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Narrativité de l'essai : les arts de la mémoire dans Spicilège de Marcel SchwobLeduc, Simon January 2010 (has links) (PDF)
Le curieux et tragique destin de Marcel Schwob, provoqué par l'essoufflement prématuré de sa carrière littéraire et sa lente agonie d'une maladie énigmatique, a contribué à la propagation de diverses spéculations entourant sa fin abrupte. Alors que pour les uns, l'artiste aurait cherché dans la littérature un moyen de fuir l'âpreté du réel, pour d'autres, l'érudition de l'auteur aurait ruiné son élan créateur. D'un côté comme de l'autre, une relation antinomique semblait opposer la littérature à la réalité et à la science. À la marginalisation de son art, Schwob devait cependant répondre par le genre de l'essai. Au moment d'une crise disqualifiant le discours littéraire et le rejetant hors des sphères de la science, l'Université redéfinissant sa mission sous la IIIe République de manière à faire une plus grande place au positivisme au détriment des humanités traditionnelles, Marcel Schwob se donne en effet pour mission de rétablir la valeur de la littérature. En revendiquant leur différence d'avec les sciences sociales tout en refusant de s'isoler dans une préciosité esthétique, les essais de Spicilège rappellent les incertitudes et les ambiguïtés à la source de tout discours de vérité en renouant avec les opacités langagières que le positivisme voulait abolir. Ce mémoire s'attache, dans un premier temps, à identifier la situation à laquelle répond l'essai schwobien. Dans un contexte de rationalisation de la pensée, la défense de la littérature ne peut, pour Schwob, que passer par la littérature elle-même. Marginalisée, elle donne à rêver de ses marges. La dimension narrative de l'essai vise un rapport particulier à la sphère des connaissances où l'établissement des vérités empiriques se trouve doublé et subverti par un discours donnant accès à une réalité légendaire. Plus précisément, Schwob propose un art de la mémoire se développant dans un sentiment d'empathie à l'égard des figures négligées de l'histoire. Dans ce qui constitue le deuxième chapitre de ce mémoire, le rapport complexe que Spicilège entretient avec la matière du passé est analysé à la lumière des sociologies de la mémoire de Halbwachs et Assmann. La littérature s'assigne ici une tâche colossale visant à assurer la mémoire des humbles, des figures de second rang, ou de lieux perdus, grugés par le travail du temps. Mais conscient de l'ampleur démesurée d'un tel projet, Schwob agit avec le discernement d'un collectionneur, sélectionnant ses objets de manière à pouvoir y lire ou loger une histoire qui les déborde. Schwob fabrique des images marquantes où l'opération de savoir présente aussi la possibilité d'un enchantement. Le troisième chapitre propose une réflexion sur la performativité du récit dans l'essai schwobien. L'essai défamiliarise, il déplace le regard, suggère de multiples perspectives sur l'histoire et le présent. Reconnaissant dans la mise en récit de la vie une fabrique du regard débouchant sur une manière de sentir, une manière de représenter, une manière de s'identifier, la narrativité de l'essai donne naissance à des postures éthiques et fournit des repères permettant de s'orienter dans les sphères éthique et politique. Elle pose le point de départ à partir de quoi une action devient possible. Ainsi, loin de réduire la littérature à l'art pour l'art, l'essai tel que le pratique Schwob constitue un art de la mémoire profondément engagé dans son temps. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Marcel Schwob, Spicilège, Essai littéraire, Mémoire, Savoir, Défamiliarisation.
