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Le poète et le Prince : couleurs de l'éloge et du blâme à l'époque abbasside (750 - 965) / The Poet and the Prince : colours of the Praise and the Blame in the Abbasid Era (750 - 965)Ben Mansour, Mohamed 25 November 2017 (has links)
En partant de l’une des périodes les plus riches dans l’histoire de l’Islam en termes de créativité et de production poétiques, notre projet vise à mettre au jour les formes qu’a revêtues le rapport entre le poète et le Prince. Pour élucider ce rapport aussi complexe que protéiforme, nous ferons appel à un corpus riche et varié, et on tentera alors d’examiner la question de l’éloge et du blâme à travers trois prismes : la rhétorique, l’éthique et la politique. Le discours encomiastique mobilise la rhétorique afin d’emporter l’adhésion d’un auditoire sur une matière qui n’est pas encore établie. Mais l’effort déployé par l’orateur afin de convaincre l’auditoire ne peut se passer de la toile de fond éthique et du système commun de valeurs dont il procède pour arriver à la persuasion. Quant à la dimension politique, elle se reflète dans la fonction du poète comme « arme verbale » au service du Prince et instrument de légitimation de sa position politique contre ses adversaires réels ou potentiels. Par-delà la fonction de panégyriste officiel, la performativité du discours politique s’étend également à la parole, d’éducation, de réforme voire de critique ouverte qui pourrait évoquer la parrêsia antique. Grâce à un fonds sapiential, la poésie apporte sa contribution au processus de formation de l’homme politique et lui offre un excellent manuel de gouvernement. Quant à la veine contestataire, l’invective, la caricature et la mobilisation de la parole polémique constituent ses principaux ressorts. La veine contestataire traverse le regard que le poète jette sur l’univers de la cour, la politique du Prince ou le rapport entre gouvernants/gouvernés. Qu’il s’agisse de nominations, de projets politiques ou de l’ethos même de l’homme du pouvoir, le poète est toujours présent pour donner son avis. L’injustice d’une décision prise par un juge, le népotisme d’un gouverneur ou la dureté d’un général sont autant d’aspects qui témoignent de la vivacité de la critique du pouvoir par le poète, et du rôle que ce dernier endosse en tant que moralisateur de cette sphère. Le conseil se présente alors comme le moyen de rectifier les décisions ou les orientations générales du Prince et témoigne de l’existence d’une véritable rationalité poétique. Aussi, la rhétorique de l’éloge et du blâme témoigne-elle de l’existence d’une rationalité poétique qui arrive à maturité à l’époque abbasside et parvient à un degré d’efficience oratoire sans précédent en raison d’une conscience accrue du poète de la nécessité de s’impliquer dans la vie politique et de peser sur le cours de l’Histoire. / Based on one of the richest periods in the history of Islam in terms of poetic creativity and production, our project seeks to revise the forms that characterized the relationship between the poet and the prince. To elucidate this relationship as complex as it is protean, we will call on a rich and varied corpus, and then examine the question of praise and blame through three prisms: rhetoric, ethics and politics. The encomiastic discourse uses rhetoric to gain an audience’s support for a matter that is not yet established. But the effort required by the orator to convince the audience necessitates the ethical backdrop and common system of values, from which he proceeds to persuade. As for the political dimension, it is reflected in the poet’s function as the “verbal arm” serving the prince and as an instrument legitimizing his political position against real or potential opponents. Beyond the function of official panegyrist, the performativity of political discourse also extends to speech, education, reform, even open criticism that could evoke the antique parrêsia. By virtue of its sapiential substance, poetry contributes to the process forming the politician and offers him an excellent manual to government. As for the dissenting vein, invective, caricature and the mobilization of polemical speech constitute his main resources. The dissenting vein passes through the poet’s gaze on the universe of the court, the prince’s politics and the relationship between governor/governed. Whether it involves nominations, political projects or the very ethos of the man of power, the poet is always present to give his opinion. The injustice of a decision made by a judge, the nepotism of a governor or the harshness of a general are all aspects that demonstrate the poet’s vivacious criticism of power, and the role that the latter assumes as the moralizer of this sphere. The counsel is then presented as a means to rectify the prince’s general decisions or orientations and attests to the existence of a veritable poetic rationality. Furthermore, the rhetoric of praise and blame indicates the existence of a poetic rationality that reached maturity in the Abbasid period and attained an unprecedented degree of oratory efficiency, due to the poet’s growing consciousness of the necessity to be involved in political life and to influence the course of history.
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