La Bretagne est traversée par une frontière linguistique séparant historiquement la Basse-Bretagne de langue celtique (le breton) et la Haute-Bretagne de langue romane (le gallo). En zone frontalière, la différence linguistique sert de support à des représentations stéréotypées de l’Autre et de sa langue. Bien que la limite ait longtemps été mouvante, que des échanges aient toujours eu lieu et que les histoires familiales mêlent fréquemment des personnes originaires des deux côtés, deux groupes présentés comme étanches sont constitués de longue date, les « Bretons » et les « Gallos ». En créant une altérité en apparence évidente, la frontière linguistique permet aux uns et aux autres, dans un double mouvement, de se différencier de leurs voisins et de s’identifier à leur groupe. L’analyse des représentations fait apparaître une forte asymétrie, nettement en faveur des Bas-Bretons et du breton, tandis que les Hauts-Bretons et le gallo sont souvent ignorés, voire font l’objet d’un franc mépris. Cette asymétrie va de pair avec une survalorisation de la Basse-Bretagne dans les discours sur l’identité bretonne face à une Haute-Bretagne fréquemment occultée. De nos jours, ces représentations anciennes continuent à influer sur les pratiques, le gallo faisant l’objet d’une faible mobilisation et ses locuteurs obtenant peu de moyens susceptibles d’aider à inverser le mouvement de déclin. La frontière est source de tensions au sein du mouvement de revitalisation des langues de Bretagne, qu’on la considère obsolète ou que l’on souhaite s’appuyer sur elle pour faire respecter un territoire et revendiquer des droits linguistiques. / Brittany is divided by a language boundary that has historically separated Lower Brittany, where the Celtic language of Breton is spoken, from Upper Brittany, where people speak the Romance language of Gallo. In the border zone, this linguistic difference is used in support of stereotypical representations of the Other and his/her language. Although the boundary has long been instable, although exchanges have always taken place, and although family histories frequently mix people originating on either side, discourses have long invoked two groups constituted as hermetic: “Bretons” and “Gallos.” By creating a readily visible axis of alterity, the linguistic boundary permits people on either side to differentiate themselves from their neighbors and, simultaneously, to identify with their own group. Analyses of these representations reveal a marked asymmetry, clearly in favor of Lower Bretons and the Breton language, while Upper Bretons and Gallo are often ignored, or even made objects of open disdain. This asymmetry corresponds to an overvaluation of Lower Brittany in discourses about Breton identity, which frequently leaves Upper Brittany elided. At present, these longstanding representations continue to influence practices, Gallo being the object of less social mobilization and its speakers receiving less assistance in reversing language shift. The border is the source of tensions at the heart of Brittany’s language revitalization movement, whether one considers it to be obsolete or uses it to gain respect for a territory or to claim language rights
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018REN20029 |
Date | 05 July 2018 |
Creators | Diaz, Anne |
Contributors | Rennes 2, Le Coadic, Ronan, Pesteil, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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