Cette thèse de doctorat étudie les évolutions électorales et partisanes qui se sont produites en France depuis les années 1980, en avançant l'hypothèse d'une rupture lors des élections de 2007. L'analyse du changement électoral s'opère à travers le prisme de la théorie des réalignements et de la théorie de clivages. Ces théories permettent d'articuler les changements de moyen terme, qui relèvent d'une redéfinition du contenu de l'affrontement politique et les changements de long terme, qui renvoient aux mutations de la société et aux grandes lignes de fracture qui la traversent. Pour comprendre le sens d'une élection, il est nécessaire de la replacer dans son enchaînement historique, afin de prendre en compte le chemin de dépendance dans lequel elle s'inscrit ou avec lequel elle rompt. A ce titre, cette thèse souligne l'importance de la périodisation pour rendre plus intelligible la complexité de la vie politique et différencier le changement « spectaculaire » du changement « fondamental ».A partir de la mise en évidence d'un ordre électoral qui s'est cristallisé en 1984, ce travail de thèse analyse les éléments de remise en cause de cet ordre en 2007, en étudiant les résultats électoraux et des données d'enquêtes. La rupture de 2007 ne découle pas d'un choc extérieur au système politique, mais de la stratégie de droitisation de Nicolas Sarkozy, qui débouche sur un rapprochement des électorats de l'UMP et du FN. Depuis 2007, l'ordre électoral ne s'est pas rétabli malgré le redressement du FN. La « révolution Sarkozy » de 2007 n'a pas été effacée, en raison de la poursuite de la radicalisation de l'UMP, tandis que le centre demeure isolé et que la gauche se retrouve dans une impasse, après être revenue au pouvoir. Le désordre observé depuis 2007, avec une forte volatilité électorale et le développement de nouveaux enjeux, correspond à une nouvelle phase de réalignement à l'issue encore incertaine. / This doctoral thesis studies partisan and electoral evolutions in France since the 1980s. The main hypothesis is that the 2007 elections represent a moment of rupture. Analysis of electoral change relies on realignment theory and cleavage theory. These theories help to articulate medium-term changes, which result from a reshaping of the political competition and long term changes, which stem from evolutions of society and of its main lines of division. An election, in order to be understood, needs to be replaced in a historical perspective, taking into account the path dependence in which it stands or from which it departs. This PhD thesis stresses the importance of periodization for making sense of the complexity of political phenomena, while distinguishing ‘spectacular' change from ‘fundamental' change.Using electoral results and survey data, we first analyze the electoral order instituted in 1984, and second, we explore the features which mark its collapse in 2007. We show that the rupture of 2007 does not result from an external shock, but rather from Nicolas Sarkozy's ‘race to the right' political strategy which put the FN and UMP electorates closer together. Since 2007, the old electoral order has not been reestablished, despite the recovery of the FN. The ‘Sarkozy revolution' of 2007 has not been erased because of the continuing radicalization of the UMP, while the centre is isolated and the left is in disarray following its comeback to power. The disorder observed since 2007, characterized by a high electoral volatility and the rise of new issues, represents a new realignment era with an uncertain future.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014GRENH038 |
Date | 04 December 2014 |
Creators | Labouret, Simon |
Contributors | Grenoble, Martin, Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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