Les discriminations se sont finalement imposées comme l’un des mécanismes de production des inégalités qui jalonnent la société française et participent à la constitution de groupes de populations minorisés. Cette thèse aborde la question de la perception, de l’identification et de la dénonciation des discriminations racistes et sexistes sous un angle méthodologique à partir des données de l’enquête Trajectoires et Origines (TeO). Il n’existe pas de correspondance automatique entre les discriminations telles qu’elles se produisent et leurs déclarations. Cette thèse invalide les soupçons de sur déclaration des discriminations racistes qu’implique leur enregistrement massif et confirme l’existence d’une sous-déclaration des discriminations sexistes qui les fait apparaître comme un phénomène marginal. L’enquête TeO parvient à contourner les obstacles qui limitent les déclarations de discriminations racistes que sont le doute, le rejet d’un positionnement victimaire, la valorisation du mérite, la résignation mais ne parvient pas à pallier les mécanismes qui inhibent les déclarations de discriminations sexistes. Le déficit de sensibilisation des femmes, le discrédit du féminisme, leur intériorisation associée à leur caractère principalement systémique rendent les discriminations sexistes insaisissables. De plus, l’analyse intersectionnelle met au jour comment le croisement d’une situation de dominant liée au sexe à une situation de dominé liée à la prétendue race place les hommes racisés au cœur d’une intersection génératrice de tensions qui rendent les discriminations à leur encontre plus manifestes que celles subies par les femmes racisées. / Discrimination has finally been acknowledged as one of the mechanisms behind the inequality that pervades French society and contributes to the formation of minoritized population groups. The present doctoral thesis explores the perception, identification and reporting of racial and sexist discrimination from a methodological perspective, drawing on data from the Trajectories and Origins (TeO) survey. There is no automatic correspondence between occurrences of discrimination and their reporting. This thesis refutes the suspicion that racial discrimination is over-reported, fed by the huge volume of recorded cases, and confirms the massive under-reporting of sexist discrimination, which makes it appear a marginal phenomenon. While the TeO survey successfully circumvented the obstacles that traditionally deter respondents from reporting racial discrimination, namely doubt, resignation, a refusal of victimhood and a belief in merit, it could not overcome the mechanisms that inhibit the reporting of sexist discrimination. The latter’s largely systemic nature has led to its internalization, while women’s lack of awareness and the discrediting of feminism in France have also helped to make sexist discrimination difficult – if not impossible to measure. Moreover, the use of an intersectional approach revealed that being dominant in relation to sex, but dominated with regard to so-called race, places racialized men at a tension-charged intersection that makes discrimination against them more visible than that experienced by racialized women.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA080112 |
Date | 24 November 2015 |
Creators | Lesné, Maud |
Contributors | Paris 8, Maruani, Margaret, Simon, Patrick |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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