Cette thèse remet en question le soupçon pesant sur les catégories de « classique » et « classicisme ». Centrales dans les manuels, ces notions sont pourtant renvoyées par les spécialistes à de purs anachronismes, et jugées impertinentes pour caractériser le XVIIe siècle et sa littérature. Marqués par la rhétorique et la sociologie historique, les travaux actuels écartent l’opposition idéologique entre classicisme et modernité. Mais l’analyse de l’antagonisme chez Barthes, et l’étude des querelles impliquant les Classiques de 1898 à 1966, permettent de donner un contenu inattendu au classicisme, très éloigné de l’irénisme dont on l’a accusé.La notion, son antonyme et ses parasynonymes (antimodernisme et post-classicisme) circonscrivent d’abord, pour la littérature, différents « régimes d’historicité » dont débattent les polémistes. Le terme reste également associé à l’élaboration d’un « dispositif » utopique, où écrire, critiquer et enseigner iraient de pair : cette configuration, essentielle au XVIIe siècle, est sans cesse « remise sur le métier » dans les querelles postérieures entre Anciens et Modernes. De 1666 à 1694, semblent surgir en réalité la plupart des questions que les critiques continueront de poser à la littérature. C’est le cas, notamment, chez Barthes, Gide et Valéry, quand ils cherchent à en déterminer les fonctions et les prérogatives. Parce que le concept d’autonomie n’est pas pour eux détaché de toute exemplarité, il s’avère utile, bien qu’anachronique, pour lire les textes du XVIIe siècle. L’art de la « disponibilité », que Barthes reconnaissait chez Racine, serait alors l’autre nom de la littérarité, le nom d’une littérarité autre – non formaliste – que les Classiques auraient bel et bien inventée et qui autoriserait leur lecture « vivante, concernée ». / This dissertation interrogates the scepticism that falls on the categories of “classics” and “classicism”. Though they are considered key concepts in textbooks, these notions are viewed by many specialists as pure anachronisms, and declared irrelevant in defining the 17th century and its literature. Drawing influences from rhetoric and historical sociology, recent work dismisses the ideological divide between classicism and modernity, but an analysis of this opposition in Barthes’s corpus, supported by a study of the quarrels involving the Classics from 1898 to 1966, endows classicism with an unheralded substance, far from the irenicism for which it has been condemned. The notion of classicism, its antonym, and its parasynonyms (anti-modernism and post-classicism) first and foremost delineate, as far as literature is concerned, different regimes of historicity that are debated by the polemicists. The term ‘classicism’ is continuously associated with the establishment of a utopian apparatus within which writing, criticism and teaching go hand in hand. This blueprint was essential in the 17th century and is revisited again and again in the subsequent quarrels between Ancients and Moderns. In fact, most of the questions that critics continue to ask literature seem to arise between 1666 and 1694. Case in point, Barthes, Gide and Valéry all sought answers to these age-old questions in their attempts to determine both the functions and the prerogatives of literature. According to them, the concept of autonomy in literature cannot be separated from exemplarity. Thus, it proves useful, although anachronistic, in the reading of 17th-century texts. The art of “availability”, which Barthes recognized in the works of Racine, would then be the other name of literariness, a distinct – non formalist – literariness that the Classics have invented which allows their “vital, concerned” reading.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015USPCA163 |
Date | 05 December 2015 |
Creators | Forment, Lise |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Merlin-Kajman, Hélène |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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