de ce sujet, tant sur les plans personnel que général, par l'intermédiaire de la photographie numérique.