La thèse propose d’éclairer les trajectoires et les œuvres d’artistes survivants des camps nazis, français ou installés en France après la guerre, leur tentative de transmettre l’expérience de la déportation et du génocide ou au contraire leur volonté de fuir ces thématiques, les langages plastiques et l’iconographie empruntés, les déclencheurs mémoriels et les éventuelles mutations des choix de chacun pour témoigner, représenter, remémorer durant cinquante ans. Quelques rares artistes ont eu l’opportunité de créer in situ : nous étudions également les motivations, les conditions de création et les spécificités de ces dessins des camps. Après 1945, entre mémoire, révolte et résilience, les artistes de ce corpus, déportés pour faits de résistance ou au titre des persécutions et de la mise en œuvre de la solution finale, ont dû mener une lutte intérieure contre les douloureuses réminiscences des camps et parfois un combat militant pour diffuser leur message face aux offensives antisémites et négationnistes. La complexité de la transfiguration en termes plastiques du traumatisme a suscité doutes et réflexions : transmettre sans trahir, témoigner sans renoncer à l’art. Les peintres, sculpteurs et graveurs de ce corpus n’ont en en effet jamais cessé de se définir prioritairement comme des artistes : l’essence et la portée universelle de la création, ainsi que les références tutélaires de l’histoire de l’art ont épaulé les artistes dans ce processus cathartique. Si les cadavres, corps anonymes et suppliciés, peuplent l’univers visuel de l’après-guerre, les artistes rescapés convoquent les disparus et réinsufflent chair et individualité aux êtres aimés, figurés souffrants, combattants ou tendres, mais dignes et debout. Notre objet d’étude se concentre également sur les modalités et les formes évolutives de la rencontre entre ces œuvres liées à la mémoire de la déportation et la France, de l’après-guerre aux commémorations du cinquantième anniversaire de la libération des camps : la diffusion auprès du public français à l’occasion d’expositions individuelles, collectives ou de salons ; la communication autour de ces problématiques dans les catalogues, les cartons d’expositions et les publications ; la réception des œuvres à travers la presse, les acquisitions publiques et les décorations honorifiques, ainsi que l’accueil spécifique des associations de déportés et de la communauté juive avec notamment la création du premier Musée d’art juif français. / The thesis attempts to shed light on French artists and artists who lived in France after the war after surviving the Nazi camps, and the life they lead after the camps and their work. It also looks at their efforts to pass on their experience of the deportation and the genocide, or on the other hand their desire to flee the themes, esthetic language and the iconography used. The triggers to the memory and the eventual mutation of choices by each person to be witness, to represent, to recollect during fifty years will also be addressed. A few rare artists had the opportunity to create in situ: we will also study the motivation, the conditions of creation and the particularities of the drawings in the camps. After 1945, between memory, revolt and resilience, the artists of this group, deported for their activities in the resistance or due to persecution and the installation of the final solution, had to lead an interior struggle against the painful reminiscences of the camps and sometimes an activist’s fight to spread their message in opposition to anti-Semite attacks and Holocaust deniers. The complexity of the transfiguration in terms of visual representations of trauma brought up doubts and reflections: transmitting without betraying, witnessing without giving up art. The painters, sculptors and engravers of this group have never really stopped defining themselves mainly as artists: the essence and the universal scope of creation, as well as the custodians of art history having placed this cathartic process on the shoulders of the artists. If the corpses, the anonymous and tortured bodies, inhabit the visual universe after the war, the artists that escaped, summoned those that disappeared and gave flesh and individuality to loved ones, represented as suffering, fighting or tender, but dignified and standing. The study also concentrates on the terms and changing forms of the reception in France of the works linked to the memory of the deportation, post-war to the fiftieth anniversary of the liberation of the camps: the distribution to the French public via individual or group exhibitions and art fairs ; the promotion concerning these issues in the literature about the exhibitions and the artists ; the press reactions, the public acquisitions and the public decorations, including the specific reception by the associations of those deported and the Jewish community especially with the creation of the French Jewish art museum.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014BOR30065 |
Date | 01 December 2014 |
Creators | Constant, Julie |
Contributors | Bordeaux 3, Jarrassé, Dominique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0027 seconds