Sur l’oeuvre politique et pédagogique de Danilo Dolci il y a un grand silence aujourd’hui. Bien que ses initiatives politiques, sa passion pour les problèmes de l’éducation, ses ouvrages et articles l’aient fait connaître partout et lui aient procuré de nombreuses reconnaissances et prix nationaux et internationaux, bien que sa pensée et son engagement aient contribué à structurer des processus collectifs particulièrement innovants lors de la première République italienne - celle-ci correspondant à la période entre 1948 et 1994 -, son œuvre reste assez peu reconnue.Pourtant, dès sa jeunesse, Dolci s’est consacré à l’éducation de base dans le but de mobiliser et émanciper les couches les plus pauvres dans un des territoires les plus sinistrées de l’Italie : la Sicile. Mais il s’est confronté aussi avec de nombreuses situations en dehors de la Sicile, en Italie et à l’étranger, intervenant dans nombreux domaines, ce qui ne rend pas toujours facile la reconstruction de la cohérence de sa trajectoire et ses apports.Pour nous, l’oeuvre de Danilo Dolci est structurée par un certain nombre de convictions : le progrès d’une société dépend d’un ensemble de facteurs matériels et immatériels spécifiques qui, dans certains territoires, ne se développent pas, car d’autres facteurs opèrent en direction inverse. Dans ces territoires, il faut donc chercher à développer les facteurs nécessaires au progrès avec des méthodes différentes de celles qui sont utilisées dans les territoires où le progrès s’est imposé historiquement. Lorsque nous parlons de « progrès », nous entendons essentiellement un développement matériel et immatériel dans le sens d’une démocratie authentique, un processus où les principes, les valeurs, les règles et les procédures de la démocratie soient saisissables par le plus grand nombre possible de personnes, respectés et mis en actes par les citoyens tout autant que par les administrateurs. Or, Dolci paraît précisément proposer une pratique spécifique pour fortifier les pratiques démocratiques déjà existantes et, en même temps, pour mobiliser les populations les moins politisées afin qu’elles se les approprient, pour se mettre au niveau de ceux qui les utilisent d’habitude et pour lutter contre ceux qui agissent sans les respecter. Cette pratique est nommée par Dolci ‘maïeutique réciproque ou de groupe’. Nous avons cherché à savoir comment en est arrivé à concevoir cette méthode – qui fait de lui un authentique « pédagogue » - et comment peut favoriser l’émergence, la structuration et le développement des pratiques démocratiques.Pour cela, nous avons dessiné une « carte conceptuelle » de sa pensée, d’abord sur un plan diachronique et, ensuite, sur un plan synchronique, ce qui nous a amené à esquisser une présentation générale des rapports entre éducation et politique chez Dolci. / Nowadays Danilo Dolci’s political and pedagogical work seems consigned to oblivion. Although his political initiatives, his passion for the problems of education, his books and articles have spread his fame around the world, leading him to obtain national and international rewards, although his ideas and engagement have contributed to build especially innovative collective processes during the First Italian Republic – that is, the period between 1948 and 1991 – his work remains not well known yet.However, since his youth, Dolci devoted himself to basic education, aiming at mobilising and emancipating the poorest classes in one of the most underdeveloped Italian regions: Sicily. But he also dealt with many issues outside Sicily, in Italy and abroad, operating in various contexts, which makes sometimes difficult to reconstruct the coherence of his trajectory and contributions.In our opinion, Dolci’s work is structured according to a number of convictions: the progress of the society depends on some specific material and immaterial factors that, in certain areas, don’t develop because other factors take place in the opposite direction. Therefore in these areas it is necessary to develop the essential factors for progress with methods that differ from those applied in the areas where the progress prevailed historically. When I talk of “progress” I basically mean a material and immaterial development toward a genuine democracy, a process whose principles, values, rules and procedures could be chosen by the biggest number of persons, and could be enacted and respected by both the citizens and the administrators. So Dolci seems exactly proposing a specific practice to enhance the already existing democratic practices and, at the same time, to mobilise the less politicised population groups and let them repossess those practices, joining the level of those who use them regularly and fighting those who don’t respect them. Dolci calls this practise “reciprocal or group maieutics”. I have tried to understand how he came to conceive of such a method – which makes him a real “pedagogue” – and how it can foster the emergence, the building and the development of democratic practices.This is the reason why I drew a “conceptual map” of his thought, first on a diachronic level and secondly on a synchronic level, which led me to outline a general presentation of the relationship between education and politics in Dolci
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018LYSE2016 |
Date | 26 March 2018 |
Creators | Fiscarelli, Antonio |
Contributors | Lyon, Meirieu, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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