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La littérarité de l'essai selon Cioran : vers une éthique de l'écriture ou "le style comme aventure"Pettiford, Brian 12 1900 (has links) (PDF)
Cette recherche se propose comme objectif principal d'analyser les rapports entre la littérarité de l'essai et l'éthique de l'écriture dans l'œuvre de Cioran : elle couvre la période qui s'étend de La tentation d'exister (1956) à De l'inconvénient d'être né (1973) et inclut les Cahiers 1957-1972 (1997), œuvre contemporaine des deux premières, mais posthume. Tout d'abord, ce mémoire s'ouvre par une discussion sur le genre de l'essai au XXe siècle, ses caractéristiques formelles les plus importantes et la diversité des typologies qui le concerne. Un constat préliminaire permet de dégager une pratique particulière de l'essai, « l'essayisme poétique », qui s'avère opératoire dans le contexte cioranien et jette un éclairage différent sur La tentation d'exister. Au second chapitre, il est question de la relation qu'entretient Cioran avec la poésie, élément central dans sa réflexion littéraire, comme le démontre l’étude des Cahiers : l'exemple du poète Valéry cristallise l'ambivalence de l'idéal poétique et fait ressortir la quête de l'auteur pour une nouvelle manière. Enfin, le dernier chapitre est consacré au rôle du style dans le développement d'une éthique de l'écriture, par le biais de trois facteurs constitutifs majeurs : l'écriture fragmentaire, le travail du style et la représentation de soi. Ceux-ci doivent libérer l'auteur du didactisme discursif associé généralement aux œuvres de pensée et atténuer la thématisation négative de l'existence. Aussi, l'originalité et la pertinence de ce projet découlent de son hypothèse directrice : le travail du style, comme valeur positive, permet à Cioran d'alléger les rigueurs du sens logique, du poids des idées, pour se concentrer sur la perfection formelle, instituant un régime de valeur sur lequel repose son éthique. La publication De l'inconvénient d'être né marque ainsi l'aboutissement de ce régime, axé surtout sur le détachement et la retenue, à partir duquel il est possible d'affirmer que la poétique de Cioran représente non seulement une façon d'écrire mais une manière d'exister.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Cioran, littérarité, essai, style, poésie, éthique, écriture.
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L'essayiste entre deux chaises : hybridité et posture de l'énonciateur dans les essais de François ParéVeilleux, Rachel 06 1900 (has links) (PDF)
Les travaux de François Paré sont incontournables dans le champ de la recherche sur les littératures minoritaires au Canada. En 1992, la publication des Littératures de l'exiguïté a suscité un intérêt du milieu universitaire autant québécois que canadien pour les littératures francophones hors Québec, jusque-là peu étudiées. Traduit en plusieurs langues et devenu un classique dans les universités, l'essai a donné son titre à tout un corpus littéraire. Les trois essais qui lui ont succédé - Théories de la fragilité (1994), La distance habitée (2003) et Le fantasme d'Escanaba (2007) - ont également joui d'un succès critique considérable. Si les concepts développés par Paré dans ses essais ont fait l'objet de nombreuses recherches, les œuvres n'ont toutefois jamais été étudiées en tant qu'objets littéraires. Dans ce mémoire, nous nous intéresserons justement à la poétique essayistique de François Paré. Dans son article « L'héroïsme de la marge », François Ouellet observe chez l'essayiste « tout un art de la feinte [et de] la mise en scène », Paré se représentant comme un essayiste fasciné, hanté par son sujet. En se mettant constamment en scène écrivant, il insiste sur les conditions de son écriture - celles, exiguës, de l'Ontario français -, et brouille encore davantage la frontière séparant l'essayiste de son sujet, soit l'écrivain en situation minoritaire. Dans ce mémoire, nous chercherons à dépasser cette mise en scène afin de voir de quelle façon Paré envisage la nature de son travail essayistique et la place qu'il occupe dans le champ littéraire. À cheval entre la critique universitaire et l'essai, son œuvre présente en effet une hybridité particulière. Nous tenterons donc de voir dans quelle mesure cette hybridité peut être comprise comme résultant, et c'est là notre hypothèse, d'une tension entre une posture universitaire et celle, inassumée, de l'écrivain. Plus largement, l'objet des pages qui suivent pourrait se formuler ainsi : qu'est-ce qui, mis à part leur contenu théorique, fait l'unicité et l'originalité des essais de François Paré? Également, comment l'hybridité des œuvres peut-elle être envisagée comme le fondement d'une poétique paréenne? Le choix de notre corpus, constitué des Littératures de l'exiguïté (1993), de Théories de la fragilité (1994), de La distance habitée (2003) et du Fantasme d'Escanaba (2007), reflète notre ambition de rendre compte d'un parcours d'écriture, et nous permettra d'observer l'émergence d'un récit autobiographique, une « fiction de soi », qui se construit d'un essai à l'autre. Nous observerons entre autres la présence d'un discours narratif qui croît en importance au fil de l'œuvre, se dissociant peu à peu de sa fonction rhétorique pour converger de plus en plus vers l'imaginaire.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : François Paré, essai littéraire, essai critique, hybridité, identité culturelle, littérature franco-ontarienne, littérature franco-canadienne.
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