L'ambition de cette thèse est d'interroger une forme d'anthropologie émergente - l'anthropologie appliquée à des projets d'innovation en entreprise - dans un contexte où les opportunités de carrière à l'université sont minces, et l'intérêt des entreprises privées pour de nouveaux profils, croissant. Cette recherche appréhende les conditions de production, diffusion et réception de l'anthropologie appliquée à la consommation et à l'innovation en entreprise. Elle s'appuie pour cela sur les théories sociologiques de la consommation, de l'innovation et des organisations, ainsi que sur l'analyse approfondie du projet « IH » mené au sein de l'agence de design et d'innovation « IP » avec une dizaine d'industries partenaires sur le thème de l'habitat. Les données recueillies en situation relèvent d'une approche anthropologique et d'une approche sociologique qualitative, basées sur l'induction et sur les échelles micro et méso-sociales. Cette recherche questionne l'inscription de la pratique anthropologique dans le processus de production des innovations du projet « IH » comme une innovation pour les champs académique et professionnel, à partir d'une « participation observante » sur le terrain, en interrogeant un système d'acteurs inscrits directement ou indirectement dans une logique de projet. L'analyse des conditions de production, diffusion et réception de l'enquête anthropologique au sein d'un tel projet révèle que la pratique anthropologique se négocie à travers des interactions ancrées dans des relations de pouvoir, se renouvelle en fonction des contraintes et des effets de situation et se diffuse lorsqu'il y a usage, appropriation et donc réinterprétation de la matière. L'appropriation du travail anthropologique repose en effet sur un réenchantement de la réalité en phase de création, notamment parce que les acteurs du projet sont énormément déroutés par les pratiques des consommateurs dans leur espace domestique. Cette recherche suggère finalement que l'anthropologie appliquée à l'innovation et à la consommation au sein de l'agence « IP » est le fruit d'un « bricolage » qui repose sur une transgression du patrimoine académique et des normes régulant les pratiques d'innovation. Cette thèse fait donc l'éloge de la diversité, en reconnaissant la valeur de la pluralité des formes d'application de l'anthropologie ; l'éloge du mouvement, en mettant en exergue une potentielle évolution du paradigme scientifique de l'anthropologie ; et l'éloge du métissage, en montrant que la diffusion suppose très souvent une part de réinterprétation qui n'est pas compatible avec la volonté de préserver la pureté supposée de la pratique anthropologique. / The goal of this thesis is to question an emerging kind of anthropology - anthropology applied to innovation projects within companies - and to do so in a context where career opportunities at the university are limited, and where the interest of private companies in new profiles is growing. Our research focuses on the conditions of production, diffusion and reception of anthropology applied to consumption and innovation in companies. To that end, it is based sociological theories of consumption, innovation and organisation, and on the "IH" project conducted via an in-depth analysis of "IP" innovation and design agency, along with about ten partner industries in relation to the habitat theme. Data collected in situ are analysed from anthropological and qualitative sociological approaches, based on induction and on micro and mesa-social scales. This research questions the inscription of anthropological practice within the "IH" project's innovations' production process as an innovation for professional and academic fields, based on observer participation, querying the system of actors directly or indirectly involved. The analysis of the conditions of reception, diffusion and production of the project shows that anthropological practice has to negotiate interactions anchored in power relationships, is renewed through constraints and situation effects, and is propagated when there is field data use, appropriation and re-interpretation. An appropriation of an anthropological study is based on a form of "re-enchantment" of the phase of creation, in particular because the project actors were much confused by consumers' practices in their domestic environment. Our research concludes by suggesting that anthropology when applied to innovation and consumption in the "IP" agency, results from a « bricolage » based on a transgression of academic approaches and of the norms that regulate innovation practices. This thesis therefore celebrates diversity, by recognizing the value of a plurality anthropology of the ways anthropology is applied; it celebrated the notion of movement, highlighting the potential evolution of the scientific paradigm of anthropology; and celebrates hybridation by showing that diffusion very often involves a form of re-interpretation that does not fit with the desire to protect the supposed purity of anthropological practice.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016USPCB194 |
Date | 11 October 2016 |
Creators | Grange, Zoé |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Desjeux, Dominique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.004 seconds