Notre recherche porte sur l'identité narrative chez des enfants âgés de 6 à 12 ans accueillis en ITEP. Psychologue auprès d'«enfants violents» durant cinq ans, notre thèse est le fruit d'une démarche originale, qui s'appuie à la fois sur la psychopathologie, la psychanalyse, la philosophie et différentes sources culturelles. Pour Paul Ricœur, philosophe, l'homme est un être résolument narratif, un être pour qui l'impérieuse nécessité de raconter le monde et de se raconter fonde son essence même. Il s'agit de considérer ce qui demeure de la singularité d'un être au fil du temps, la façon dont il se vit et se raconte. Au travers de ce concept se fait jour une dialectique entre soi et l'autre, entre soi et l'étranger en soi (la mêmeté et l'ipséité). L'identité narrative, c'est la possibilité d'un écart réflexif face à l'évènement, c'est la fondation de l'expérience au regard de la temporalité. C'est donc un aspect de la conscience de soi, une expérience de l'intime, l'expression de la subjectivité telle qu'elle peut être partagée et transformée. Or, dans la clinique des enfants violents, nous observons que tous ont en commun d'échouer à se constituer un récit de vie, à se forger une expérience. Tout se passe comme si le sentiment de continuité dans l'existence (Winnicott) était un canevas troué, sans cesse remis sur le métier. La psychopathologie des enfants dits « violents » est complexe, elle se compose d'une symptomatologie très hétérogène, ancrée bien que possiblement labile, qui s'origine dans les liens précoces. On note la prévalence des difficultés d'apprentissage en lecture et écriture, des agirs violents plutôt qu'une mise en mots, un vécu émaillé de ruptures et d'évènements traumatiques, un difficile ancrage identitaire et filial et des identifications en souffrance. Au début de notre recherche, notre travail s'est orienté par ce que nous avons repéré comme les difficultés éprouvées par l'enfant violent à raconter une histoire et a fortiori à mettre en récit la sienne propre. Mais cette démarche se prolonge en ce qu'il s'agit de se demander en quoi l'identité narrative est un concept clé pour apporter une contribution à la compréhension des processus psychiques en jeu. Nous suivons ainsi la piste des processus de pensée obérés sur un fond temporel non constitué en tant que période de latence. En outre, il s'agit d'interroger la pertinence et les limites d'un tel abord psychothérapeutique, questions que nous posons à partir de 12 vignettes et de 8 cas d'enfants suivis en psychothérapie analytique 1 à 3 fois par semaine durant 1 à 4 années. Notre méthodologie de recherche repose sur des retranscriptions de séances de psychothérapie par le jeu, le dessin, les dialogues imaginaires et la parole. Nous avons pensé notre pratique clinique comme un espace pour mettre en mouvement les processus de subjectivation, choisissant ainsi de faire feu de tout bois à partir du matériau apporté par l'enfant. Nous portons notre attention sur les processus de symbolisation et leurs entraves, perceptibles dans le transfert. Le maniement de celui-ci permet de rejouer des enjeux présents, trop présents mais non psychisés, dans le lien aux objets premiers de ces enfants. Nous nous écartons résolument d'une logique évaluative et comportementale pour affirmer la valeur et l'actualité de la clinique du transfert dans ce champ, que l'on peut dénommer clinique de l'extrême. Nous nous appuyons principalement, à partir de la métapsychologie freudienne, sur les apports de Winnicott, de Ferenczi et de l'École lyonnaise. Nous précisons en quoi la philosophie ricœurienne constitue une figure d'altérité pour la psychanalyse et dégageons les lignes de tension épistémologiques entre l'un et l'autre champ. Enfin, notre recherche est animée par une visée politique : nous souhaitons témoigner de l'urgence humanitaire que constitue la situation de ces enfants en même temps que la nécessité, l'intérêt et la fécondité du travail thérapeutique auprès d'eux. / Our research focuses on the narrative identity of children aged 6 to 12 who are living with ITEP. Psychologist with "violent children" for five years, our thesis is the fruit of an original approach, which is based on both psychopathology, psychoanalysis, philosophy and different cultural sources. For Paul Ricoeur, philosopher, the man is a resolutely narrative being, a being for whom the imperious need to tell the world and to tell stories is the basis of its very essence. It is a question of considering what remains of the singularity of a being over time, the way he lives and tells himself. Through this concept comes a dialectic between oneself and the other, between oneself and the stranger in oneself (sameness and ipseity). The narrative identity is the possibility of a reflexive difference with the event, it is the foundation of the experience with regard to temporality. It is therefore an aspect of self-awareness, an experience of intimacy, the expression of subjectivity as it can be shared and transformed. However, in the clinic of violent children, we observe that all have in common to fail to constitute a story of life, to forge an experience. Everything happens as if the sense of continuity in existence (Winnicott) was a perforated canvas, constantly put back on the job. The psychopathology of so-called "violent" children is complex, it is composed of a very heterogeneous symptomatology, anchored although possibly labile, which originates in the early links. We note the prevalence of learning difficulties in reading and writing, violent acts rather than a putting into words, a lived enamelled ruptures and traumatic events, a difficult identity and filial anchorage and identifications in pain. At the beginning of our research, our work was guided by what we saw as the difficulties experienced by the abusive child in telling a story, let alone in narrating his own story. But this approach is