Cette étude présente, dans le sillage des travaux sur la construction des identités des communautés italiennes à l’étranger, les modalités de rassemblement et d’unification de la colonie italienne du Caire de 1861 à la Première Guerre mondiale et ses vecteurs identitaires. Elle remet en question à cette occasion la vision littéraire du cosmopolitisme égyptien au XIXe siècle, de cet âge d’or dont on déplore la disparition, tout en mettant en évidence le mouvement véritablement cosmopolite des revendications sociales et indépendantistes du début du XXe siècle. Une étude des liens de sociabilités formels de la colonie italienne du Caire et de son discours identitaire permet en effet d’observer de manière approfondie le discours tenu par les associations de la colonie autour du cosmopolitisme et d’en observer l’inadéquation à la réalité. Le cosmopolitisme est surtout employé comme justification de la présence italienne en Egypte et comme moyen de se démarquer face aux colonies françaises, grecques et anglaises. Par ailleurs la colonie cairote à partir des années 1880 se compose d’une majorité d’ouvriers et artisans. L’étude des sociabilités informelles (liens d’amitié, de parenté, relations de voisinage et de travail) permet d’observer les rapports de la colonie au sens large avec le milieu cairote, qui sont caractérisés par des relations s’inscrivant dans une indifférence réciproque ponctuée de désordres imprévisibles plutôt que dans le cosmopolitisme tant vanté par les textes littéraires. Pourtant ce cosmopolitisme a une réalité car il est présent au cours des luttes sociales du Caire du début des années 1900 à travers l’union des ouvriers italiens, grecs et égyptiens dans les premiers mouvements de grève cairote. L’insertion des anarchistes italiens dans ce contexte permet de relier ces évènements à un mouvement plus global de luttes sociales à travers l’Europe et même l’Amérique latine, annonciateur de modernité. / In the wake of previous works on the building of identities of Italian communities abroad, this study analyses how the Italian community of Cairo took shape from 1861 until the First World Wide War, as well as its identity factors. In doing so, it questions the litterary claim of a true Egyptian cosmopolitism in the ninetieth century, this much missed golden age, but also highlights the truly cosmopolitan movement of social and independence demands of the early twentieth century. Indeed, the study of formal social ties of Cairo Italian colony and its identity discourse leads to great detail on the official speech of its societies about cosmopolitism and puts it largely into perspective. Cosmopolitanism appears to be mainly claimed as a justification of the Italian presence in Egypt and as a way to stand apart from the French, Greek and English colonies. Moreover, the Cairo colony of 1880 consisted mainly of workers and craftsmen. The study of informal social relationships (friendships, family ties, neighborhood and work bonds) shows the links of the colony as a whole with its Cairo environment were characterized by mutual indifference punctuated by unpredictable disturbances - as opposed to the much touted cosmopolitanism claimed by literary texts. Yet cosmopolitism actually did exist as it was present in Cairo social struggles in the early 1900s through the union of Italian, Greek and Egyptian workers during the first strikes ever to happen in the city. The participation of Italian anarchists in this context made these events part of a global movement of social struggles across Europe and even Latin America that were the promise of a new modern era.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA030096 |
Date | 18 November 2013 |
Creators | Bardinet, Marie-Amélie |
Contributors | Paris 3, Vegliante, Jean-Charles, Pécout, Gilles |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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