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Une criminologie pragmatique de la vie privée : articulations d'hybrides dans un espace numérique relationnelSavoie, Patrick 05 October 2018 (has links)
Qu’est-ce que la vie privée? Bien qu’il puisse sembler s’agir d’une question simple, les façons de concevoir et de définir la vie privée sont diffuses et nombreuses dans les sciences sociales et plus largement dans la société. Ce concept, celui de la vie privée, est d’autant plus important et complexe dans l’ère du numérique car il est maintenant relié aux phénomènes de la production massive d’information (c.-à-d., mégadonnées) et de la multiplication des technologies informatiques. Ces phénomènes marquent la transition de nos sociétés vers un nouveau paradigme de la technologie et de l’information dans lequel ces éléments subissent des changements qualitatifs et quantitatifs sans précédent.
Pour les sciences sociales et pour la criminologie, étudier des phénomènes sociaux comme la vie privée dans l’ère du numérique est un terrain relativement peu exploré qui présente certains défis permettant une réflexion théorique, épistémologique, ontologique et méthodologique. Le plus grand de ces défis est la place qu’on accorde aux non-humains et au contexte matériel à chacune des étapes de la démarche scientifique. L’impact et la présence des technologies dans toutes les sphères du quotidien fait en sorte qu’il est impossible de séparer le monde social du monde matériel. Cette perspective ne fait toutefois pas l’unanimité dans une communauté scientifique où la séparation entre nature et culture est encore canonique à bien des égards. Cela donne lieu à une autre tendance qu’ont les études de la vie privée, soit de tomber dans une instrumentalisation du monde matériel ou dans un discours qui positionne les objets comme étant une force déterminante du social.
Par la suite, la vie privée n’est pas seulement polysémique, elle rassemble une grande variété d’enjeux qui traversent les frontières de l’ensemble des sciences sociales. Comme il existe plusieurs enjeux qui peuvent être considérés importants, cela fait en sorte qu’il est difficile de produire une définition universelle qui soit utile pour tous.
Un troisième défi se rattache à la méthodologie qui est généralement utilisée pour étudier la vie privée. Indépendamment de la discipline, les études de la vie privée vont généralement se concentrer sur un nombre restreint d’enjeux (p. ex. la sécurité, la surveillance, l’information). Ceci fait en sorte que plusieurs portraits partiels de la vie privée sont produits et communiquent difficilement les uns avec les autres. Par exemple, la criminologie adopte généralement un discours dénonciateur des atteintes qui sont faites à la vie privée et accorde peu d’importance à des questions comme le transfert d’information ou la gestion de services pour la population d’une ville. Ces deux questions sont pourtant centrales à l’étude de la vie privée en communications et en sciences politiques. Cette tendance à fragmenter l’étude de phénomènes sociaux selon des sujets de plus en plus restreints a pour effet de produire des analyses qui évacuent une partie de la complexité associée à la multitude d’éléments sociotechniques, qui doivent être mobilisés dans l’articulation d’une vie privée.
Afin de tenter de répondre à ces problèmes, la démarche que nous mobilisons cherche à articuler ensemble la criminologie, la technologie et la vie privée dans une approche pluridisciplinaire et plus particulièrement en fonction d’une ontologie relationnelle. En effectuant cette articulation, nous cherchons un positionnement dans un courant des sciences sociales qui vise à élargir le nombre d’objets de recherche au sein des disciplines, tout en renouant avec la complexité et la multidisciplinarité au sein de leurs démarches. Pour ce faire, deux principes structurent l’ensemble de notre approche. Tout d’abord, il est question d’adopter ce que certains ont nommé le tournant matériel en sciences sociales. C’est-à-dire, prendre en compte la matérialité, la place des objets et les dispositifs technologiques dans la production du social. Ensuite, le second principe structurant de notre approche est celui du pragmatisme. Une approche pragmatique nous permet de délaisser l’épistémologie surplombante d’un chercheur qui tente de définir la vie privée selon des critères préétablis. Cela se fait au profit d’une posture restitutive qui rend aux acteurs le pouvoir d’expliquer leur réalité. En combinant ces principes, nous nous positionnons dans une ontologie que nous qualifions comme étant relationnelle et symétrique.