prolonged in that it is a question of wondering why the narrative identity is a key concept to make a contribution to the understanding of the psychic processes at stake. We thus follow the path of the processes of thought obsessed on an unincorporated timebase as a latency period. In addition, it is questioning the relevance and the limits of such a psychotherapeutic approach, questions that we ask from 12 vignettes and 8 cases of children followed in analytical psychotherapy 1 to 3 times per week during 1 at 4 years old. Our research methodology is based on retranscriptions of psychotherapy sessions through play, drawing, imaginary dialogues and speech. We have thought of our clinical practice as a space to set in motion the processes of subjectivation, thus choosing to fire any wood from the material brought by the child. We focus our attention on symbolization processes and their hindrances, perceptible in the transfer. The handling of this one allows to replay present issues, too present but not psychised, in the link to the first objects of these children. We deviate resolutely from an evaluative and behavioral logic to assert the value and timeliness of the transfer clinic in this field, which can be called clinical extreme. We mainly rely, from Freudian metapsychology, on the contributions of Winnicott, Ferenczi and the Lyons school. We specify in what Ricerc philosophy constitutes a figure of otherness for the psychoanalysis and release the epistemological lines of tension between the one and the other field. Finally, our research is driven by a political aim: we wish to testify to the humanitarian urgency that is the situation of these children at the same time as the necessity, the interest and the fertility of the therapeutic work with them. / La nostra ricerca si concentra sull'identità narrativa dei bambini dai 6 ai 12 anni che vivono con ITEP. Psicologa con "bambini violenti" per cinque anni, la nostra tesi è il frutto di un approccio originale, che si basa sia su psicopatologia, psicoanalisi, filosofia e diverse fonti culturali. Per Paul Ricoeur, filosofo, l'uomo è un essere risolutamente narrativo, un essere per il quale l'imperioso bisogno di dire al mondo e di raccontare storie è la base della sua stessa essenza. Si tratta di considerare ciò che rimane della singolarità di un essere nel tempo, il modo in cui vive e si racconta. Attraverso questo concetto nasce una dialettica tra sé e l'altro, tra se stessi e lo straniero in se stessi (identità e ipseità). L'identità narrativa è la possibilità di una differenza riflessiva con l'evento, è il fondamento dell'esperienza in relazione alla temporalità. È quindi un aspetto dell'auto-consapevolezza, un'esperienza di intimità, l'espressione della soggettività come può essere condivisa e trasformata. Tuttavia, nella clinica dei bambini violenti, osserviamo che tutti hanno in comune il non riuscire a costituire una storia di vita, a forgiare un'esperienza. Tutto accade come se il senso di continuità dell'esistenza (Winnicott) fosse una tela perforata, costantemente rimessa sul lavoro. La psicopatologia dei cosiddetti bambini "violenti" è complessa, è composta da una sintomatologia molto eterogenea, ancorata sebbene possibilmente labili, che ha origine nei primi legami. Notiamo la prevalenza di difficoltà di apprendimento nella lettura e nella scrittura, atti violenti piuttosto che una messa in parole, una rottura smaltata vissuta e eventi traumatici, un'identità difficile e ancoraggio filiale e identificazioni nel dolore. All'inizio della nostra ricerca, il nostro lavoro è stato guidato da quelle che abbiamo visto come le difficoltà incontrate dal bambino violento nel raccontare una storia, per non parlare della sua storia. Ma questo approccio si prolunga nel fatto che si tratta di chiedersi perché l'identità narrativa sia un concetto chiave per dare un contributo alla comprensione dei processi psichici in gioco, quindi seguiamo il percorso dei processi di pensiero ossessionati da una base dei tempi non incorporata come periodo di latenza. Inoltre, mette in discussione la rilevanza e i limiti di un tale approccio psicoterapeutico, domande che chiediamo da 12 vignette e 8 casi di bambini seguiti in psicoterapia analitica 1-3 volte a settimana durante 1 a 4 anni. La nostra metodologia di ricerca si basa sulla ritrasmissione di sedute di psicoterapia attraverso il gioco, il disegno, i dialoghi immaginari e il parlato. Abbiamo pensato alla nostra pratica clinica come a uno spazio per mettere in moto i processi di soggettivazione, scegliendo così di licenziare qualsiasi legno dal materiale portato dal bambino. Concentriamo la nostra attenzione sui processi di simbolizzazione e sui loro ostacoli, percepibili nel trasferimento. La gestione di questo permette di riprodurre i problemi presenti, troppo presenti ma non psicizzati, nel collegamento ai primi oggetti di questi bambini. Ci scostiamo risolutamente da una logica valutativa e comportamentale per affermare il valore e la tempestività della clinica di trasferimento in questo campo, che può essere definito clinicamente estremo. Principalmente ci affidiamo, dalla metapsicologia freudiana, ai contributi di Winnicott, di Ferenczi e della scuola di Lione. Specifichiamo in che cosa la filosofia Ricœuriana costituisce una figura di alterità per la psicoanalisi e libera le linee di tensione epistemologica tra l'una e l'altra materia. Infine, la nostra ricerca è guidata da un obiettivo politico: desideriamo testimoniare l'urgenza umanitaria che è la situazione di questi bambini nello stesso momento della necessità, l'interesse e la fertilità del lavoro terapeutico con loro.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCB128 |
Date | 26 November 2018 |
Creators | Cacchioli-Georgelin, Mélanie |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Marty, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0038 seconds