Au début du XIXe siècle s’amorce, en réponse à l’instabilité du monde, une crise de la représentation. Elle se traduit, dans les milieux romantiques, par une écriture de l’ambiguïté que l’on a coutume de désigner sous le nom de fantastique. En marge des visions grotesques ou dissonantes qui caractérisent de nombreux textes hoffmanniens, les récits de Charles Nodier, Joseph von Eichendorff, mais également, en partie du premier Gautier ou de Tieck, mettent en place un fantastique onirique, tirant sur le merveilleux. Touchant à l’intime et révélant les désirs cachés du sujet, cette modalité du fantastique sera appréhendée, à rebours d’une tradition critique qui privilégie l’étude de l’événement, sous l’angle du personnage. L’analyse comparée d’un corpus synchronique composé de contes et nouvelles de l’époque romantique se propose ainsi de contribuer à une poétique du fantastique et d’éclairer la relation qu’entretiennent les romantismes français et allemands .Ce travail fait tout d’abord ressortir la présence de rôles récurrents et de modalités de construction communes. Le récit est centré sur la relation unissant une figure fantastique et un sujet, autour duquel gravitent deux types, l’un donnant corps à l’interprétation surnaturelle, l’autre la rejetant. Le fantastique ne naît cependant pas uniquement de caractéristiques ontologiques, mais résulte d’une manipulation, qui joue sur l’évolution des interactions entre les personnages et sur les liens qui se tissent entre les différents niveaux narratifs. Cette manipulation sert un discours anthropologique et esthétique, qui révèle des points de convergence entre les romantismes français et allemands, esthétiques notamment, mais aussi des divergences profondes, quant à l’évaluation du rêve et de la folie ou des rapports entre littérature et religion. / At the beginning of the 19th century, the instability of the world lead to a crisis of representation and to the development of what Todorv called the fantastic genre. Unlike Hoffmann's grotesque or discordant visions, Charles Nodier's and Joseph von Eichendorff's stories are characterised by a dreamlike fantastic that is close to the supernatural.This kind of fantastic is connected with the intimate life of the subject and reveals their hidden desires. Contrary to traditional criticism, it will not be analysed through the prism of the event, but through the prism of the characters and their relations. By analysing romantic short stories, we aim to contribute to a general fantastic poetry and to shed a new light on the relations between French and German romanticisms. The first part of the study brings out the presence of typical roles and recurrent modalities of character construction: their names, their physical and psychological traits, their idiosyncraties. The fantastic story focuses on the relationship between a fantastic figure and a subject. Two stereotypes evolve around the latter: a character that defends a supernatural interpretation of the facts and a character that questions their reality. The fantastic effect not only results from ontological characteristics, but also from the interactions between the characters and between the various diegetic levels. The study of these interactions reveals a form of manipulation which serves an anthropological and esthetic aim. This is how, it reveals similarities but also differences between French and German romanticisms concerning the relation between literature and religion or the consideration of dreams or madness.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LYSEN066 |
Date | 10 November 2017 |
Creators | Vest, Jocelyn |
Contributors | Lyon, Bayle, Corinne, Muzelle, Alain |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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