Tant pour les contemporains que pour les observateurs des XXe et XXIe siècles, la Première Guerre mondiale représente un épisode de l'histoire de l'Humanité particulièrement difficile à se représenter, que plusieurs ont qualifié de « guerre totale ». Ce concept, souvent utilisé comme synonyme une guerre d'extrême intensité, est généralement compris sous l'angle matériel; on parle de la mobilisation totale des ressources humaines, financières et matérielles. J'explore plutôt, dans cette recherche, l'intention de chercher à détruire totalement un ennemi au risque d'être soi-même détruit dans le processus. Car, comment peut-on en venir à jongler avec l'autodestruction sans que la guerre n'acquiert un sens logique, parce que nécessaire à sa propre survie, voire même désirable pour créer un avenir meilleur?
À cet effet, l'étude du cas canadien est particulièrement pertinente, car le dominion britannique, sans être objectivement menacé de destruction, a fourni un effort de guerre relativement comparable aux États européens occidentaux. Comprendre la « guerre totale » canadienne de 1914-1918 peut alors aider à comprendre celles d'autres pays et d'autres conflits. Je propose dans ce mémoire une analyse discursive basée sur l'image de guerre – dessins, caricatures et affiches – en deux temps. Tout d'abord, il se crée au niveau international un « vocabulaire » de la guerre totale partagé par les Alliés et constitué de mythes, images, et mots-clés qui permettent l'articulation d'un discours de guerre commun. Ensuite, le Canada intègre de manière différenciée ce discours pour des raisons politiques, ethnolinguistiques, culturelles, etc. La dynamique de création identitaire empruntée à l'international (« nous », les Alliés, contre « eux », les ennemis de la civilisation) se transpose au plan national, avec pour point d'orgue les élections de décembre 1917.
En observant comment le Canada réagit au stress de la guerre totale des Alliés, il est possible d'observer d'une autre manière que ne le propose l'historiographie traditionnelle les luttes politiques et sociales du dominion en guerre. Je propose un portrait de la société canadienne où l'identité, les idées, le genre, et l'appartenance à la communauté canadienne ne dépendent pas de l'ethnicité, mais plutôt de l'adhésion ou non aux buts de guerre totale avancés par les Alliés. En bref, l'appartenance à une communauté internationale d'idées en guerre – les Alliés – sert, selon cette analyse, de moteur aux acteurs nationalistes canadiens. / Ranging from contemporaries to observers of the XX and XIX centuries, the First World War is a part of human history difficult to portray that many have described as a “total war”. This concept, which is often employed as a synonym for a war of extreme intensity, is generally perceived from a material angle. In other words, it involves an all-out mobilisation of human, financial, and material resources. As part of this research, I focus on the intention to completely destroy the enemy at the risk of destroying oneself in the process. After all, why would actors think it logical to risk self-destruction in the war? Above all, this struggle needs to be perceived as logical, which would make it necessary for their own survival; it could even be perceived as desirable because it presages a better future.
For this reason, the study of the Canadian case is quite instructive because this British dominion, without objectively being threatened with destruction, has participated in a war effort in a way comparable to Western European states. Hence, understanding the concept of Canadian “total war” of 1914-1918 can enable us to better understand total war efforts of other countries and other conflicts. In this dissertation, I propose a twofold discursive analysis based on images of war—drawings, caricatures, and posters. In the first part, a new “vocabulary” of total war common to the Allies and comprised of myths, images and key words geared to the articulation of a common war language is created in the in the international arena. In the second part, Canada adopts this language, albeit in a differentiated form, for political, ethno-linguistic cultural, and many other reasons. The dynamic of identity creation is borrowed from abroad (“Us”, the Allies against “Them”, the enemies of civilisation) and is transposed to the national level, culminating during the elections of December 1917.
By observing how Canada reacted to the resulting stress of the total war effort of the Allies, it is possible to develop an alternative observation of political and social struggles of the Dominion at war that runs counter to traditional historiographies. I propose a portrait of Canadian society where identity, ideas, gender, and a sense of belonging to the Canadian community do not depend on one’s ethnicity, but rather on whether or not one supports the objectives of the total war put forth by the Allies. In brief, the sense of belonging to an international community of ideas at war—the Allies—, according to this analysis, is the guiding principle for nationalist Canadian actors.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/18338 |
Date | 04 1900 |
Creators | Dubé, Alexandre |
Contributors | Meren, David, Bouchard, Carl |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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