La thèse étudie, à partir du cas des pensionnats privés internationaux de Suisse romande, les mécanismes de l’acquisition d’un pouvoir social sur l’espace et d’une gestion spatiale des ressources, notamment économiques, pour les établissements et pour les élèves. La thèse porte sur les mécanismes par lesquels les pensionnats produisent des ancrages sur le territoire suisse pour les élèves et les anciens élèves. Cette recherche repose sur des entretiens semi-directifs auprès de plusieurs établissements privés, avec directeurs et managers, anciens élèves, enseignants et tuteurs d’internat et sur un travail socio-historique et quantitatif. La première partie étudie au XXe siècle la genèse progressive du secteur du secondaire privé des « pensionnats pour étrangers » et des « écoles internationales » de la région lémanique. L’attraction des grandes fortunes, notamment européennes et états-uniennes, dans ces écoles privées et l’organisation locale de ce secteur éducatif se sont appuyées sur des discours et des pratiques liées aux ressources du territoire suisse. Si les pensionnats suisses occupent aujourd’hui une place périphérique dans le monde international des certifications d’une éducation « d’élite », récemment, de nouveaux processus d’intégration financière mondiale et de défense de la place éducative suisse permettent de redéfinir leur mise en concurrence dans un espace international « d’écoles d’élites ». La deuxième partie porte sur le rôle que joue l’espace suisse dans des stratégies de placement multidimensionnelles en pension par les familles fortunées et sur les rapports à l’espace suisse des élèves et anciens élèves. La notion d’école « refuge » prend un triple sens, celui d’éducation « familiale » et affective de la vie à l’internat, celui d’un évitement des institutions très sélectives sur le plan scolaire et celui lié à un envoi en pension sur le territoire suisse. Les origines nationales des élèves se sont progressivement transformées depuis les années 1950 pour accueillir des nouvelles fortunes non européennes et non américaines, mais les anciens élèves continuent de revenir ou de rester en Suisse. Les forces de rappel des anciens élèves sur le territoire suisse sont le fruit d’une tension : manifestation d’une centralité suisse de leurs carrières financières, espace protecteur face à des incertitudes familiales, politiques et nationales. / The thesis examines how international boarding schools in Switzerland have been producing spatial resources for their students and alumni. The research is based on socio-historical analysis, quantitative analysis, and on semi-directive interviews with headmasters and managers, alumni, teachers and boarding staff at a diversity of international private schools in the Lake Geneva region. The first part of the thesis focuses on the emergence of the private educational sector progressively uniting « boarding schools for foreigners » and « international schools ». Since the beginning of the 20th c., schools have promoted their territorial resources for attracting the very rich, notably from Europe and the United States, and organized sectorial interests accordingly. Swiss boarding schools now have a peripheral part to play in the international spheres of certification and accreditation that govern elite education on a global scale. Nevertheless, recent processes of financialization of the educational sector and ways of protecting the Swiss educational sector contribute to redefine their place within internationalizing governance schemes of elite schools. The second part of the thesis examines the role played by spatial resources in wealthy families’ educational strategies in Switzerland and the spatial relations to Switzerland that students and alumni develop. The notion of « refuge school » or « recovery school » encompasses three dimensions : the « family » education that the boarding schools promote, parental strategies of avoiding selective national educational systems, socio-political determinations. Under the rise of non-European and non-American wealthy clienteles, students’ national origins have changed since the 1950s, but alumni continue to stay or come back to Switzerland. This results from a tension : Swiss centrality for financial careers and protection against family, political and national uncertainties.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA01E046 |
Date | 02 December 2016 |
Creators | Bertron, Caroline |
Contributors | Paris 1, Université de Lausanne. Faculté des sciences sociales et politiques, Wagner, Anne-Catherine, Trémon, Anne-Christine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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