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Et nous ne parlerons plus d’hier (roman), suivi de Hantise de l’origine dans Œuvre poétique d’Alejandra Pizarnik, Le rapt de Kathryn Harrison et les « Aurélia Steiner » de Marguerite Duras (essai)

Cette thèse s’intéresse aux enjeux d’une origine éprouvée comme problématique par un sujet féminin. Et nous ne parlerons plus d’hier, le roman qui en compose le volet créatif se déploie sous la forme d’un double récit de voyage qui met en scène deux protagonistes, une fille et son père. La première séjourne au Mexique, dans un village côtier où sa famille et elle ont vécu plusieurs mois lorsqu’elle était enfant. Elle effectue ce périple dans l’espoir de parvenir à raviver sa mémoire d’une époque où son père, qu’elle a perdu de vue vers l’âge de neuf ans, à la suite de la séparation de ses parents, faisait encore partie de sa vie. C’est en explorant les lieux – les rues rocailleuses de La Peñita, son camping, ses plages – et par l’écriture qu’elle tente de remédier à l’oubli, mais les souvenirs restent évanescents et les mots se dérobent, lui donnant le sentiment d’échouer à saisir tant la matière brute de son enfance que le sens de son histoire. Ce premier récit, relaté au je, alterne avec un autre mettant en scène le père de la narratrice lorsqu’il avait quinze ou seize ans. Afin d’échapper au milieu étriqué et malsain dont il est issu, ce dernier quitte à pied, au milieu de la nuit, la ferme de ses parents. Il compte rejoindre en autostop les champs de tabac de l’Ontario, puis poursuivre sa route vers l’Ouest canadien. Il attend de cette expérience qu’elle transforme le garçon frêle et meurtri, pétri de crainte, qu’il est en un jeune homme riche, séduisant et rusé. C’est aussi la fille qui assure la narration de ce second récit, mais elle le fait en recourant à la deuxième personne du singulier, comme si elle s’adressait à l’adolescent que fut son père. Par le biais d’une telle narration, l’héroïne reste fidèle au désir qui l’anime, au moment où elle décide de se rendre au Mexique, de se rapprocher, en renouant avec son passé, de l’absent qui la hante.

Le volet réflexif de la thèse se penche quant à lui sur Œuvre poétique d’Alejandra Pizarnik, Le rapt de Kathryn Harrison et les « Aurélia Steiner » de Marguerite Duras de manière à montrer que les femmes auxquelles ces auteures prêtent la parole vivent, comme la narratrice de mon roman, le rapport à l’origine sur le mode de la privation et de la hantise. Mon étude se divise en trois chapitres, Hantise et mélancolie de l’origine dans Œuvre poétique d’Alejandra Pizarnik, Angles morts de l’origine dans Le rapt de Kathryn Harrison, L’entretien avec les fantômes de l’« Aurélia Steiner » de Marguerite Duras, et tend également à illustrer que le défaut d’origine dont souffrent les consciences féminines de ces textes les exile d’elles-mêmes, les rendant impuissantes à éprouver leur présence au monde. Ma réflexion critique s’articule, en résumé, autour de trois axes : 1) la souffrance et l’aliénation découlant d’une origine vécue comme trouble – ou spectrale – chez un sujet féminin; 2) l’appel au témoin que suppose, dans un tel contexte, le recours à l’adresse et, enfin, 3) la possibilité de réparation qu’implique, aussi malaisée et angoissée puisse-t-elle dans certains cas s’avérer, la mise en récit ou en poème (parole) de l’expérience ayant provoqué ou aggravé la hantise.

Identiferoai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/11239
Date January 2017
CreatorsGiguère, Julie
ContributorsRocheville, Sarah
PublisherUniversité de Sherbrooke
Source SetsUniversité de Sherbrooke
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse
Rights© Julie Giguère

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