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Tocqueville et Guizot: la fondation d'un libéralisme des moeurs

Alexis de Tocqueville est un auteur canonique du libéralisme. Son inscription au sein du libéralisme s’opère fréquemment par une accentuation unilatérale de sa défense de la liberté individuelle. Certes, Tocqueville défend la liberté individuelle, elle prend une place décisive dans son œuvre où l’objectif théorique proposé révèle sa volonté d’élever l’individu à côté de la société et de l’État. Mais cette défense est constamment pensée chez Tocqueville en interrogeant ses conditions de possibilité qui sont indissociables d’une culture politique où la participation politique est une dimension essentielle. Une participation politique qui fonde des habitudes collectives, une culture civique, assurant ainsi la pérennité des institutions démocratiques libérales. En ce sens, il est évident que le libéralisme de Tocqueville est déterminé par un cadre plus large que la seule défense de la liberté individuelle. Afin qu’elle s’épanouisse pleinement et véritablement, il y a une priorité absolue d’une pratique continue de la liberté, la liberté politique qui actualise sans repos les conditions de possibilité de la liberté individuelle. Cette pratique de la liberté politique contribue à la formation des «mœurs libres», ces habitudes collectives qui organisent une culture civique particulière, mœurs indispensables au maintien des sociétés libres. Nous identifierons donc Tocqueville à un libéralisme des mœurs.

Afin de saisir adéquatement la réelle portée de la pensée tocquevillienne, nous dévoilerons les influences intellectuelles fondamentales qui ont présidé à l’élaboration de La Démocratie en Amérique. De fait, nous restituerons l’espace intertextuel entre Tocqueville et François Guizot. Cet espace révèle l’influence certaine de Guizot sur Tocqueville, mais il rend également saillante son insistance sur une pratique de la liberté politique. / Alexis de Tocqueville is a canonical author of liberalism. His inscription within liberalism often commented as a unilateral emphasis of the defence of individual freedom. Certainly, Tocqueville defends individual freedom and it is a decisive part of his work where his proposed theoretical objective reveals his will to elevate the individual to the level of society and the State. But this defence is always thought of by Tocqueville in his questioning of the conditions of possibility of freedom which are inseparable of a political culture where political participation is an essential dimension. A political participation which melts collective habits, civic culture, thus insuring the permanence of its liberal democratic institutions. It appears that the liberalism of Tocqueville is determined by a broader frame than the only defence of individual freedom. For a real individual freedom that flourishes entirely, there is the absolute preference for a continuous practice of freedom, political freedom which constantly updates the conditions of possibility of individual freedom. This practice of political freedom contributes to the development of « free manners », these collective habits which organize a particular civic culture, manners necessary to the assertion of the free societies. We shall identify Tocqueville with a liberalism of manners.

To properly grasp the true range of the tocquevillian thought, we shall reveal the fundamental intellectual influences which governed the drafting of Democracy in America. Indeed, we shall restore the intertextual space between Tocqueville and François Guizot. This space reveals the certain influence of Guizot on Tocqueville, but also reveals his emphasis on a practice of political freedom.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/3562
Date08 1900
CreatorsSeney, Nicolas
ContributorsSimard, Augustin
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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