Cette maîtrise de recherche-création en arts médiatiques explore les traces corporelles, le corps en action qui laisse une empreinte à l'aide des technologies de capture de mouvement et de génération d'images vidéos numériques interactives. Cette exploration s'articule autour de la proposition suivante : mettre au point un personnage virtuel, une sorte d'entité numérique qui viserait à évoquer une émotion et faire en sorte que l'action d'un performeur puisse être la source des transformations du personnage virtuel et ainsi créer une oeuvre multimédia. Nous présentons successivement le contexte de création et l'univers technologique, le dispositif ainsi que les instruments et finalement nous analysons le processus de création. Ce dernier pris la forme de séances d'explorations où les mouvements de quatre performeurs influençaient en temps réel les images vidéos projetées derrière eux. Ce travail d'exploration mena ultimement à la création de l'œuvre L'invisible vue, la numérisation de la mort.

Ce texte d'accompagnement traite de mon processus de création pendant mes années de recherche à la maîtrise en arts visuels à l'Université Laval. J'y aborde la question de l'identité culturelle qui est intimement liée, dans ma pratique, à celles de l'autoportrait et de la narration. Ce texte témoigne de l'évolution de ces questions. En arrivant à la maîtrise, mon processus de création a rapidement été bousculé et a subi de nombreux bouleversements qui ont eu un impact déterminant et ont amené des changements importants dans ma pratique. J'aborde à travers une écriture intime le long processus duquel j'émerge et pendant lequel ma pratique a grandi et s'est enrichie.

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Titre de l'écran-titre (visionné le 2 février 2024) / Le texte qui suit accompagne l'exposition Ce qu'il en reste, présentée à la Galerie des arts visuels de l'Université Laval, du 9 novembre au 17 décembre 2023. Il aborde les questionnements pratiques et les enjeux conceptuels qui jalonnent ma pratique en sculpture, depuis la fabrication même des « choses » dans l'atelier jusqu'au moment de leur apparition dans le monde, dans le contexte de l'exposition. Liant à la fois une approche descriptive et réflective du processus créatif et des choses qui en émergent, il cherche à cerner comment les notions de matière et d'objet conditionnent l'avancement de ma pratique et de ma recherche. Une fois son rapport à la matière et à la technique établis, la pratique y est présentée en deux temps successifs : « l'objet » et « l'espacement ». Le premier temps est celui de l'espace d'atelier. Des aspects concrets qui s'y rattachent se dégagent certaines notions plus abstraites telles l'empreinte, la tension entre la limitation et l'indétermination, la dimension productive de la récurrence, ou encore la qualité d'autreté. Le deuxième temps est celui de l'espace de présentation. L'exposition y est considérée comme une action prolongeant le processus de création. Il y est question, entre autres, de l'espacement, des notions de déplacement et de réapparition, de la singularité mouvante, de l'intensité. / The following text accompanies the exhibition Ce qu'il en reste, at the Galerie des artsvisuels of the Université Laval, presented from November 9th to December 17th, 2023. Itaddresses practical questions and conceptual issues emerging from my artistic productionof objects, from their very appearance in the studio to their arrivance to existence in thecontext of their exhibition. Linking both descriptive and reflective approaches to my creativeprocess and to « the things in themselves », it seeks to identify how the notions of matter andobject condition my practice and my research. Once its relationship to material andtechnique has been established, the practice is considered in two successive stages: « theobject » and « the spacing ». The first of those stages is that of the space of the studio. Fromthe concrete aspects attached to it emerge certain abstract notions such as the imprint, thetension between limitation and indetermination, the productive dimension of recurrence, orthe quality of otherness. The second stage is that of the space of presentation, throughwhich the exhibition is considered as an integral part of the creative process. Among otherthings, it is about spacing, the notions of displacement and reappearance, moving-singularity, and intensity.

Ce texte qui est la partie écrite de mon Mémoire vise à faire une analyse critique de ma pratique artistique en art performance depuis 2010 jusqu’à ce jour, où il est essentiellement question de l’expérience de ma vie personnelle passée d’une part derrière les fourneaux et d’autre part dans des salles d’exposition. Mon autre métier, celui de cuisinier, a considérablement influencé ma démarche artistique, à tel point que durant les cinq dernières années, mon travail de performance s’est abondamment nourri de ce qui se fait dans les cuisines. Mon texte tourne autour d’une thématique; la mal bouffe, qui devient pour moi la raison d’un engagement artistique. Ma pratique performative qui est un combat contre l’industrie agroalimentaire consiste à la déconstruction de l’acte culinaire. Car il est question pour moi de transcender le beau apparent qu’on trouve dans l’art de la cuisine, pour faire ressortir une cruelle réalité. Cette analyse et cette étude va me permettre de concevoir une performance de synthèse que je présenterai en fin de Maîtrise. Cette performance sera réalisée en guise de résultat comme la somme condensée de mes recherches et de mon idéologie de base.