Pour réunir ces deux principes dans une démarche théorique et méthodologique cohérente, je mobilise des concepts de la théorie de l’acteur-réseau (en anglais, « Actor-Network Theory »; ANT) et de la sociologie de la traduction. L’ANT met en place un cadre théorique qui permet d’observer les humains et les non-humains de la même manière. La sociologie de la traduction prend la base conceptuelle de l’ANT et offre une méthode avec laquelle les acteurs humains et non-humains peuvent être observés lors du processus où ils s’assemblent, articulent et problématisent une réalité commune.
Afin d’accomplir ces objectifs et de démontrer les mérites théoriques, méthodologiques et pratiques de ma démarche, nous proposons une analyse en trois volets qui prend la forme de ce que nous nommons : visites guidées du numérique. Ces trois visites illustrent comment le processus de traduction se déroule lorsque nos observations sont effectuées du point de vue d’un guide dont le rapport au contexte matériel est différent (c.-à-d., un guide humain, un guide hybride et un guide non-humain). Dans la première visite guidée, nous observons l’acteur-réseau traduit par une firme d’experts-consultants (c.-à-d., des humains) dont la préoccupation est l’utilisation, la gestion et le transfert de l’information contenue dans les mégadonnées. Dans la deuxième visite guidée, nous suivons des sites web, et plus particulièrement les avis en matière de protection de la vie privée qui s’y trouvent. Cette deuxième visite nous transporte directement dans l’espace numérique, où les humains et les non-humains sont présents de façon proportionnelle. Finalement, notre troisième visite nous invite à suivre les associations qui se font à chacune des étapes du transfert d’un courriel, de l’envoi à la réception, et ce dans un espace où le rôle actif des humains est secondaire à celui des non-humains. Cette troisième visite a pour but d’illustrer comment un enjeu comme la vie privée, qui peut sembler être le résultat d’une construction humaine, est en fait aussi dépendant de l’assemblage et de la forme d’un contexte matériel.
Ces visites permettent d’observer et de conclure qu’il n’existe pas une seule vie privée, mais bien plusieurs. Ces vies privées sont le produit d’assemblages résultant du travail collectif et continuel d’actants à la fois humains et non-humains. En adoptant simultanément le tournant matériel et une posture pragmatique, nous proposons que la criminologie se positionne de sorte à observer des éléments du social sur lesquels son regard ne se porte pas de façon générale, tout en renouant avec la complexité. Finalement, ce regard qui est possible grâce à l’ANT permet de mieux rendre compte des interactions qui se produisent dans une société où nous sommes entrés dans une nouvelle ère technologique.
