Nous comparons deux manières de refuser le « problème de la perception » – la perception permet-elle de connaître la réalité dès lors qu’existent l’illusion et l’hallucination ? Austin et Merleau-Ponty critiquant le présupposé qui pense la perception comme étant vraie ou fausse, et affirmant la différence de la perception et de la pensée, parviennent-ils à penser une authentique vérité ? La thèse d’un « silence » des sens pour Austin, ou son insertion dans le sensible pour Merleau-Ponty sont-elles sceptiques ? Nous montrons : 1/ Qu’Austin pense une objectivité du vrai, qu’il soutient en reconsidérant le langage – en mettant l’accent sur l’acte que réalise la parole –, la signification – dépendante, mais non remplacée, par la valeur de cet acte –, et la vérité – ni une correspondance pré- donnée ni un accord intersubjectif contingent. 2/ Que, de manière similaire, Merleau-Ponty se concentre sur la parole et critique l’idéal d’adéquation, mais que, soucieux de « l’origine de la vérité », il conserve l’idée d’une signification originaire du perçu (et donc d’un silence qui n’est que de degré) et engage une réforme pour intégrer le sens à l’être, mais ne réussit pas, in fine, à rendre compte de la vérité dont il cherchait la source. 3/ Que ces réussites diverses peuvent être rapportées à l’entente que ces auteurs se font des conventions linguistiques : là où le couple de l’échantillon et du modèle permet à Austin de penser un rapport souple, mais non ambigu, entre le langage et le monde, Merleau-Ponty conserve de l’idéalisme une conception rigide du langage, où la sédimentation du sens est une dévitalisation. / We compare two ways of refusing the “problem of perception” – given the possibility of illusion and hallucination, does perception allow us to know reality? While both Austin and Merleau-Ponty reject the presupposition that perception can be true or false, and assert the difference between perception and thought, do they still manage to conceive a proper idea of truth? Are the austinian thesis of a “silence of the senses” and the insertion of silence in the senses by Merleau-Ponty sceptical thesis? We show: 1/ That Austin does believe in the objectivity of truth, which he shows by reconsidering language – focusing on the act of speech –, meaning – dependent on, but not replaced by, the value of this act –, and truth – neither a pre-given correspondence, nor a contingent intersubjective agreement. 2/ That, similarly, Merleau-Ponty focuses on speech and criticizes the ideal of adequacy, but that he also cares about the “origin of truth” and for that reason maintains the idea of an “originary meaning” of perception (and thus of a silence which is only relative) and reforms ontology in order to integrate meaning into being in such a way that he does not succeed finally in accounting for the truth he was looking for. 3/ That these different results should be linked to the way both philosophers understand linguistic conventions: whereas the couple of pattern and sample allows Austin to think a flexible and vivid, but non ambiguous, relationship between language and world, Merleau-Ponty inherits from idealism a rigid conception of language, for which the sedimentation of meaning is always a devitalization.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA010533 |
Date | 26 November 2015 |
Creators | Roux, Jeanne-Marie |
Contributors | Paris 1, Benoist, Jocelyn |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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