Cette thèse souhaite rendre intelligibles les expériences esthétiques puissantes qu'on nomme duende dans le flamenco. D'une part, le topos veut que le duende, parce qu'irrationnel et idiosyncrasique, constituerait une réalité indicible transcrite par un terme intraduisible. D'autre part, le flamenco est un genre artistique hybride dont il est difficile de cerner les limites : il s'alimente aussi bien au chant qu'à la musique instrumentale et à la danse, mêle les cultures populaire et savante et fait intervenir la spontanéité au sein d'un système de communication pourtant très codifié. Il pose donc des questions esthétiques singulières portant tout à la fois sur sa nature en tant qu'art, sur ses enjeux identitaires, mais aussi sur ses représentations, lesquelles, par un phénomène de contamination réciproque, semblent tout autant s'alimenter aux pratiques que les influencer en retour. Nombre de mythes et de clichés informent le flamenco depuis ses débuts, qu'ils émanent de la pensée commune, de l'activité artistique ou de la flamencologie. L'image d'un art démesuré, dont l'authenticité serait liée au débridement des instincts, gage d'une hypothétique « pureté », a largement fait fortune. Or, cette image apparaît par excellence dans les usages liés au duende. Tout se passe donc comme si, à étudier le duende, on était inévitablement renvoyé au flamenco, et réciproquement, alors même qu'ils constituent l'un pour l'autre des impensés. Comment, dès lors, approcher le flamenco par l'intermédiaire d'un phénomène apparemment insaisissable, et comment, en retour, approcher le duende par l'intermédiaire d'un art aux contours indistincts ? On formule ici l'hypothèse qu'à la condition d'adopter une conception souple de la définition, le duende devient définissable, et que, de surcroît, il nous livre le concept unificateur de certains des enjeux majeurs du flamenco. / This dissertation aims to make intelligible the powerful aesthetic experience called duende in flamenco. On the one hand, its irrational and idiosyncratic nature is viewed as an inexpressible reality designated by a term beyond translation. On the other hand, flamenco is a hybrid genre of art with ill-defined boundaries. It thrives on singing, instrumental music and dance, mixing popular and scholarly cultures spontaneously within a highly codified framework of communication. This triggers questions on the nature of flamenco as an art form, such as how it defines a cultural identity as well as the relations between representation, norms and practices that mutually influence each other. Since the beginning, flamenco has suffered from numerous myths and stereotypes originating from collective common thought, artistic practice or flamencology. The representation of an intense, instinctive and wild art defined by its excessiveness has long been stamped in the common knowledge as a proof of “purity”. This short-sighted and simplistic perception has thus imposed serious limitations on a rational analysis of the duende. It appears that the study of duende leads to flamenco and vice versa even if both are, so far, rather poorly defined concepts. How, then, to approach the study of flamenco through a seemingly elusive phenomenon, and how, in return, to approach the duende through art with indistinct contours? The necessary working hypothesis is then to use a flexible definition of the concept of duende, which allows for the possibility of a unifying concept for some of the majors' stakes of the flamenco.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLEE010 |
Date | 09 June 2018 |
Creators | Riegler, Anne-Sophie |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Wolff, Francis, Carcelén, Jean-François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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