Traversant à eux trois l’ensemble du XXe siècle, Vladimir Nabokov, Romain Gary et Philip Roth sont issus de mondes géographiques, culturels et théoriques différents. Pourtant, leur œuvre et leur conception de la fiction présentent bien des affinités : une sensibilité cosmopolite, une réflexion sur l'écriture de la mémoire, un goût prononcé pour la mystification, un rapport au langage qui dote la lettre d’un puissant pouvoir d’incarnation. Ces écrivains confient à leurs personnages une réflexion sur l'exil et l’acculturation, sur l’impossible coïncidence de soi à soi liée au multilinguisme, au cosmopolitisme ou à la judéité. Refusant les étiquettes identitaires, ils sont animés par une même ambition : celle de se créer eux-mêmes, de repenser l'identité patrimoniale en lui substituant une identité réflexive et dynamique. Mettant en jeu différentes formes de transgressions (filiales, génériques, ontologiques), la fiction devient ce lieu où l'écrivain fait son autoportrait sériel et où le biographique est incessamment construit et déconstruit. Le personnage romanesque se décline en autant de variantes de soi, parfois polémiques, qui permettent de faire émerger une vérité sur soi. Mais cette vérité ne peut se dire qu'entre les lignes, entre les langues et dans une écriture polyphonique. La langue elle-même devient la cachette où l'écrivain tente de redonner la parole aux disparus. / Vladimir Nabokov, Romain Gary and Philip Roth are three 20th century writers who have different geographical, cultural and theoretical backgrounds. However, their works and their conceptions of fiction share many similarities: a cosmopolite sensibility, a reflection on writing memory, a strong interest in mystification, and a specific relation to language that endows words with a strong power of incarnation. These writers have their characters voice their reflection on exile and acculturation, as well as on the impossibility of self-coincidence, in relation to their multilingualism or Jewish identity. Nabokov, Gary and Roth distrust identity labels, and therefore share the same ambition : to create their own self, to rethink patrimonial identity by replacing it with a reflexive, dynamic one. Because fiction operates different forms of transgression (filial, generic, ontological), fiction becomes a place for the writer to create a serial self-portrait, where biography is constantly constructed and deconstructed. The multi-faceted self finds its incarnation in conversely multiple characters, some of them being sometimes polemical, and it enables the surfacing of a truth on oneself. This truth can only be found “between the lines”, in-between languages and in the polyphony of writing. Language itself becomes a hiding-place where the writer tries to retrieve the voices of the departed.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA040116 |
Date | 13 November 2017 |
Creators | Bernard, Sophie |
Contributors | Paris 4, Jurgenson, Lubov, Ksiazenicer-Matheron, Carole |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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