La reconnaissance est généralement présentée soit comme une réussite soit comme un échec. Pourtant, les nombreux défis qui se présentent actuellement aux sociétés démocratiques occidentales obligent à chercher une porte de sortie à cette alternative tragique. Comment échapper au malheur de la reconnaissance ? La reconnaissance est le concept phare d'un ensemble de théories et de politiques très variées. Elle repose sur des identités et cultures à la base de la diversité. La diversité est la notion derrière laquelle se trouvent des politiques officielles et non-officielles de pluralisme, c'est-à-dire de promotion de la diversité. C'est là le cœur d'un problème majeur, à l'intersection entre politique, sociologie et philosophie. D'un côté la reconnaissance fige les facteurs de diversité ; de l'autre, la diversité, caractérisée par une prolifération d'identités et de cultures potentiellement variables au cours du temps et en partie fluides, bloque le processus de reconnaissance. Comment alors conjuguer diversité et reconnaissance ? En effet, la diversité empêche la reconnaissance et la reconnaissance empêche la diversité. L'une fait obstacle à l'autre. Introduire l'opérateur de l'échec dans le rouage de la diversité et de la reconnaissance permet d'identifier les zones les plus problématiques : les fondements même de la reconnaissance, les modalités de la non-reconnaissance, et la question de la violence, véritable angle-mort des théories et des politiques les plus courantes. Partant de ces difficultés, et après un travail de déconstruction, nous proposons une piste de reconstruction de la reconnaissance ainsi renouvelée, formée de trois pans, sous-tendus par le postulat d'une auto-détermination radicale des individus et des groupes. Le premier pan repose sur la séparation. Elle est résistance à l'uniformisation et à la conversion sous la forme, par exemple, d'une injonction à l'assimilation. Le deuxième pan concerne la diversité comme postulat d'une nouvelle politique de reconnaissance repensée à partir de la diversité. Les conséquences sont plus profondes au niveau individuel que collectif. Le troisième pan a trait au poids du passé dans la reconnaissance : désormais cette reconnaissance-là est sans réconciliation, sans rachat et sans réparation. Elle n'est plus un outil, mais une modalité des relations intersubjectives. Il ne s'agit pas d'ignorer les tragédies passées, bien au contraire ; mais plutôt de les prendre en compte pour élaborer un concept tourné vers l'avenir. / Recognition is typically presented either as a success, or as a failure. However the many challenges presented to Western democratic societies require that we look for a way out of is tragic duality. How can one escape the misfortune of recognition? Recognition is the foundational concept of a diverse array of theories and policies. It is based on the interplay among various identities and cultures which collectively constitute diversity. Diversity is the concept on which official and unofficial policies of pluralism, that is to say policies to promote diversity, are based. This is the heart of a significant problem at the intersection of politics, sociology and philosophy. On the one hand, recognition crystallizes factors of diversity. On the other hand, diversity as characterized by a proliferation of cultures that are fluid and potentially variable over time, blocks the recognition process. How then to combine diversity and recognition? Diversity prevents recognition and recognition prevents diversity. One precludes the other. Introducing the notion of failure in the interplay between diversity and recognition permits one to identify the most problematic areas: the very foundation of recognition, the terms of non-recognition, and the issue of violence which is the real blind-spot of the most common theories and policies. From these difficulties, and after an exercise in deconstruction, we propose a reconstruction of the concept of recognition, a renewed track, consisting of the sections underpinned by the postulate of the radical self-determination of individuals and groups. The first aspect rests on separation. Separation is resistance to conformity and conversion in the form, for example of an obligation to forced assimilation. The second aspect concerns diversity as a premise for a new policy of recognition conceived from the standpoint of diversity. The effects of this new policy are more significant at the individual level than at the collective level. The third aspect relates to the importance of the past assigned to recognition. This redesigned concept of recognition is without reconciliation, without atonement, and without compensation. This is not to ignore past tragedies, quite the contrary; but rather to take them into account in order to look to the future.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015USPCB186 |
Date | 31 October 2015 |
Creators | Segura, Eva |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Zarka, Yves Charles, Donegani, Jean-Marie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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