La majorité des travaux en économie sur la Palestine semblent déterminés par le projet, explicite ou non, de surmonter l'omniprésence du conflit entre Palestiniens et Israéliens. Ceci coïncide avec la pensée économique standard qui place le marché au centre de ses attentions, et entend s’affranchir de l’existence de « faits de pouvoir » dans les rapports sociaux. En présentant le politique comme un obstacle au bon fonctionnement de l'économie, le souhait est ainsi exprimé de voir celle-ci s'imposer comme une alternative à celui-là. Ces travaux-là sont dominants ; ils participent à la formulation des politiques et orientent le versement de l'aide financière internationale. J'envisage pour ma part la paupérisation de la société palestinienne comme une conséquence de la politique coloniale de dépossession dont les conséquences sont la dépendance économique mais aussi la perte d'autonomie politique des Palestiniens. Ainsi dès l’époque du mandat britannique, la colonisation de la Palestine par le mouvement sioniste se fait au détriment de la présence arabe palestinienne. En Israël après 1948, puis dans les territoires nouvellement occupés de Cisjordanie et de Gaza à partir de 1967, ce processus de dépossession va de pair avec une intégration économique qui perdure à ce jour. Pendant ce temps, le processus de paix entamé en 1993 participe à l'ébauche d'une région pacifiée et intégrée dans la globalisation néolibérale sous hégémonie américaine. Dès lors le transfert de fonds institué par l'aide financière internationale, l'exhortation faite par la Communauté internationale aux Palestiniens de participer aux objectifs de croissance économique et de développement, ainsi que l'intégration de l'économie palestinienne dans l'économie israélienne et dans la globalisation, sont un moyen éminemment politique d'évacuer en apparence les rapports de domination et d'inviter la société palestinienne à s'en accommoder. En ce sens, l’économie, de même que la politique, doit ici être considérée comme « la guerre continuée par d’autres moyens ». / Most economic studies that have been done on Palestine are committed, whether explicitly or not, to overcome the ubiquity of the conflict between Palestinians and Israelis. Indeed, this is in line with standard economic thinking which places the market at the center of its interests, and overlooks “facts of power” in social relations. Yet, at the same time, they manage to show that politics is an obstacle to the flow of the economy, and therefore, express their wish that the latter becomes an alternative to the former. These works are dominant; they contribute to policy-making and guide the spending of international financial aid to Palestinians.By contrast, I consider the pauperization of Palestinian society a result of the colonial policy of dispossession. The consequences of this policy are manifest in the economic dependency of Palestinians, hence the loss of political autonomy. Indeed, since the British Mandate of Palestine, Zionist colonization of the country came at the expense of the Palestinian Arab presence. In Israel, after 1948, and in the newly occupied West Bank and Gaza Strip, after 67, this process of dispossession went hand in hand with an economic integration that has continued until this day.In parallel, the peace process that had begun in Oslo in 1993 contributed to the modeling of a subjugated area integrated into neoliberal globalization under US hegemony. Thus, the transfer of funds established by international financial aid, the exhortation made by the international community to the Palestinians to participate in the economic growth and development, as well as the integration of the Palestinian economy in the Israeli economy and in globalization, should be considered highly political strategies to eliminate ostensibly relations of power, and therefore, invite Palestinians to accept their subjugation. In that sense, economics as well as politics, appear to be “war by other means”.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA090021 |
Date | 26 June 2015 |
Creators | Al-Labadi, Taher |
Contributors | Paris 9, Théret, Bruno |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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