Ce travail trouve son origine dans une carence du discours critique sur la religion dans le roman québécois et chez Anne Hébert en particulier, soit une absence d'analyse du jansénisme. Cette doctrine est pourtant considérée comme un élément structurant de la mentalité québécoise du XXe siècle. Et c'est une idée reçue, encore aujourd'hui, que l'Église du Québec en a été imprégnée. Il nous a paru qu'une étude sociopoétique, centrée sur les figures de l'ange et de la sorcière (appartenant à la fois au code catholique et au code folklorique), inscrites dans trois romans clés de notre auteure, nous permettrait d'aller plus avant sur cette question. À cette fin, notre thèse présente d'abord une typologie sommaire du jansénisme. Vient ensuite une description du paradoxe né du fait qu'une Église ultramontaine puisse être janséniste. Pour mieux comprendre le phénomène, nous esquissons l'horizon idéologique d'Anne Hébert et dégageons son projet d'écrivain pour aborder, dans un deuxième volet, les marques du phénomène janséniste dans notre corpus. Nous trouverons en filigrane, dans l'intertexte catholique et janséniste, des traces discursives du fameux manifeste des artistes: Refus global. Dans le troisième volet, notre analyse des procédés structuraux utilisés par Anne Hébert fera voir une transformation de la sorcière-magicienne en artiste-magicienne, nous amenant à constater le renversement des signes ange et sorcière, en même temps que le passage d'une dévalorisation à la valorisation de la femme et de l'art. Ce faisant, nous découvrirons enfin que la révolte d'Anne Hébert contre le mensonge et les contradictions que nous avons cherché à accentuer équivaut à une révolte contre un faux
« jansénisme », c'est-à-dire contre une mentalité qui est, en grande partie à tort, considérée comme représentative des port-royalistes. Car il s'agit chez elle d'une satire de la mentalité et du discours social ultramontains qui ont, pour ainsi dire, récupéré le vocabulaire janséniste, porteur de thèmes et de motifs qui intéressaient jadis profondément les port-royalistes (et sur lesquels ceux-ci ont médité avec tant d'intégrité), mais pour le détourner. L'usage qui est fait de l'intertexte catholique et folklorique dans les trois oeuvres examinées ici opère donc bel et bien un renversement des signes chrétiens, mais il n'y a pas renversement des valeurs évangéliques. En fait, ces valeurs sont rehaussées: elles sont très savamment, et de façon surprenante, mises en évidence. Par cette grande conclusion où se révèle l'art très raffiné d'Anne Hébert, nous pensons contribuer à remédier à l'occultation que nous avons au départ observée, dans le discours critique québécois. Nous espérons avoir tiré au jour un refoulé authentiquement chrétien à travers un discours et des formes narratives exemplaires. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Intertextes catholique, Folklorique et borduasien, Inversion parodique des images religieuses, Marques jansénistes positives et négatives (XVIIe – XXe siècles), Sorcière-magicienne-artiste, Écrivain fictif.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.890 |
Date | January 2007 |
Creators | Van Oordt, Christina H. |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Thèse acceptée, PeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/890/ |
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