La disparition d'un dispositif de français en ligne et à distance ne peut qu'interroger quand elle a lieu dans le contexte d’une université ouverte. C’est de cette interrogation que part la présente thèse située en sciences de l’éducation et en didactique des langues et ancrée dans le domaine des cultures d’apprentissage, de l’autoformation et du FLE, et dont l’objectif initial était de réaliser l’analyse du déclin du dispositif pour essayer d'en comprendre les raisons. Le dispositif ayant été coordonné, conçu et réalisé par des personnes d’origines européenne et africaine, prévu pour un public tanzanien, et ayant reçu un soutien important de la coopération française et de la hiérarchie de son université d’implantation, l’Open University of Tanzania (OUT), il a, d’abord, fait l’objet d’une réflexion portant sur les cultures et habitudes d’apprentissage au sein de l’OUT afin d’étudier dans quelle mesure une culture pédagogique du Nord, présente à travers les acteurs français et formés en France, et la culture d’apprentissage des étudiants tanzaniens inscrits à l’OUT pouvait entrer en tension et constituer une cause de la disparition du dispositif initial. A côté de cela, il n’était pas possible non plus d’oblitérer la question de potentielles divergences fatales au sein même du dispositif de français, renvoyant à un possible décalage entre les conceptions des acteurs (concepteurs, enseignants et étudiants) pour ce qui concerne l’enseignement et l’apprentissage des langues mais aussi l’apprentissage médiatisé par les technologies. Au-delà de l’analyse du déclin du dispositif, cette thèse, en croisant les réponses des étudiants avec celles des responsables et enseignants de l’OUT a permis de mettre au jour, chez les étudiants, des pratiques originales marquées par la culture (d’apprentissage) tanzanienne. Elle révèle comment les étudiants reconstituent du présentiel au sein d’une université ouverte qui prône l’autoformation et propose des enseignements exclusivement à distance. L’étude montre au final, que c’est au niveau micro des conceptions et de l’adhésion des acteurs aux principes initiaux du dispositif que se situent les réels enjeux. L’analyse croisée des résultats de l’étude sur le dispositif de français (des documents fondateurs du dispositif de français aux réponses des étudiants et des enseignants) montre que de fortes convergences existent entre le dispositif tel qu’il a été pensé, d’une part, et les pratiques des étudiants de même que leurs attentes à l’égard d’un dispositif d’enseignement-apprentissage des langues, d’autre part. Mais les tensions se révèlent particulièrement fortes quand il s’agit d’envisager le numérique dans la formation en français. L’analyse rend manifeste que ce sont les conceptions négatives des enseignants au regard du numérique en éducation qui conduisent à l’abandon du dispositif en ligne au profit d’un enseignement en présentiel et que, contrairement à l’institution qui intègre les pratiques étudiantes, les enseignants en charge du dispositif de français ne prennent pas en compte les pratiques et attentes de leur public. Cette étude montre donc que, tout au moins dans le cas étudié, les tensions potentiellement fatales pour un dispositif ne se situent pas dans la rencontre des cultures d’enseignement-apprentissage si, comme, le montre l’adaptation du fonctionnement de l’OUT aux pratiques effectives des étudiants, une volonté d’adaptation est présente permettant d’aller vers une culture commune. Les difficultés apparaissent lorsque les cultures d’apprentissage et les pratiques sont imaginées et/ou projetées à partir d’expériences personnelles et que la mise en avant de ces cultures et pratiques ou non-pratiques imaginées, conduit à l’imposition du dispositif qu’un groupe d’acteurs disposant d’un certain pouvoir entend privilégier. / The decline of an online and distance learning program for French as a foreign language offered in an African open university is the starting point of this research, which is located in the fields of educational sciences and applied linguistics and dealing with learning cultures, self-training and language learning methodology. The initial objective of this PhD thesis was to understand what caused the program to fail. The teaching and learning program was coordinated, designed and implemented by people of European and African origin, intended for a Tanzanian audience, and received significant support from French cooperation and the hierarchy of its host university, the Open University of Tanzania (OUT). The thesis analyses the cultures, especially the learning cultures within the OUT, in order to explore to what extent the encounter of a pedagogical culture of the North, present through the French agents and African teachers, who were trained in France, and of the learning culture of Tanzanian students enrolled in the OUT could be a factor explaining the decline of the initial program. The thesis also investigates possible fatal divergences within the French program itself, analyzing a possible discrepancy between the conceptions of the different parties involved in the program (designers, teachers and students) with regard to the teaching and learning of languages but also to computer assisted (language) learning. Beyond the analysis of the decline of the system, this thesis has made it possible to reveal, among students, original learning practices shaped by the Tanzanian (learning) culture. It shows how students create face to face learning situations in an open university that promotes self-study and offers exclusively distance learning. It also highlights the fact that the institution has partially adapted and integrated the practices of its students. The study shows that the actual (cultural) challenge lays on the micro level of the attitudes and beliefs and the acceptance of the initial principles by the different agents. The investigation of the French program (including the documents that established the pedagogical principles of the program and the responses of students and teachers) shows that there is strong convergence between the program as it was designed on the one hand, and students' practices and conceptions of a language course on the other hand. But tensions are particularly high when it comes to considering digital technology in French language training. The analysis highlights that negative teacher conceptions of digital technology in education has led to the termination of the online learning program in favor of face to face teaching and that, unlike the institution that integrates student practices, teachers in charge of the French program do not take into account the practices and expectations of their audience. This study therefore shows that, at least in the case studied, the potentially fatal tensions for a learning program are not caused by the encounter of teaching and learning cultures if a willingness to adapt and to move towards a common culture is present. Difficulties arise when learning cultures and practices are imagined and/or projected from personal experiences, and when the focus on these imagined cultures and practices (or non-practices) leads to the imposition of a particular system by a group of agents with some power.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019GREAL007 |
Date | 06 September 2019 |
Creators | Croze, Emmanuelle |
Contributors | Grenoble Alpes, Mangenot, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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