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Affirmation du sentiment national belge au travers de la représentation du paysage (1780-1850)Favry, Amélie 21 March 2005 (has links)
Entre 1780 et 1850, les Belges développent une image symbolique de leur environnement physique. Cette image, conjuguée à une action de transformation du terrain, participe à la structuration de l’environnement belge en un territoire national. Elle témoigne d’une grande stabilité durant l’époque considérée. Dans cette optique symbolique, l’environnement belge incarne les caractères de la communauté nationale, il exprime non seulement le long passé partagé par le sol et les hommes, les interactions séculaires qui les lient, mais aussi les aspirations nourries par les Belges à l’égard de l’avenir.
Les premières images mentales du territoire national développées dans le chef des Belges consistent en lieux génériques (les expressions en italiques sont empruntées à Bernard Debarbieux). Définis par le discours, ces lieux génériques sont des environnements physiques dont la physionomie résulte des donnés naturels et de leur transformation par l’homme. La physionomie de ces lieux est donc dominée par l’agriculture, l’industrie et l’habitat humain. Ces configurations génériques ne recouvrent en réalité qu’une partie du territoire national. Leur élection en tant que résumé idéal du territoire belge, reflète les aspirations de la communauté.
La qualité esthétique paysagère des lieux génériques du territoire belge n’apparaît pas cependant avec évidence aux contemporains. Un écart sépare le discours et la représentation picturale. Si le premier reconnaît souvent une qualité esthétique aux lieux génériques, qui deviennent alors des paysages, la représentation iconographique se montre plus réticente à leur égard.
Les Belges de l’époque développent une seconde facette symbolique de leur territoire. Ils soulignent l’omniprésence des souvenirs historiques nationaux dans leur environnement. La Belgique leur apparaît telle un ensemble de lieux de condensation. Le discours contemporain et les œuvres des peintres, lithographes ou graveurs, témoignant d’une cohésion remarquable, illustrent abondamment les lieux de condensation belges.
Les Belges cherchent à diffuser ces images mentales parmi leurs compatriotes. Ce projet collectif répond à une volonté de faire connaître et adopter ces paysages symboliques par l’ensemble des membres de la nation. Cette connaissance passe pour le socle sur lequel peuvent se développer les sentiments d’attachement à la patrie et d’identification à la nation. Le discours et l’image sont mobilisés à cette fin.
Ces préoccupations interviennent dans le travail des peintres de paysages. Toutefois, le choix d’un site par un paysagiste belge représentant l’environnement national, est d’abord guidé par des critères internes à la pratique picturale. Ses critères de choix rencontrent en effet ceux qu’émet le discours de l’époque définissant les normes de qualité esthétique d’un tableau. L’artiste tend en outre à satisfaire les attentes du public, lequel cherche à combler son envie d’évasion hors de la cité, mais aussi à se rassurer quant à l’harmonie et à la viabilité de la société contemporaine. Les peintres (et donc leur public) manifestent pourtant une faveur particulière envers les sites belges. Ce goût dénote une identification et un attachement au pays habité par la nation historique, telle que la décrit le discours contemporain. Même s’il vient après la satisfaction des critères esthétiques, le critère de l’identification à un site belge intervient de façon notable dans l’attrait exercé par un paysage peint.
Il apparaît ainsi que les lieux génériques (agricoles et industriels) passent difficilement le premier crible, esthétique, tandis que les lieux de condensation satisfont tant les attentes esthétiques que les attentes symboliques – qualité qui assure leur succès en tant que motifs picturaux.
Les paysagistes élaborent en outre une image paysagère générique de la Belgique qui est une adaptation, conforme aux critères d’appréciation en vigueur dans le champ de la représentation picturale, du paysage générique agricole et industriel défini par le discours contemporain. Leurs œuvres dépeignent en effet la Belgique comme un territoire réalisant les canons pittoresques, comme un environnement verdoyant, boisé, vallonné, peuplé, traversé de rivières, semé d’habitations, de moulins ou autres fabriques anciennes. Dans les années 1840, les paysagistes développent également une nouvelle facette dans ce paysage générique pictural, en représentant les étendues arides, stériles et très peu peuplées, présentes sur le territoire. Cette apparition inaugure une période nouvelle, durant laquelle l’image picturale de la Belgique se dédouble, embrassant, d’une part, les sites prisés durant les premières décennies du siècle et, de l’autre, les plaines de bruyères désertes peu à peu investies d’une valeur identitaire et élevées au rang de configuration générique nationale.
