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Projeté dans le monde : vers une éthique de la sage-femme / Born and thrown into the world : towards the ethics of midwives

L'enfant de la natalité (Arendt) est libre, le monde s'ouvre à lui dès sa naissance : il peut commencer une nouvelle histoire, et donner sa chance à l'humanité.Mais le petit humain, prématuré dans sa forme même, est séparé brutalement de ses enveloppes, de son double placentaire, de l'utérus maternel. Il est jeté au mon-de (Heidegger) dans l'angoisse de sa finitude et s'il ne rencontrait dans l'instant même de sa naissance ses médiateurs humains, en premier lieu sa mère, il ne pourrait affronter le négatif, l'Autre, et ne survivrait pas.Pour que s'ouvre l'espace de la naissance, pour que la mère puisse accueillir son enfant à travers les épreuves de séparation, pour qu'elle puisse laisser venir la langue maternelle, et que puisse s'incarner l'esprit dans ce nouveau-venu, elle doit pouvoir rencontrer elle aussi les médiateurs de la naissance. Certains s'évanouissent après avoir permis ce passage d'un état à un autre, d'autres persistent sous la forme d'un double —protecteur ou menaçant—. Ils accompagnent chaque naissance et le commencement de toute vie humaine. Les mythes et les rites les reconnaissent dans toutes les cultures.Cependant la médecine technicienne contemporaine qui s'est emparée de la naissance redoute la séparation, le travail du négatif, et pratique le déni, celui de la grossesse, de l'autre femme, des médiateurs de la naissance. Elle s'appuie sur l'expertise technique et mathématique, sur l'imagerie et la statistique pour créer un double imaginaire de l'enfant, celui du projet de la science, immortel et par-fait, masqué par le projet parental.La sage-femme traverse ces espaces, elle connaît les médiateurs. Fille de la médecine mais aussi guérisseuse ou sorcière elle pratique la maïeutique, l'art d'accoucher les corps et leurs âmes. Son art est difficile, sa sagesse est indicible, elle passe d'un monde à l'autre au risque de disparaître, broyée par l'arraisonnement de la Technique triomphante, aspirée par la démesure du désir de l'homme qui voudrait se créer lui-même ou par la tentation des arrière-mondes qui la condamne à rester en marge dans l'ombre archaïque des mystères. / The child of natality (Arendt) is free; the world opens up for him from his birth. He is the beginning of a new story, and he can give humankind a chance.But this little human being, whose very existence is premature, is brutally separated from his ‘placenta double' and from his mother's womb. He is thrown into the world (Heidegger), into the angst of his finiteness. If he does not meet his human mediators upon his birth, and his mother in the first place, he will not survive and will not be prepared to face negativity and the Other.The mother needs to meet the birth mediators to make room for the birth space, and to welcome her child through their separation. She needs to meet the mediators to let the mother tongue come to the child, and to let a soul enter this newcomer. Some mediators will vanish after having played a part in crossing one world to the next; others will remain as – protecting or threatening – doubles. They are present for each birth, and are there to see the beginning of new human lives. Myths and rites identify them in all cultures.But contemporary medicine, based on new technologies and techniques, has taken control of the birth process. It fears the separation and is in denial – of the pre-gnancy and of the other woman as well as of the birth mediators. Contemporary medicine is based on technical and mathematical expertise. It uses medical imaging and statistics to create an imaginary double of the child-to-be-born: this child becomes a scientific project, immortal and perfect, hidden behind the parenting project.Midwives cross these worlds, and they are in contact with the mediators. A mid-wife is not only the daughter of medicine but also a healer or a witch, practising maieutic and the art of delivering bodies and souls. Her art is a complex one, her wisdom is unspeakable and when she crosses those worlds, she is always threate-ned of disappearing, choked by the enframing (Gestell) of the forever-winning Technique. Midwives are carried away by the excessive desire of men to create themselves or by the temptation of the ‘backworlds' to leave them behind, in the obscurity of archaic mysteries.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PEST0051
Date14 December 2011
CreatorsDe Gunzbourg, Hélène
ContributorsParis Est, Folscheid, Dominique
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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