Face cachée de la grande distribution, les entrepôts reçoivent les produits des fournisseurs et les distribuent aux magasins. Ils sont rattachés à un secteur relativement méconnu, la logistique, qui s'est progressivement autonomisé pour devenir un acteur majeur, bien que subalterne, des économies contemporaines. Cette thèse étudie les transformations induites par ce positionnement ainsi que les réformes organisationnelles et sociotechniques qui l'ont accompagné et qui ont fait de l'entrepôt une usine à colis dans laquelle des ouvriers produisent le flux. Des trajectoires professionnelles marquées par la contrainte et la pénibilité les amènent à composer avec l'intensification des tâches, le contrôle informatique des procédures, un temps de travail élastique et une rémunération au rendement, au sein d'un univers où il est difficile d'inscrire sa présence dans la durée. Lorsqu'ils revendiquent un attachement au métier ou une volonté de faire carrière, ils se heurtent à une déqualification des postes qui restreint les possibles en entrepôt. Plus que la relation marchande, ce sont des contraintes industrielles auxquels ils se confrontent au quotidien et qu'ils tentent de mettre à distance à défaut de toujours pouvoir les contourner. Dans ce contexte, la résistance des corps constitue une limite dont le dépassement est un enjeu individuel et collectif. La prise en charge informelle de la souffrance implique des équilibres précaires qui engagent l'individu dans et au-delà de son travail, alors que la problématique de santé intégrée à des dispositifs de gestion entraîne l'entrepôt vers un durcissement de la dynamique de rationalisation. / Warehouses - the hidden side of food retail firms - take in products sent in by suppliers and dispatch them to stores. They are part of a relatively little-known industry, the logistics sector, which progressively developed as an independent sector and became a major player, although subordinate, in contemporary economies. This thesis studies the transformations induced by this singular position as well as its consequent organizational and sociotechnical remodels that made the warehouse into a veritable « package factory » where workers produce the flow of merchandise. The workers' professional trajectories, marked by constraint and drudgery, lead them to cope with the intensification of their tasks, computerized monitoring and oversight of procedures, elastic shifts and hours as well as performance-based remuneration, all taking place in a world where keeping a long-term presence is proving difficult. When workers assert a real attachment to their trade or a desire to stake a career in it, they are confronted with a disqualification of the positions that limits the possibilities inside the warehouse. More than a commercial relationship, what these workers encounter and practice every day are industrial constraints, which they attempt to distance themselves from when they find no way of bypassing them. In this context, the resistance of bodies constitutes a limit, the surpassing of which is an individual and collective stake. The informal treatment of suffering implies some precarious balancing acts engaging the individual in their work as well as beyond, while the health issue, integrated into management mechanisms, is leading warehouses to a hardening of the rationalization -dynamic.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA01E058 |
Date | 06 December 2016 |
Creators | Gaborieau, David |
Contributors | Paris 1, Loriol, Marc |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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