Dans les cinq collèges aux caractéristiques socioculturelles très différentes enquêtés pour cette recherche, de 75,7 % à 84,2% des élèves ayant été sanctionnés (tous motifs confondus) sont des garçons. Ils représentent également de 84,2% à 97,6% des élèves sanctionnés pour« violence sur autrui ». Comment expliquer une telle asymétrie sexuée? Pourquoi n'attire-t-elle pas l'attention des équipes éducatives alors que le ministère de l'Education Nationale réaffirme à chaque rentrée scolaire le principe de l'égalité des sexes et que les effets négatifs des punitions données de manière excessive sont démontrés depuis longtemps? N'y a-t-il pas un paradoxe flagrant entre le discours égalitaire officiel et des pratiques qui en prennent le contre-pied, paradoxe d'autant plus criant que la sanction se veut désormais « éducative» ? L'univers scolaire est un espace/temps d'interactions inter-sexes ainsi que d'activation des stéréotypes de genre. Cette thèse propose de placer la variable genre au centre pour revisiter le système des sanctions et les transgressions auxquelles elles s'appliquent à la lumière des rapports sociaux de sexe. En effet d'une part la relation pédagogique est également une relation sexuée, d'autre part l'injonction à la virilité et à l'hétéronormativité encourage chez les garçons les attitudes de défi, les comportements violents, homophobes et sexistes. Au collège le règlement intérieur a force de Loi. Les garçons se trouvent pris dans une double contrainte normative: celle du règlement intérieur et celle de la virilité. L'attribution d'une sanction est un dispositif ritualisé, organisé à la fois pour la désignation du contrevenant et pour la manifestation du pouvoir qui punit, renforcé par l'appareil d'écriture qui l'accompagne (avertissements officiels, registre des sanctions, comptes rendus de conseils de discipline, etc.). La sanction est un acte performatif qui définit, confirme et consacre le comportement incriminé et, au-delà, le sujet de la sanction. Finalement l'appareil punitif scolaire, en stigmatisant les garçons par la punition, ne les consacre-t-il pas dans leur identité masculine, construisant ainsi lui-même ce qu'il prétend corriger? / In the five socially and culturally diverse secondary schools where this research was conducted, between 75,7% and 84,2% of the pupils disciplined were boys. They also represent between 84.2% and 97.7% of pupils disciplined for “violent conduct towards other pupils.” How are we to understand such an imbalance of the sexes? At the beginning of each school year the Ministry of Education reaffirms the principle of sexual equality and the negative effects of excessive punishment have been clearly shown for some time, yet this sexual imbalance still does not attract the attention of educational teams. Is there not here a clear paradox between the official egalitarian position and the daily practice to the contrary? And is this paradox not all the more flagrant when the idea of disciplinary sanctions is said to be ‘educational?’ The world of the secondary school is a place of interaction in time and space between the sexes as well as the establishment of gender stereotypes. This paper proposes placing the idea of gender variable at the centre in order to look again at the sanction system and at the transgressions to which it is applied in the light of social interaction between the sexes. On the one hand the pedagogical relationship a relation between sexes, on the other hand an appeal to virility and of heteronormativity encourages in boys attitudes of defiance, and of violent, homophobic and sexist conduct. In the secondary school, internal school rules have the force of law. Boys find themselves caught in a dual normative constraint. – that of internal rules and that of virility. The application of a disciplinary sanction is a form of ritual, organised both to designate the offender and to demonstrate the power of the punishing system, reinforced by the machinery of written documents which accompanies it, namely the official warnings, the recording in the sanctions register and the minutes of disciplinary hearings etc. The disciplinary sanction is a performative act which defines, confirms and consecrates the behaviour incriminated and, beyond this, the subject of the sanction. Finally, in stigmatising boys by the punishment it gives, does not the system of school punishment consecrate their masculine identity, while at the same time helping to construct what it seeks to correct?
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009BOR24666 |
Date | 26 November 2009 |
Creators | Ayral, Sylvie |
Contributors | Bordeaux 2, Debarbieux, Éric |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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