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Individuación, individuo y relación en el pensamiento de Simondon / Individuation, individu et relation dans la pensée de Simondon / Individuation, individual and relation in Simondon’s thinkingPenas López, Miguel 28 November 2014 (has links)
Cette recherche est centrée sur la pensée du philosophe français Gilbert Simondon. Nous explorons la possibilité ouverte par Simondon d’articuler un monisme ontogénétique avec un pluralisme ontologique, c'est-à-dire l'idée qu’il est possible d'apprécier une continuité entre les différentes dimensions du réel -physique, biologique, psycho-collective- sans nier leur pluralité intrinsèque. Dans la première partie, nous étudions la relation entre la matière inerte et les êtres vivants à travers de la rencontre entre la philosophie simondonienne de l'individuation et la thermodynamique du non-équilibre d’Ilya Prigogine. La conception de Simondon est présentée comme un moyen approprié pour surmonter la division ontologique entre la matière et la vie. Toutefois, l'accent mis sur la cristallisation comme l'exemple paradigmatique de l'individuation physique révèle certaines limites pour mener à bien ce projet qui peuvent être surmontées par le concept d'une auto-organisation de la matière que l'on trouve dans la thermodynamique du non-équilibre. Dans la deuxième partie, nous proposons une interprétation des principaux points de la métaphysique de Simondon. Nous suivons la lecture de Deleuze où la philosophie de Simondon apparaît comme une transformation du concept kantien du transcendantal. Ensuite, nous défendons une interprétation selon laquelle la pensée de Simondon est une forme de réalisme processuel et relationnel. Enfin, la philosophie simondonienne est confrontée au tournant spéculatif de la philosophie actuelle, en particulier au matérialisme spéculatif de Quentin Meillassoux et à la philosophie orientée aux objets de Graham Harman. / This research is focused on the thought of the French philosopher Gilbert Simondon. We explore the possibility opened by Simondon to articulate an ontogenetic monism with an ontological pluralism, that is, the idea that it is possible to appreciate a continuity between the different dimensions of the real -physical, biological, psycho-collective-without denying their intrinsic plurality. In the first part, we study the relation between inert matter and living beings through the encounter between Simondon’s philosophy of individuation and Ilya Prigogine’s non-equilibrium thermodynamics. Simondon’s conception is shown as a suitable way to overcome the ontological division between matter and life. However, his focus on crystallization as the paradigmatic example of physical individuation reveal certain limitations to carry out this project which can be overcome through the concept of self-organization of matter that we find in non-equilibrium thermodynamics. In the second part, we offer an interpretation of the main points of Simondon’s metaphysics. We follow Deleuze's reading in which Simondon's philosophy appears as a transformation of Kant's concept of the transcendental. Then, we defend an interpretation according to which Simondon’s thought is a form of process-relational realism. Finally, we confront Simondonian philosophy with the speculative turn of contemporary philosophy, especially with Quentin Meillassoux’s speculative materialism and Graham Harman’s object-oriented philosophy. / La presente investigación gira en torno al pensamiento del filósofo francés Gilbert Simondon. Exploramos la posibilidad que abre Simondon para articular un monismo ontogenético con un pluralismo ontológico, esto es, la idea según la cual es posible apreciar una continuidad entre las diferentes dimensiones de lo real -física, biológica, psíquico-colectiva- sin negar por ello su pluralidad intrínseca. En la primera parte, realizamos un estudio de la relación entre materia inerte y seres vivos por medio del encuentro entre la filosofía simondoniana de la individuación y la termodinámica del no-equilibrio desarrollada por Ilya Prigogine. La concepción de Simondon se muestra como una vía apropiada para superar la división ontológica entre materia y vida. Sin embargo, su focalización en la cristalización como ejemplo paradigmático de individuación física revela ciertas limitaciones para llevar a cabo este proyecto, las cuales pueden ser superadas por medio del concepto de una auto-organización de la materia presente en la termodinámica del no-equilibrio. En la segunda parte, realizamos una interpretación de los principales puntos de la metafísica de Simondon. Seguimos la lectura deleuziana en la cual la filosofía de Simondon aparece como una transformación del concepto kantiano de lo trascendental. A continuación, defendemos una interpretación según la cual el pensamiento de Simondon constituye una forma de realismo procesual-relacional. Finalmente, realizamos una confrontación de la filosofía simondoniana con el giro especulativo de la filosofía actual, especialmente con el materialismo especulativo de Quentin Meillassoux y la filosofía orientada a los objetos de Graham Harman.
