Les travaux présentés dans cette thèse s'intéressent à l'intime relation entre la rationalité de l'homme et sa conscience de la mort. Ils utilisent conjointement deux théories, la Théorie de la Gestion de la Terreur, et la théorie Dual-Process de la pensée. La Théorie de la Gestion de la Terreur décrit les mécanismes qui se déclenchent lorsque des pensées liées à notre propre mort sont activées. De façon importante, ces mécanismes consomment des ressources mentales que la théorie Dual-Process identifie comme nécessaires à la pensée rationnelle. Sommes-nous dès lors capables de raisonner de manière rationnelle lorsque nous pensons à notre propre mort ? En d'autres termes, pouvons-nous utiliser correctement notre capacité analytique lorsque des pensées liées à notre propre mort sont conscientes ? Les personnes ayant de grandes capacités cognitives sont elles mieux armées pour penser à la mort ? Quel est le réel impact des pensées de mort sur notre raisonnement, mais aussi sur nos jugements et décisions ? Nous cherchons à répondre à ces questions dans différents domaines de la pensée : les inférences logiques, les décisions stratégiques, et le jugement moral. Différents protocoles expérimentaux sont mis en œuvre dans le but d'explorer de manière exhaustive l'influence des pensées de mort lorsque nous devons utiliser ces hautes fonctions cognitives. Les résultats mettent en lumière de sinistres, mais fascinants effets et ce sur toutes nos activités nécessitant des ressources cognitives. De manière générale, les participants qui ont pensé à leur propre mort semblent ne plus avoir accès à leurs ressources cognitives et montrent par conséquent des comportements moins élaborés, intuitifs et heuristiques, au détriment des règles normatives de raisonnement. Ces découvertes laissent apparaître un étrange paradoxe en termes d'évolution et d'adaptation puisque nos capacités analytiques semblent finalement nous servir à oublier ce qu'elles nous ont justement fait découvrir. / The work presented in this thesis is concerned with the intimate relationship between human rationality and the consciousness of death. They jointly use two theories, that is, the terror management theory, and the dual-process theory of thinking. Terror management theory describes the mechanisms that are triggered when thoughts related to our own death are activated. Importantly, these mechanisms consume mental resources that the dual-process theory identifies as necessary for rational thought. Therefore, are we able to think rationally when thinking about our own death? In other words, can our analytical skills be efficiently used when thoughts of our own death are conscious? Are people with high cognitive abilities better equipped to think about death? What is the real impact of these thoughts on our reasoning, but also on our judgments and decisions? We seek to answer these questions in different areas of thought: logical inferences, strategic decisions, and moral judgment. Different experimental protocols are implemented in order to comprehensively explore the influence of thoughts of death while using these higher order cognitive functions. The results highlight grim, but fascinating effects on all our activities that require to mobilize cognitive resources. In general, participants who thought about their own death seem to no longer have access to their resources and therefore exhibit less elaborate behaviors, based on intuitions or heuristics, at the expense of normative rules of reasoning. These findings let appear a strange paradox in terms of evolution and adaptation because our analytical capacities finally seem to serve us to forget precisely what they made us discover.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013TOU20044 |
Date | 23 September 2013 |
Creators | Trémolière, Bastien |
Contributors | Toulouse 2, Bonnefon, Jean-François, Neys, Wim de |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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