Cette thèse explore la féminisation du VIH/sida au Sénégal et l'approche sénégalaise étatiste de lutte contre le sida. Elle remet en question l'idée reçue voulant que ce soit un modèle en matière de prévention du VIH, en matière de soins des personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH) et en tant que cadre institutionnel. En concevant 'les femmes et le VIH/sida' à partir d'une perspective féministe, elle présente une approche Femme/genre et développement qui pose les femmes et les relations de genre au centre d'une analyse de genre du contexte politique, économique, social et culturel qui sous-tend l'épidémie du VIH/sida au Sénégal et les politiques d'État en matière de VIH/sida. L'examen porte sur les multiples dimensions du phénomène de la féminisation du sida; la vulnérabilité sociale des femmes, le statut social et économique des femmes séropositives et leur accès aux soins et à du soutien et le rôle des femmes en tant que prestataires des soins aux PVVIH. Ceci est relié à une analyse des politiques étatiques et du rôle des groupements de femmes dans l'empowerment et à leur plaidoyer en faveur des femmes dans le contexte du VIH/sida. Il s'agit d'une recherche empirique avec un objectif pratique. Cette étude de cas se base principalement sur la recherche qualitative et une approche plurivariée qui comprend l'observation, la recherche d'archives, l'analyse des politiques et des entrevues semi-structurées avec des représentant-e-s de divers groupes d'acteurs sociaux pertinents dans le domaine du VIH/sida. Sont mises en rapport l'analyse féministe sociologique basée sur l'intersectionalité des oppressions du genre, et de la classe sociale et des relations nord-sud en ce qui a trait au VIH/sida et l'analyse politique féministe de l'État comme «hiérarchie genré» afin de révéler son rôle contradictoire dans la reproduction des inégalités de genre (hommes-femmes). L'analyse dégage le contexte des politiques étatiques sénégalaises en matière de VIH/sida et le cadre institutionnel d'élaboration de politiques qui limite son efficacité dans la lutte contre la féminisation du sida. La thèse démontre comment les rapports inégaux de genre dans la sphère privée, touchant la sexualité, le mariage et la famille expliquent en partie le risque élevé des femmes face au VIH, en soulignant que la classe sociale, le statut matrimonial et l'âge dans un contexte d'inégalités nord-sud différencient en termes de vulnérabilité sociale les diverses catégories de femmes. Cette recherche révèle les insuffisances de l'approche genre en matière de prévention du VIH qui résident dans l'accès inégal des femmes à l'éducation, aux techniques de dépistage du VIH et au condom féminin, conséquence des rapports inégaux de genre dans leur interaction avec d'autres inégalités sociales ainsi que du peu de programmes axés sur le renforcement de la capacité des femmes de négocier des rapports sexuels sécuritaires et l'utilisation du condom. La 'protection de la femme' plutôt que 'l'empowerment des femmes' est la conséquence de modèle de prévention 'ABC.' Il est démontré également comment les inégalités de genre se reproduisent dans les situations économiques et sociales dans lesquelles les femmes séropositives vivent. Elles se retrouvent davantage en dessous du seuil de la pauvreté et elles sont responsables du bien-être et du soutien économique de leurs enfants. Elles font face à une double discrimination en tant que femmes et séropositives. Des inégalités de genre, de classe sociale et de provenance (selon la région et selon la division nord-sud) façonnent leur accès aux soins médicaux et au soutien psychosocial. Les femmes portent le fardeau de la maladie en tant que prestataires de soins non-rémunérés aux personnes et familles atteintes et affectées par la maladie et elles subventionnent les insuffisances dans les services communautaires et étatiques. Ceci démontre comment les rapports inégaux de genre sont reproduits dans le modèle sénégalais de soins et soutien qui est basé sur une conception neutre selon le genre (gender-neutral) des PVVIH.
L'État sénégalais n'as pas de politique efficace en matière de genre et de VIH/sida car des relations de genre inégales et une culture politique de la domination masculine se reproduisent à l'intérieur du programme national de lutte contre le sida et des structures d'élaboration de politiques qui marginalisent les questions de genre et limitent la capacité des groupements de femmes de plaider en faveur des femmes. L'absence d'engagement face à une perspective de genre se manifeste dans la sous-représentation des femmes et experts de genre dans les structures et processus d'élaboration de politiques, dans la marginalisation des questions femmes et de genre dans les discours de politique en matière de VIH/sida, dans l'intégration inégale (mainstreaming) du genre dans les orientations stratégiques, priorités politiques et les cibles en ce qui concerne la prévention, les soins et le soutien des PVVIH, la recherche, les questions d'éthique et de droits humains, la surveillance et évaluation des mesures appliquées. Cette étude de cas démontre les insuffisances du modèle sénégalais et souligne la nécessité de mettre les questions de genre de l'avant dans les politiques, la recherche et les programmes en matière de VIH/sida. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes, VIH/sida, Genre et développement, Sénégal, État et politiques
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2063 |
Date | January 2009 |
Creators | Ship, Susan Judith |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Thèse acceptée, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2063/ |
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