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Armée et nation dans les discours du colonel Boumediene : étude comparative des éditions française et arabe /Criscuolo, Josiane, January 1900 (has links)
Thèse 3 cycle--Histoire--Montpellier III, 1975. / Contient le texte traduit de l'arabe des discours du colonel Boumediene non recueillis dans l'édition française. Bibliogr. p. 351-371. Index.
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Territorialité et nationalisme écossais : le rhizome du sentiment national (1707-2011) / Territoriality and Scottish nationalism : the rhizome of national sentimentFiasson, Arnaud 05 July 2017 (has links)
Les années 1707 et 2011 marquent deux dates singulières du nationalisme écossais. Alors que l’union des royaumes d’Ecosse et d’Angleterre laisse place à la formulation d’une identité qui revendique la spécificité de l’Ecosse sans pour autant remettre en question le pouvoir central britannique, la victoire du « Scottish National Party » aux élections parlementaires symbolise la montée au pouvoir d’un parti qui revendique l’indépendance politique de l’Ecosse. Cette thèse se propose d’étudier la nature du sentiment national écossais et de ses représentations en analysant le rôle joué par le territoire national dans l’élaboration de l’idéologie nationaliste. Nous utilisons les concepts de la territorialité et du rhizome, comme définis respectivement par Jan Penrose d’une part et Gilles Deleuze et Félix Guattari d’autre part, afin de montrer que l’exploitation des représentations du sentiment national écossais donne naissance à des conceptions territoriales divergentes qui façonnent aujourd’hui encore l’identité nationale écossaise. / The years 1707 and 2011 hold a particular significance in the history of Scottish nationalism. Whereas the union of the kingdoms of Scotland and England gave way to the negotiation of a Scottish identity held within the larger structure of the British State, the victory of the "Scottish National Party" in the parliamentary elections symbolises the rise of a party claiming political independence for Scotland to a position of power. This thesis explores the nature of Scottish national sentiment and its representations while analyzing the role played by the national territory in the construction of nationalist thought. The concept of territoriality developed by Jan Penrose on the concept of rhizome as defined by Gilles Deleuze and Félix Guattari are used in order to demonstrate that harnessing the representations of the Scottish national sentiment spawned two diverging conceptions of the national territory which still shape Scottish national identity.
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Les Français à Constance : Participation au concile et construction d’une identité nationale (1414-1418) / The French in Constance (1414 – 1418) : the participation in the Council and the building of a national identityVallery-radot, Sophie 17 May 2011 (has links)
Le concile de Constance est convoqué par le pape Jean XXIII en vue de mettre un terme au schisme qui déchire la chrétienté occidentale depuis 1378. Les Pères conciliaires sont également désireux de réformer l’Église et de mettre un terme aux abus qui y règnent. En tout état de cause, rien ne laisse supposer d’un premier abord que le concile de Constance soit l’occasion pour les Français qui s’y trouvent d’affirmer et de construire leur identité nationale. Pourtant, l’organisation du concile en nations favorise le regroupement des Français et rend nécessaire des prises de décisions communes. Entre 1415 et 1417, si les divergences existent entre les membres de cette nation composite, le sentiment national et la défense d’intérêts communs prennent une place croissante. Par ailleurs, la translation de la guerre de Cent Ans au concile rend les relations des nations anglaise et française de plus en plus conflictuelles. L’alliance du roi des Romains Sigismond avec Henri V isole les Français au concile. Face à toutes ces difficultés, la plus grande partie des membres de la nation française tend à s’unir et à faire corps autour de l’ambassade de Charles VI. Au nom de la loyauté envers la couronne, l’ambassade du roi de France cherche à prendre le contrôle de la nation française et à orienter ses décisions de façon à les rendre conformes aux intérêts du roi. / Pope John XXIII convened the oecumenical council of Constance to end the schism splitting the western Christianity since 1378. The council Fathers were also eager to reform and rid the Church of the prevailing influence peddling. Anyhow, at first glance nothing suggested that the council of Constance would give the attending French party an opportunity to assert and build up their national identity.Still, the council’ organisation around nations prompted the French to pool together and called for common stances in decision-making. Between 1415 and 1417, while differences still existed amongst the members of this composite nation, a feeling of national loyalty and the fight for common interests became increasingly important.In addition, due to the emergence of the 100 years’ war in the midst of the council, the French-English relationships became ever more conflicting. The French were isolated in the council as a result of the Roman king Sigismond’ alliance with Henry V.As a result of these mishaps, most members of the French nations felt prompted to unite and stand solidly behind Charles VI’ ambassadors.In the name of their pledge of allegiance to the Crown, the French king’s embassy endeavoured to gain control of, and orientate the French nation’s decision in a sense favouring the king’s interest.
