Les Nisga'a de la Colombie-Britannique expérimentent un nouveau modèle de gouvernance socio-territoriale, en partie inspiré de la territorialité de la majorité allochtone occidentale. Ils sont les premiers à avoir conclu, en 1998, au sein de cette province canadienne, un traité qui leur donne depuis 2009 l'accès à la propriété privée. Nous souhaitons réfléchir, dans ce mémoire, sur les reconfigurations politiques, culturelles et identitaires que peut entraîner ce nouveau rapport au territoire, alors que la propriété privée transcende son expression juridique pour s'articuler à un niveau symbolique et infère, par le fait même, un mode d'habiter qui lui est propre. Nous proposons d'explorer l'hypothèse selon laquelle la propriété privée, bien qu'elle participe d'un rapport individuel et matériel avec le territoire, largement promulgué par la société canadienne et ses institutions, permet aux Autochtones d'y réaffirmer certaines dimensions de leur identité, car elle leur accorde une plus grande liberté politique et économique. Afin de vérifier notre postulat, nous avons interrogé 17 membres de la nation nisga'a et 1 non-Nisga'a œuvrant au sein de leur gouvernement. L'analyse des résultats révèle que la propriété privée, en générant une occidentalisation des territoires résidentiels en vertu d'un mode de gestion essentiellement calqué sur celui de la société majoritaire, participe d'une distanciation croissante entre les différentes échelles qui composent le territoire nisga'a et les référentiels identitaires et culturels qui s'y rattachent. Cette distanciation a deux conséquences : elle permet aux territorialités plurielles, voire hybrides des Nisga'a de s'exprimer, mais participe également d'un habiter moins harmonieux alors que les dimensions matérielle et immatérielle qui structurent leur territorialité se trouvent en quelque sorte davantage dissociées. Ainsi, bien que pareil mode d'habiter puisse répondre à certains des besoins géo-identitaires des Nisga'a, il remet en cause divers fondements de leurs rapports Humanité/Nature et Territoire/Culture, témoignant ainsi du difficile équilibre à atteindre entre le développement économique et la réaffirmation culturelle des Autochtones au Canada.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Territorialités autochtones, identité, régimes fonciers, propriété privée, autodétermination, gestion du territoire, développement économique.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5402 |
Date | 02 1900 |
Creators | Gagnon, Justine |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/5402/ |
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