Tout au long de ce mémoire, je navigue dans une dualité entre sujet et médium, entre territoire et peinture. Je mets d’abord en lumière la relation que j’entretiens avec les sites miniers de ma ville natale, Thetford Mines. Opposé aux enjeux liés à l’amiante se retrouve un attachement envers le paysage que j’ai côtoyé pendant l’enfance. J’approfondis ensuite mon utilisation de la photographie, outil qui me permet de faire le pont entre l’expérience du territoire et l’atelier. Je me penche finalement sur une sélection de tableaux réalisés ces dernières années. Tout en soulevant des questionnements sur la représentation de l’image en peinture, j’explore le rapport entre les photographies choisies et les choix formels qui s’en suivent.

Ma production artistique et ce mémoire se concentrent sur la manipulation de contextes de la vie de tous les jours par l'entremise de thèmes récurrents dans ma pratique, tels l'humour, la monstruosité et le grotesque. Ce mémoire fait état des divers éléments symboliques qui constituent mon esthétique en analysant mon processus créatif ainsi que les objectifs et les questionnements inhérents à ma pratique. Ce texte met également en évidence la répétition en tant que méthode, l'anticipation des réactions du public comme moteur de création ainsi que les dynamiques positives et négatives qui influencent mon travail. / My artistic production and this thesis are focused on the manipulation of everyday life contexts through recurring themes in my practice, such as humor, monstrosity, and the grotesque. This thesis reports on the various symbolic elements that constitute my aesthetic, analyzing my creative process as well as the objectives and questions inherent in my practice. This text also highlights repetition as a method, the anticipation of audience reactions as a creative engine, as well as the positive and negative dynamics that influence my work.

Ce travail de recherche en arts visuels est un travail de l'intervalle : à mi-chemin entre dessin et peinture, abstraction et figuration, forme et informe, les éléments picturaux fragmentés migrent afin d'établir un lien entre l'image du corps et les formes organiques abstraites relevant du hasard, de systèmes chaotiques. Par un travail sans croquis, au sol, je délègue mon autorité créatrice à la matière, dans cet environnement horizontal sans gravitation, ce qui me permet d'ouvrir l'œuvre à de nouvelles perspectives et d'ajouter des éléments à mon vocabulaire esthétique. Cette recherche d'inconnu permet une abolition de la distinction entre la matière et la forme du corps et donne un effet de flottement, les éléments visuels se dispersant à la manière d'un bruit à travers l'espace.

J'accumule les formes les unes avec les autres, je dessine le regard concentré sur la pointe de mon crayon. Vient un moment où je m'arrête et observe l'ensemble de la forme. Elle est composée de blanc et de noir. Les formes noires ressemblent à de petites îles isolées alors que le blanc serait l'eau qui l'entoure. On découvre que le dessin n'est pas que grumeaux hétérogènes, mais réseau de veines aux parcours infinis. Cette ambivalence questionne ma perception des objets. Pourquoi percevons-nous les objets comme des formes fermées? L'objet n'est en fait qu'une tentative de notre conscience d'isoler, d'individualiser une forme prise dans le tout. Le plus rapidement possible, on veut résoudre l'incompréhension. On voit vite par exemple l'image graphique comme un système codé, comme une représentation de quelque chose. Cela vient peut-être du fait que cette surface en deux dimensions où je trace mon dessin, l'homme l'utilise depuis longtemps comme lieu de représentation, comme espace pour traduire ses images mentales. Le choix de présenter mon travail dans une bibliothèque n'est pas innocent. Je joue avec cette ressemblance qu'a mon dessin avec le texte.

Tout au long de ce mémoire, je navigue dans une dualité entre sujet et médium, entre territoire et peinture. Je mets d'abord en lumière la relation que j'entretiens avec les sites miniers de ma ville natale, Thetford Mines. Opposé aux enjeux liés à l'amiante se retrouve un attachement envers le paysage que j'ai côtoyé pendant l'enfance. J'approfondis ensuite mon utilisation de la photographie, outil qui me permet de faire le pont entre l'expérience du territoire et l'atelier. Je me penche finalement sur une sélection de tableaux réalisés ces dernières années. Tout en soulevant des questionnements sur la représentation de l'image en peinture, j'explore le rapport entre les photographies choisies et les choix formels qui s'en suivent.