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Les représentations sociales de l'hypersexualisation des jeunes filles chez les parents et les enseignants du secondaire

Le présent mémoire s’intéresse aux représentations sociales du phénomène de l’hypersexualisation des jeunes filles chez les parents et les enseignants. Nombreux sont les articles et les débats qui font grand état de ce phénomène occidental actuel. Le milieu scolaire et les parents sont directement touchés par l’hypersexualisation. D’une part, les directeurs d’établissements scolaires et les enseignants éprouvent une gêne devant l’habillement suggestif des jeunes filles et, d’autre part, la pression sociale qui pèse sur les familles fait naître un sentiment d’isolement et d’impuissance pour affronter la tendance actuelle à l’hypersexualisation. Considérant que l’éducation des adolescents commence à la maison et se poursuit à l’école, il semble pertinent d’envisager un partenariat entre l’école et la famille afin de limiter les conséquences de l’hypersexualisation chez les jeunes et concevoir des programmes et des outils d’intervention en ce sens. Pour qu’un tel partenariat soit possible, les parents et le milieu éducatif doivent, d’abord et avant tout, pouvoir se reconnaître dans une définition commune de l’hypersexualisation. En effet, il semble important, voire essentiel, de s’assurer qu’ils aient une vision semblable de l’hypersexualisation avant de chercher les causes de ce phénomène et de vouloir en limiter les conséquences. Le but de ce mémoire s’inscrit dans ces préoccupations en explorant, à l’aide de la théorie des représentations sociales, l’idée générale qu’ont les parents et les enseignants du phénomène de l’hypersexualisation des jeunes filles. Plus spécifiquement, il vise à établir des convergences et des divergences dans les représentations sociales de
l’hypersexualisation chez ces acteurs qui se distinguent par le rôle qu’ils assument auprès d’adolescentes, ainsi que par le milieu (scolaire ou familial) dans lequel ce rôle est exercé.
Les quatre objectifs spécifiques de la recherche sont les suivants : (a) identifier les connaissances du phénomène de l’hypersexualisation des jeunes filles chez les parents et les enseignants et, ensuite, en déterminer la provenance; (b) explorer les images les plus évocatrices qu'ont les participants à propos de l’hypersexualisation; (c) connaître les attitudes qu’ils adoptent lorsqu’ils se trouvent en présence d’une jeune fille hypersexualisée et; (d) identifier les convergences et les divergences dans le contenu des représentations sociales de l’hypersexualisation entre les parents et les enseignants.
Afin d'explorer le contenu des représentations sociales du phénomène de l’hypersexualisation des jeunes filles chez les parents et les enseignants, une méthode de recherche qualitative de type exploratoire a été privilégiée. Dans cette optique, cinq parents et cinq enseignants du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont été recrutés sur une base volontaire. Afin que l’échantillon soit le plus représentatif possible de la population étudiée, certaines caractéristiques ont été prises en considération. D’une part, les parents devaient avoir une jeune fille fréquentant à temps plein le premier cycle du secondaire pour l’année 2008-2009 et résider sous le même toit. D’autre part, les enseignants devaient, dans le cadre de leur profession et au cours de cette même période, interagir et côtoyer des jeunes filles faisant partie du premier cycle du secondaire. L’étude a été limitée à des écoles secondaires publiques sur le territoire du Saguenay. Pour rejoindre ces personnes, différentes stratégies de recrutement ont été utilisées, notamment la distribution de feuilles explicatives auprès
des enseignants, ainsi que la tenue de courtes rencontres d’information auprès des jeunes de niveau secondaire I, les invitant à remettre à leurs parents un dépliant les concernant. Nous avons aussi procédé à l’envoi de courriels spécifiant les objectifs de l’étude, de même que les modalités de participation; ces courriels étaient destinés à des collègues de maîtrise, des connaissances et des amis de l’étudiante-chercheure. C’est à la suite de cette dernière démarche que 10 volontaires ont accepté de participer à des entrevues semi-dirigées entre les mois de mai et octobre 2008. Une technique d’association libre complétait les questions du guide d’entrevue, de même qu’une fiche signalétique.