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La scène musicale populaire autochtone au Québec : dynamiques relationnelles et identitairesAudet, Véronique 04 1900 (has links)
La musique, pour les Autochtones au Québec, joue un rôle fondamental pour l’expression et la consolidation identitaire, la mise en relation interpersonnelle, interculturelle et spirituelle ainsi que pour exercer un pouvoir d’action et de transformation sur soi et le milieu environnant. Cette thèse dresse un panorama de la scène musicale populaire autochtone contemporaine au Québec, en s’attardant plus particulièrement au milieu algonquien du Nord, tout en démontrant un lien de continuité évident avec le sens des traditions musicales et des rassemblements ancestraux. La musique populaire autochtone y est considérée comme un mode d’affirmation identitaire et de relation au monde, la scène de la musique populaire autochtone au Québec comme un réseau relationnel, et les événements musicaux comme des points de rencontre et de convergence (foyers) d’une communauté autochtone s’y reconnaissant et s’y reliant de façons différenciées. Le cadre théorique arrime les concepts de scène dans le contexte de culture populaire, des politiques/poétiques de l’identité, d’intersubjectivité, de résonance, de nomadisme, d’ontologie relationnelle, de poétiques de l’habiter (of dwelling), d’indigénisation et de transformation des identités et des modes d'être au monde autochtones dans le contexte contemporain. Selon les traditions algonquiennes, les actes musicaux servent à s’identifier en tant que personne particulière et membre d’une collectivité et du cosmos ainsi qu’à entretenir des relations avec les autres personnes du cosmos (humains et non humains) afin de vivre bien et de se donner du pouvoir sur soi et son environnement. Cette thèse démontre que les musiques populaires contemporaines et ses événements associés, bien que sous d’autres formes, poursuivent ce sens relationnel et identitaire des traditions musicales ancestrales et de leurs contextes de manifestation. Le réseau contemporain de la scène musicale populaire autochtone est ainsi formé d’espaces investis par les Autochtones de différentes nations, où ils se créent un chez-nous, un « espace à nous » et se redéfinissent des identités. Chanter, notamment dans leur langue, est ainsi un acte d’« habitation » du monde, de cohabitation, de communication, une inscription identitaire dans un environnement ainsi habité et senti. / For Aboriginal people in Quebec, music plays a fundamental role in the consolidation and expression of identity in interpersonal, intercultural and spiritual relationships, but also in terms of personal empowerment. This thesis provides an overview of the contemporary Aboriginal popular music scene in Quebec, focusing more specifically on Algonquian communities and demonstrating continuity with musical traditions and ancestral gatherings. Aboriginal popular music is considered as a way of asserting identity and a relationship to the world; the aboriginal popular music scene in Quebec is presented as a network of relationships, and musical events are seen as focal points of an aboriginal community that connect individuals and groups in differentiated ways. According Algonquian traditions, musical acts are used to identify oneself as a particular person and member of a community and the cosmos as well as to maintain relationships with others in the cosmos (human and nonhuman). Different forms of musical practice are desirable in order to live well and to empower the self in a particular environment. This thesis demonstrates that contemporary popular music and its associated events, albeit in other forms, are continuing a relational sense of ancestral musical traditions in various performative contexts. The contemporary Aboriginal popular music scene network is forged through spaces invested by Aboriginal people of different nations, where they create a "home", a "space for us", and redefine identity in unexpected ways. Singing, especially in Aboriginal languages, is an act of dwelling and cohabitation in an environment that is lived and felt.
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Radikální relační ontologie: prožitek diference nitra / Radical Relational Ontology: Living the Difference from WithinGarrigue, Arthur January 2021 (has links)
This work unfolds Arturo Escobar's radical relational ontology in an imagined discussion with Gilbert Simondon. Questioning Escobar's academic reception in the North, we seek the answer in Escobar's own work, in his proposal of a political ontology and the pluriversal posture it underlies. In trying to grasp what radical difference means, understood as ontological excess, we come to the point of having to outline a pluriversal ethic of otherness in order to "live fearlessly the difference from within". Key words: relational-ontology; indigenous-struggles-for-the-territory ;ontological- conflicts ; otherness ; radical-otherness; anthropology ;philosophy; Arturo-Escobar; Gilbert- Simondon
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