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Une paternité incertaine : les femmes et la filiation dans les Causes célèbres de François Gayot de Pitaval, 1734-1743

Cette thèse porte sur la mise en récit de procès dans les Causes célèbres et intéressantes, avec les jugemens qui les ont décidées (1734-1743) de François Gayot de Pitaval, et ce, sous les prismes du genre et de la filiation. Dans un premier temps, nous cernons l’émergence du genre littéraire des « causes célèbres » sous la plume de Gayot de Pitaval, auteur à la jonction de la Contre-Réforme et des Lumières. Nous mettons en lumière un processus de mise en récit flexible permettant d’introduire un regard critique sur le droit d’Ancien Régime, mais aussi d’investir les procès relatés d’un discours moralisateur à l’égard des « gens du monde », le lectorat mixte et non spécialisé auquel était notamment destinée cette collection. Nous démontrons que la volonté d’intéresser l’élite féminine au droit guida de manière significative les stratégies discursives de l’auteur. Dans un second temps, cette thèse se penche plus particulièrement sur l’incertitude de la paternité, un enjeu social et juridique récurrent au sein des Causes célèbres et découlant d’une construction de la paternité légitime reposant sur le mariage plutôt que sur un principe biologique. L’analyse de sept causes célèbres portant sur le désaveu d’un enfant illustre comment l’inconduite féminine – et le degré de doute qu’elle jetait sur la paternité biologique –influença la mise en récit de Gayot de Pitaval. L’auteur consolida la présomption de paternité fondée sur le mariage et déploya un discours prescriptif axé sur l’amour conjugal lorsque le moteur du désaveu était un mari « jaloux » tandis qu’une dissimulation émanant d’une épouse « coquette » donna plutôt lieu à une réflexion sur les limites de cette règle ainsi que sur l’écart entre le droit et la vraisemblance biologique. Si Gayot de Pitaval conforta la conception de la famille légitime comme fondement de la société d’Ancien Régime, nous constatons également au sein de ses Causes célèbres les germes d’une volonté de contrer les abus féminins, un courant qui se cristallisa dans le Code civil (1804). Cette recherche contribue ainsi à retracer l’évolution du genre littéraire des causes célèbres, mais également celle de la filiation au cours du XVIIIe siècle.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/42645
Date08 September 2021
CreatorsLeblanc-Martineau, Béatrice
ContributorsPerrier, Sylvie
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf

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