Les principaux résultats de la recherche démontrent que les parents et les enseignants du secondaire n’ont pas de définition claire et précise de l’hypersexualisation. Cela étant dit, la plupart des répondants s’accordent pour dire qu’il s’agit d’un phénomène plus présent qu’autrefois, touchant principalement les filles et les adolescentes, à un âge de plus en plus jeune. Plus spécifiquement, les participants partagent une vision commune selon laquelle l’hypersexualisation se compose de trois grandes dimensions, à savoir : l’apparence, l’attitude, et les pratiques sexuelles des jeunes filles. Les participants ont beaucoup insisté sur l’habillement des jeunes filles et l’attitude sexualisée qu’elles dégagent sans en être réellement conscientes. Quant aux pratiques sexuelles, les parents et les enseignants ont plutôt fait allusion à la précocité des premières relations sexuelles, à la banalisation de la sexualité et aux types de pratiques sexuelles privilégiés chez les jeunes filles. À cet égard, les parents ont mentionné que les jeunes filles n’étaient pas assez matures pour avoir des relations sexuelles. Quant aux enseignants, ils ont été plus nombreux à aborder les types de pratiques sexuelles privilégiées par les jeunes filles, et leur absence de gêne lorsqu’il est question de sexualité. Les propos recueillis dans le présent mémoire révèlent d’ailleurs que les enseignants interrogés sont plus inconfortables devant ces agissements sexualisés que les parents. Par ailleurs, les résultats de cette recherche indiquent que les parents et les enseignants adoptent une attitude négative et défavorable envers le phénomène de l’hypersexualisation. Cette attitude serait étroitement associée aux inquiétudes par rapport aux différentes manifestations du phénomène ainsi qu’au sentiment de malaise qu’elles engendrent. Malgré cette tendance généralement négative, certains répondants ont tout de même soulevé des points positifs, par exemple, le fait que la mode vestimentaire arborée par les jeunes filles soit jolie et qu’elle témoigne d’une plus grande confiance en elles. Qui plus est, les parents ont été les seuls à mentionner que les jeunes filles étaient mieux informées et outillées à l’égard de la sexualité qu’avant, ce qui, à leurs yeux, est un point positif.
D’autre part, le discours des participants permet de dégager diverses causes et conséquences relatives au phénomène de l’hypersexualisation. D’une part, les répondants identifient la période de l’adolescence, les relations parent-enfant, les relations amicales, les médias, les nouvelles technologies et l’omniprésence de la sexualité comme causes possibles du phénomène de l’hypersexualisation. Ils conviennent, d’autre part, que ce phénomène peut entraîner des conséquences sur les plans physique et psychologique, notamment des troubles alimentaires, ainsi qu’une mauvaise estime et image de soi. Les répondants sont également d’avis que l’hypersexualisation entraîne des conséquences aux plans familial (conflit, changement des habitudes de vie) et scolaire (désinvestissement dans les études, difficulté d’intervention, baisse du rendement scolaire), ainsi qu’en ce qui concerne les relations interpersonnelles actuelles (pression, superficialité, relations inégalitaires) et futures.
En somme, ce mémoire apporte un certain éclairage sur les représentations sociales du phénomène de l’hypersexualisation des jeunes filles en comparant le discours des enseignants et des parents sur le sujet. Malgré la pertinence de cette démarche visant à engager une réflexion commune entre les milieux familial et scolaire, il importe toutefois de noter que les résultats du présent mémoire ne peuvent être généralisés en raison de son échantillon limité. Par conséquent, davantage d'études sur le sujet seront nécessaires pour espérer répondre de façon appropriée aux besoins de ces jeunes filles et des milieux appelés à intervenir auprès d’elles.

Identiferoai:union.ndltd.org:Quebec/oai:constellation.uqac.ca:3884
Date01 1900
CreatorsLabbé, Claudia
Source SetsUniversité du Québec à Chicoutimi
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/3884/

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