Parce qu’elle se donne comme un discours ancillaire chargé d’actualiser le dialogue et de construire la représentation, parce qu’elle semble empiéter sur le terrain réservé du metteur en scène mais ne peut égaler la magie du spectacle, parce qu’elle n’est ni vraiment littéraire ni réellement scénique, la didascalie est longtemps restée le parent pauvre des études théâtrales. Depuis quelques années, elle fait l’objet d’un engouement relatif. D’une part, des études linguistiques décrivent le fonctionnement standard du discours didascalique en synchronie.D’autre part, des études critiques éclairent les poétiques didascaliques d’auteurs en s’intéressant particulièrement aux infractions par rapport à une pure fonctionnalité supposée.Dans cette thèse, nous cherchons à dépasser cette approche clivée en fournissant une poétique générale de la didascalie et, afin de lui donner sens, poids et nuance, nous l’ancrons résolument dans l’histoire en nous fondant sur le théâtre du XXe siècle, de Villiers à Koltès, soit un XXe siècle élargi, solidement ancré dans le XIXe et les yeux déjà tournés vers le XXIe. C’est le moment où la didascalie se redéfinit du fait de l’avènement et de la prise de pouvoir du metteur en scène, le moment où elle sort spectaculairement de son ornière sans pour autant pouvoir ou vouloir se débarrasser totalement d’un fond utilitaire. Elle apparaît alors sans conteste comme une parole boitant "un pied dans le devoir, un pied dans le désir", une parole icarienne tendue entre des catégories théoriquement exclusives. Dans une première partie, nous posons le format du discours didascalique, son territoire,son fonctionnement énonciatif (c’est-à-dire la place exacte qu’il occupe dans la communication dramatique) et ses caractéristiques graphiques (ponctuation, typographie, mise en page). Dans une seconde partie, c’est la fabrique même de l’écriture didascalique qui est étudiée, c’est-à-dire sa tension constitutive entre le pacte qui la régit (clarté, économie) et sa fondamentale aspiration à devenir (devenir-spectacle, devenir-poème, devenir-roman…). / Because they seemingly have to make the dialog work as well as to construct theperformance, because they seem to encroach upon the director’s grounds and yet cannot level with the magic of the actual staging, because they are not a real piece of literature nor do they belong to the show, the stage directions have long been overlooked by theater studies. In the past few years, a mild interest has arisen. On the one hand, linguists describe in a synchronic fashion the generic features of this particular type of discourse. On the other hand, critics wish to seize the specificity of each author’s stage directions, with an emphasis on the breaches of their theoretical functional purity.In this thesis, we intend to go beyond this fragmented approach by offering an overall poetics of stage directions and, in order for it to carry meaning, weight and nuance, we choose to base it on history and, specifically, on XXth century theater, from Villiers to Koltès, an enlarged century, deeply rooted in the XIXth and already glancing at the XXIst. It is then that stage directions redefine themselves as a result of the advent of the director and his coming to power ;it is then that they spectacularly travel out of joint but appear, nonetheless, incapable or unwilling to get rid altogether of their fundamental usefulness. Unequivocally, they prove to be a form of speech limping “one foot in duty, on foot in desire”, an icarian discourse reconciling what is theoretically opposed.This study starts with the format of the stage directions, their territory, their enunciation (i.e. the exact role they play in the dramatic communication), their graphic characteristics (punctuation, typography, lay-out). Then, we investigate the very fabric of stage directions writing, the perpetual tension between the pact that rules them (clarity, economy) and a fundamental drive to become something else (to become stage, to become poem, to become novel…).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA030134 |
Date | 01 December 2014 |
Creators | Barut, Benoît |
Contributors | Paris 3, Guérin, Jeanyves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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