Le Bhoutan a mis en place au début des années 1990 une politique nationaliste « One nation, one people » imposant comme caractéristiques identitaires une seule langue, le dzongkha, et une seule série de règles (vestimentaires et autres), le Driglam namzha, héritée d'un lointain monarque. Cette orientation politique a eu des conséquences directes sur des ethnies dont les traits identitaires sont différents de cette norme et, notamment, sur une population népalophone appelée Lhotsampa, habitant le sud du pays et ayant, pour la majorité, acquis légalement la citoyenneté bhoutanaise en 1958. Environ 100 000 personnes ont choisi ou ont été forcées de choisir l'exode, mais le retour vers le pays de leurs ancêtres, le Népal, les a confinées dans des camps de réfugiés au sud-est du pays. Leur situation d'apatridie a duré environ dix-sept ans, et se poursuit encore pour certains, jusqu'à l'ouverture de sept pays occidentaux à une réinstallation sur leur sol. Le Canada a ainsi sélectionné 5 000 réfugiés entre 2007 et 2011, et ces personnes arrivent régulièrement, notamment dans quatre villes d'accueil du Québec, à savoir Joliette, Québec, Saint-Jérôme et Sherbrooke. Comment se déroule cette réinstallation, particulièrement à Saint-Jérôme? Ce mémoire a pour but de comprendre comment ces réfugiés définissent leur identité, dans le contexte de leur réétablissement à Saint-Jérôme, au Québec. Dans cette construction identitaire actuelle, nous nous intéressons au rôle que joue la religion, la majorité d'entre eux étant indoue. Pour parvenir à ces buts, nous avons réalisé pendant les deux dernières années une observation participante et nous avons réalisé des entrevues auprès de trois générations, puisque chacune a eu un parcours de vie différent vis-à-vis du Bhoutan. Nous avons ainsi saisi que leur identité se définit selon un continuum, de Bhoutanais à Népalais, selon l'âge des répondants. Nous avons mis en évidence le rôle de la famille, en mettant en valeur des relations familiales de substitution que plusieurs se constituent, pour pallier l'absence de membres importants. La religion reste également un facteur primordial dans leur réinstallation, au niveau individuel comme au plan collectif, même si l'absence de temple dans la ville d'accueil pose des problèmes auxquels des initiatives d'ordre mésosocial, comme les définit Barth (2000), ont apporté des éléments de réponse. Le rapport social où se dessinent les frontières mouvantes de l'ethnicité (Juteau, 1999; Bastenier, 2004) est donc en construction, laissant parfois transparaître des rapports interculturels, mais aussi d'autres relations plus difficiles à assoir. L'histoire commune est en tout cas un ciment profond pour ce groupe.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : ethnicité, religion, indouisme, Bhoutan, Népal.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5396 |
Date | 08 1900 |
Creators | Halsouet, Béatrice |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/5396/ |
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