La thèse analyse les conceptions pré-modernes du laid en confrontant les traités philosophiques, rhétoriques, poétiques et artistiques italiens et français de la Renaissance à la première moitié du dix-septième siècle. En tant que difformité physique, le laid est considéré comme une transgression des normes du corps : il met en question la conception de la mimésis comme imitation idéalisante et permet de repenser la nature de la représentation. Le laid est en outre conçu comme le signe du vice : l’étude cherche à reconstituer le paradigme physiognomonique qui sous-tend cette interprétation traditionnelle du corps et s’interroge sur ses limites en examinant le paradoxe de la laideur de Socrate. Les interprétations morales de la difformité mettent en jeu différentes fonctions sémiotiques de la représentation. Dans la topique héritée de la scolastique, la mimésis du laid vise à stigmatiser les défauts moraux, comme le montrent les allégories des vices et les satires ; de son côté, la difformité paradoxale donne lieu à une herméneutique du texte et de l’image. Enfin, le laid tient à son effet sur le destinataire. Si le laid est traditionnellement appréhendé comme un objet repoussant, sa représentation vise à susciter l’effet inverse, selon les poétiques et les traités d’art inspirés d’Aristote. L’analyse de ce plaisir paradoxal met en lumière les qualités cognitives et esthétiques de la mimésis. Au seuil de la modernité, la question du laid est à la croisée des problématiques morales héritées de l’Antiquité, et des réflexions esthétiques qui se développeront pleinement du dix-huitième siècle à nos jours, notamment dans les théories de la fiction. / Through cross-analysis of French and Italian philosophical, rhetorical, poetic, and artistic treatises from the Renaissance to the first half of the seventeenth century, this study seeks to understand what the early modern period conceived of the ugly. In terms of physical deformity, the ugly is considered as a transgression of the norms of the body: it questions the concept of mimesis as an idealised imitation and allows a reconsideration of the nature of representation. Furthermore, the ugly is seen as the sign of vice: this study looks to reconstruct the physiognomical paradigm which underlies this traditional interpretation of the body and to question its limits through examining Socrates’ paradoxical ugliness. Moral interpretations of deformity bring different semiotic functions of representation into play. In the topic inherited from scholasticism, mimesis of the ugly aims to stigmatise moral defects, as they are represented in allegories about vice and satire. Paradoxical deformity, for its part, gives rise to hermeneutics of text and image. Finally, the ugly is concerned with its effect on its recipient. If the ugly is traditionally understood as a repellent object, its representation aims to arouse the inverse effect, according to the poetics and treatises on art inspired by Aristotle. Analysis of this paradoxical pleasure highlights the aesthetic and cognitive qualities of mimesis. At the brink of modernity, the question of the ugly is at the crossroads of moral issues that stem from the Antiquity, and of aesthetic reflections which develop more fully from the eighteenth century to the present day, notably in theories on fiction.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040218 |
Date | 08 December 2015 |
Creators | Robin, Diane |
Contributors | Paris 4, Lecercle, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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