Sur fond de revendications sociales et culturelles, l’émergence d’une « conscience noire », mobilisant très activement la mémoire de l’esclavage et les thématiques de discrimination et de visibilité politique et médiatique, s’est produite dans les arènes publiques françaises au début de l’année 2005. Dans une société qui fait de son principe universaliste son crédo, cette apparition pose question. Identifiée par les médias comme étant l’expression d’une « question noire », ces mouvements revendicatifs, émis par un ensemble d’acteurs organisationnels, interrogent sur leur contenu, sur les raisons de leur émission et sur le profil des personnes qui les ont exprimés. Cette recherche sociologique, dont l’objectif est de mettre en évidence la diversité de cette problématique noire, repose sur une enquête de terrain menée sur cinq organisations ayant alimenté cette question et dont l’objectif était d’amener leurs revendications sur le terrain politique. Désignées comme noires, ces organisations, par leur auto-définition et par leurs discours, révèlent l’absence d’unification autour d’une « conscience noire » commune réfutant alors toute idée d’unité de la « question noire ». Les facteurs et les conflits qui opposent notamment les différentes mémoires noires, selon qu’elles concernent les Antillais ou les migrants africains, témoignent de l’existence de plusieurs questions noires. Ces mémoires sont différemment construites et valorisées selon les demandes et les critiques sociales émises par chacun des collectifs. De même, ces derniers, n’aspirant pas à représenter la même population selon qu’ils se revendiquent Antillais, Noirs, Africains ou descendants d’esclaves et de colonisés, combinent et hiérarchisent à leur manière des logiques d’action à partir de leur propre expérience sociale. Deux observations complètent alors cette étude : d’une part le hiatus qui s’est cristallisé entre ces collectivités militantes et les populations noires qu’elles affirment représenter, d’autre part la transformation de l’imaginaire national français qui est interrogé sur sa capacité à intégrer les spécificités propres aux populations noires françaises qui affectent le récit républicain national. / In 2005, a black consciousness arise from social and cultural claims reaffirming “slave memory” and discrimination in public sphere and questioning political and media-related visibility of the ones mobilised. This movement, described as the expression of “la question noire”, interrogates the protagonist’s profile and their involvement. This sociological research underlines the diversity of this question. An investigation has been carried out on five organizations with political claims and reveals the non-unification around a common black “consciousness”, disproving the idea of a “black question” unity. The different conceptions of “slave memory”, according to French carribean or Africans migrants concerns, shows several black questions reality based on different social criticism. As a consequence, a diversity of actions exists according to the social experience of these groups. Finally, the study reveals two tendencies. Firstly, the presence of a hiatus between these activist groups and black populations they consider that they represent. Secondly, the transformation of French national imaginary and the reassessment of its capacity to integrate black French populations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010BOR21732 |
Date | 27 October 2010 |
Creators | Lopez, Yoann |
Contributors | Bordeaux 2, Dubet, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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