Inscrite dans la tradition monographique en sociologie et en anthropologie, cette thèse prend pour objet la diversité des pratiques et des idéologies caractéristiques des différents types de populations rurales distingués en fonction de l'enracinement territorial, afin d'apporter un nouvel éclairage sur les conflits sociaux actuels dans tous les milieux ruraux québécois qui surgissent notamment de l'accroissement du nombre des néo-ruraux dont les visions du monde s'opposent à celles des agriculteurs, dont le nombre diminue sans cesse. Prenant un village comme observatoire, il s'agit de rendre compte du mouvement totalisant de l'expérience de la vie en société à la fois dans ses dimensions « matérielles » et « symboliques ». L'étude des principales formes de vie sociale (religieuse, économique et politique) se fait grâce à des méthodes diversifiées: l'observation participante, l'analyse statistique, l'analyse du discours, le travail sur les archives municipales et l'histoire orale.
L'analyse des différentes formes de vie sociale montre que leur organisation est structurée par deux principaux modèles. Le modèle public et communautaire comprend les personnes qui valorisent l'implication de l'État et des professionnels dans la gestion collective de la redistribution des richesses et dans le développement des milieux ruraux. Ces personnes occupent une position économique « marginale » à l'intérieur de la localité et sont plus près des milieux urbains tant par leurs positions que par leurs visions du monde. Quant au modèle privé et familial, il comprend les personnes défendant le rôle prépondérant des réseaux familiaux dans le développement local et la fermeture de la localité face à la concurrence des marchés extérieurs et aux interventions politiques exogènes. Les représentants de ce modèle occupent une position économique locale dominante, mais se sentent de plus en plus dominés politiquement face aux interventions extérieures des représentants politiques régionaux et des professionnels ainsi qu'économiquement à l'échelle mondiale où ils occupent une position dominée. Les oppositions sous-jacentes à ces deux modèles s'inscrivent dans une histoire ancienne qui met en scène d'une part les élites traditionnelles liées à l'Église et les notables francophones scolarisées et d'autre part les élites industrielles et commerciales qui succèdent aux anglophones dès les années 1920. Le sens et le contenu des modèles varient légèrement avec les transformations récentes de la structure familiale et la régionalisation des pouvoirs politiques et religieux. / Pertaining to the monographic tradition in sociology and anthropology, this dissertation is about the diversity of the practices and ideologies of the different kinds of rural populations, which are in turn distinguished according to their "territorial establishment". I aim to shed a new light on the ongoing social conflicts in all of Quebec's countryside that are due to the increase of "new-inhabitants" whose world views are in opposition to the always decreasing farmers. With a village as observatory, I account for the "totalizing movement" of the social life experience in both its material and symbolic dimensions. I study the main forms of life (religious, economic, and political) with multivarious methods: "participant observation", statistical analysis, analysis of discourse, as well as the municipal archives and oral history.
The analysis of the diverse forms of social life shows that they are organized according to two main models: the public and communautarian model, and the private and familial one. The former model comprises individuals who value the State's and professionals interference in the redistribution of goods as well as in the development of the countryside. These individuals occupy a marginal economic position in the village, and their positions and world views are closer to urban individuals. As for the private and familial model, it comprises individuals who defends both the predominant role of family network in the development of the village, and the separation of the village from the exogenous market competition and political interventions. This model's representatives occupy a local dominant economic position, but feel more and more politically dominated in the regional political scene by their representatives and professionals, as well as in the world economy where they occupy a dominated position. The underlying oppositions of these two models are anchored in an age-old history that displays, on the one hand, the traditional elite associated to the Church and the francophone educated notaries, and, on the other hand, the industrial and commercial elite that succeeded to the Anglophones in the 1920s. The meaning and content of the models lightly vary with recent transformations in the family structure and with the regionalization of the political and religious powers.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/4239 |
Date | 05 1900 |
Creators | Parent, Frédéric |
Contributors | Sabourin, Paul |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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