Plusieurs patients du cancer au Cameroun pensent que leur état résulte d’une attaque de sorcellerie. Les auteurs en contexte africain attribuent cette thématique persécutrice au caractère collectiviste de la société qui fait de l’individu, en cas de maladie, la scène d’expression d’un conflit interpersonnel et communautaire. Nous tentons de montrer qu’au-delà de cet enjeu groupal, le vécu de persécution et son expression remplissent une fonction narcissique au niveau individuel. Le thème de la persécution chez la plupart de ces patients constitue un déni de la maladie, un moyen d’inhibition de l’angoisse de mort afférent à celle-ci, une expression du sentiment de toute puissance et d’immortalité caractéristique du narcissisme. Ainsi, il s’accompagne d’une hypertrophie du moi du sujet, lequel se croît envié par une personne de la génération parentale dans une lutte œdipienne mais parfois aussi de la même génération. Il s’agirait en réalité d’une forte réaction au vécu de catastrophe narcissique suscitée par le cancer.Le vécu et l’expression du thème de la persécution est aussi la recherche d’une protection contre la détresse liée au cancer par une fuite dans l’imaginaire observée chez les malades parfois même en milieu occidental. Ce qui favorise une richesse imaginaire en contradiction avec l’idée de démentalisation des malades somatiques soutenue par l’école psychosomatique de Paris notamment. Mais les patients sont débordés par cet imaginaire, ce qui leur ôte l’aptitude de l’élaboration mentale, et ne débouche pas sur une mentalisation et une symbolisation langagière. Par ailleurs, le vécu et l’expression du thème de la persécution s’est révélé être un moyen d’affirmation subjective pour des sujets aux prises avec des alliances narcissiques aliénantes. / Several cancer patients in Cameroon think that their sickness is the outcome of a witchcraft attack. Authors in the African context ascribe the theme of persecution to the collectivist character of the society that make the individual, in case of illness, the scene of expression of an interpersonal and community conflict. We try to show that beyond that goupal stakes, the experience and the feeling of persecution fulfils a narcissistic function at the individual level. The theme of persecution among most of these patients is a denial of the sickness, a mean of inhibition of anguish of death related to it, an expression of the feeling of omnipotence and immortality proper to narcissism. Thus, it is accompanied of an ego hypertrophy, which believes to be envied by a person of the parental generation in an Oedipian fight, but at times also with somebody of the same generation. It would be in reality a strong reaction to an experience of catastrophe provoked by cancer. The feeling and expression of the theme of persecution is also a search for a protection against the distress related to cancer by a escape in the imaginary observed among the patients even in the western milieu. This favors an imaginary affluence in contradiction with the idea of deficit of mentalising of somatic patients supported by Ecole psychosomatique de Paris. But these patients are overwhelmed by this imaginary richness, and this deprives them from the mental elaboration ability, and doesn’t lead to a mentalising and language symbolization. Moreover, the feeling and expression of the theme of persecution is also a mean of subjective affirmation for subjects confronted to alienating narcissistic alliances.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LYSE2045 |
Date | 26 June 2017 |
Creators | Mambou Nouemssi, Jean-Pierre |
Contributors | Lyon, Dumet, Nathalie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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