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Affirmation du sentiment national belge au travers de la représentation du paysage, 1780-1850Favry, Amélie 21 March 2005 (has links)
Entre 1780 et 1850, les Belges développent une image symbolique de leur environnement physique. Cette image, conjuguée à une action de transformation du terrain, participe à la structuration de l’environnement belge en un territoire national. Elle témoigne d’une grande stabilité durant l’époque considérée. Dans cette optique symbolique, l’environnement belge incarne les caractères de la communauté nationale, il exprime non seulement le long passé partagé par le sol et les hommes, les interactions séculaires qui les lient, mais aussi les aspirations nourries par les Belges à l’égard de l’avenir.<p>Les premières images mentales du territoire national développées dans le chef des Belges consistent en lieux génériques (les expressions en italiques sont empruntées à Bernard Debarbieux). Définis par le discours, ces lieux génériques sont des environnements physiques dont la physionomie résulte des donnés naturels et de leur transformation par l’homme. La physionomie de ces lieux est donc dominée par l’agriculture, l’industrie et l’habitat humain. Ces configurations génériques ne recouvrent en réalité qu’une partie du territoire national. Leur élection en tant que résumé idéal du territoire belge, reflète les aspirations de la communauté.<p>La qualité esthétique paysagère des lieux génériques du territoire belge n’apparaît pas cependant avec évidence aux contemporains. Un écart sépare le discours et la représentation picturale. Si le premier reconnaît souvent une qualité esthétique aux lieux génériques, qui deviennent alors des paysages, la représentation iconographique se montre plus réticente à leur égard.<p>Les Belges de l’époque développent une seconde facette symbolique de leur territoire. Ils soulignent l’omniprésence des souvenirs historiques nationaux dans leur environnement. La Belgique leur apparaît telle un ensemble de lieux de condensation. Le discours contemporain et les œuvres des peintres, lithographes ou graveurs, témoignant d’une cohésion remarquable, illustrent abondamment les lieux de condensation belges. <p>Les Belges cherchent à diffuser ces images mentales parmi leurs compatriotes. Ce projet collectif répond à une volonté de faire connaître et adopter ces paysages symboliques par l’ensemble des membres de la nation. Cette connaissance passe pour le socle sur lequel peuvent se développer les sentiments d’attachement à la patrie et d’identification à la nation. Le discours et l’image sont mobilisés à cette fin.<p>Ces préoccupations interviennent dans le travail des peintres de paysages. Toutefois, le choix d’un site par un paysagiste belge représentant l’environnement national, est d’abord guidé par des critères internes à la pratique picturale. Ses critères de choix rencontrent en effet ceux qu’émet le discours de l’époque définissant les normes de qualité esthétique d’un tableau. L’artiste tend en outre à satisfaire les attentes du public, lequel cherche à combler son envie d’évasion hors de la cité, mais aussi à se rassurer quant à l’harmonie et à la viabilité de la société contemporaine. Les peintres (et donc leur public) manifestent pourtant une faveur particulière envers les sites belges. Ce goût dénote une identification et un attachement au pays habité par la nation historique, telle que la décrit le discours contemporain. Même s’il vient après la satisfaction des critères esthétiques, le critère de l’identification à un site belge intervient de façon notable dans l’attrait exercé par un paysage peint. <p>Il apparaît ainsi que les lieux génériques (agricoles et industriels) passent difficilement le premier crible, esthétique, tandis que les lieux de condensation satisfont tant les attentes esthétiques que les attentes symboliques – qualité qui assure leur succès en tant que motifs picturaux.<p>Les paysagistes élaborent en outre une image paysagère générique de la Belgique qui est une adaptation, conforme aux critères d’appréciation en vigueur dans le champ de la représentation picturale, du paysage générique agricole et industriel défini par le discours contemporain. Leurs œuvres dépeignent en effet la Belgique comme un territoire réalisant les canons pittoresques, comme un environnement verdoyant, boisé, vallonné, peuplé, traversé de rivières, semé d’habitations, de moulins ou autres fabriques anciennes. Dans les années 1840, les paysagistes développent également une nouvelle facette dans ce paysage générique pictural, en représentant les étendues arides, stériles et très peu peuplées, présentes sur le territoire. Cette apparition inaugure une période nouvelle, durant laquelle l’image picturale de la Belgique se dédouble, embrassant, d’une part, les sites prisés durant les premières décennies du siècle et, de l’autre, les plaines de bruyères désertes peu à peu investies d’une valeur identitaire et élevées au rang de configuration générique nationale. / Doctorat en philosophie et lettres, Orientation histoire de l'art et archéologie / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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