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Paroles folles dans la psychiatrie du XIXe siècle et du début du XXe siècle : histoire et épistémologie / Mad speech in 19th century and the early 20th century : history and epistemologyJaccard, Camille 08 February 2018 (has links)
Cette thèse mène une réflexion historique et épistémologique sur la façon dont les altérations de la parole ont été étudiées en médecine mentale. Retraçant les étapes de l’attention accordée aux paroles des patients dans l’aliénisme de la première moitié du XIXe siècle jusque dans la clinique psychiatrique du début du XXe siècle, elle tente de comprendre avec quelles motivations et dans quels buts les médecins ont observé ces phénomènes. L’analyse précise la manière dont certaines modifications de la parole sont devenues fondamentales pour le diagnostic des maladies mentales et indique la place que les spécialistes leur ont attribuée dans leur sémiologie de la folie. L’interrogation porte ainsi sur les ressources pratiques et théoriques avec lesquelles les médecins ont observé et analysé ces troubles du langage. Les méthodes et les procédures mises en place pour récolter les paroles des patients et les outils conceptuels permettant de les appréhender sont examinés. L’enquête fait en outre ressortir les partages disciplinaires qui s’opèrent à cette époque dans le champ des sciences médico-psychologiques, en tenant compte de la façon dont les auteurs nomment, définissent et classent ces désordres langagiers, tout en soulignant les liens explicites ou implicites qu’ils établissent avec des domaines ne relevant pas directement de la médecine, tels que la philosophie, l’anthropologie, la psychologie et la linguistique. / This doctoral thesis offers a historical and epistemological reflection on the way in which mental medicine has studied speech alterations.Tracing the various stages of the interest given to patients’ speech in alienist medicine and in psychiatry from the 19th century to the early 20th century, this work attempts to understand the goals and motivations of medical doctors observing these phenomena. The analysis helps clarify how speech modifications have become fundamental in diagnosing mental illness and how specialists have attributed a special place to them in their semiology of madness. It also questions the practical and theoretical resources with which medical doctors have observed and analysed language disorders. It examines the methods and processes used to gather patients’ speech and the conceptual tools that enable its apprehension. Moreover, this survey emphasizes the partition of the medico-psychological disciplines occurring at the time, by observing the ways in which the authors name, define and classify these speech and language disorders, and considering the links implicitly or explicitly made with other non-medical fields such as philosophy, anthropology, psychology and linguistics.
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Représenter et construire la psychiatrie en France, 1801-1863 : l'art des premiers aliénistesJubinville, Ginette 08 1900 (has links)
Depuis les quatre dernières décennies, des publications célèbres analysent l’histoire, l’art et l’architecture de la psychiatrie de la fin du dix-neuvième siècle afin de dénoncer les aspects négatifs de la science psychiatrique : voyeurisme sur la personne du fou, déshumanisation de l’asile, autoglorification du psychiatre, abus de pouvoir. C’est ce regard à sens unique que j’ai voulu déjouer dans cette thèse en consacrant ma recherche aux œuvres produites en amont de cette période. Leur analyse a permis de prendre conscience de l’autre versant de la science psychiatrique, celui qui est philanthropique, bienveillant et animé d’un réel espoir de guérison. Mon objectif a été de construire, par l’analyse de ce domaine iconographique inédit ou négligé, une nouvelle histoire de la naissance de la psychiatrie, celle de sa culture visuelle. Une histoire qui révèle ses idéaux du début du siècle et les écarts à ses propres aspirations par son besoin de légitimation et de professionnalisation. Ma thèse propose une enquête épistémologique de l’histoire de l’aliénisme français, par le biais du discours porté par les œuvres d’art commandées par ses fondateurs.
Le premier chapitre est consacré aux premiers asiles conçus comme le prolongement du corps du psychiatre et ils sont analysés selon les valeurs de la nouvelle science. Je me suis appliquée à y démontrer que le concept même d’asile, agissant sur nos sensations et sur notre cognition, relève autant des théories architecturales des Lumières que des besoins spécifiques de l’aliénisme.
Le deuxième chapitre identifie, pour la première fois, un ensemble de portraits de la première génération d’aliénistes et de leurs disciples. J’argumente que ce corpus voulait imposer l’image de l’aliéniste comme modèle de raison et établir sa profession. Pour ce faire, il s’éloigne des premières représentations des aliénistes, paternalistes, et philanthropiques.
Le troisième chapitre analyse les représentations des aliénés produites pour les traités fondateurs de la psychiatrie publiés en France. Le vecteur de mon analyse et le grand défi pour l’art et la science viennent de l’éthique des premiers psychiatres : comment représenter la maladie mentale sans réduire le malade à un être essentiellement autre ? Une première phase de production accorde à l’aliéné autonomie et subjectivité. Mais la nécessité d’objectiver le malade pour répondre aux besoins scientifiques de l’aliénisme a, à nouveau, relégué l’aliéné à l’altérité.
Le sujet du quatrième et dernier chapitre est le cycle décoratif de la chapelle de l’hospice de Charenton (1844-1846), principal asile parisien de l’époque. J’y interroge comment l’art religieux a pu avoir un rôle face à la psychiatrie, en empruntant à l’iconographie religieuse sa force et sa puissance pour manifester l’autorité de l’aliéniste jusque dans la chapelle de l’asile.
Le dix-neuvième siècle a été porteur d’espoirs en la reconnaissance de la liberté des êtres et de l’égalité des droits entre les personnes. Ces espoirs ont pourtant été déçus et les œuvres de l’aliénisme montrent un nouvel aspect de ces promesses non tenues envers les groupes fragilisés de la société, promesses de reconnaissance de leur subjectivité, de leur autonomie et de leur dignité. / Over the last four decades, famous publications have analyzed the history, art, and architecture of late nineteenth-century psychiatry to denounce the negative aspects of this science: the voyeurism directed toward the person of the insane, the dehumanization of the asylum, the self-glorification of the psychiatrist, the abuse of power. It is this one-sided view that I seek to undermine in this dissertation by focusing my analysis on artworks produced at the birth of psychiatry in the early nineteenth century. It reveals another side of the psychiatric science, one that is philanthropic, humane and motivated by a real hope of cure. By examining unpublished or neglected iconographic material, I construct a new history of the birth of psychiatry – that of its visual culture – which reveals both its ideals and the distance from its own aspirations brought about by this new science’s need for legitimation and professionalization. My dissertation proposes an epistemological investigation of the history of French alienism by studying the rhetorical discourse of the artworks commissioned by its founders.
The first chapter is dedicated to the earliest asylums. Designed as the continuation of the body of the psychiatrist, they are analyzed in relation to the values of the new science. I demonstrate that the concept of asylum, affecting our sensations and our cognition, both followed the Enlightenment theories of architecture and expressed the specific needs of psychiatry.
The second chapter identifies, for the first time, a set of portraits of the first generation of psychiatrists and their pupils. I argue that this corpus sought to impose the image of the psychiatrist as a model of reason and to establish the profession. In the process, the image of the psychiatrist gradually lost its paternalist and humanist characteristics.
The third chapter analyzes the illustrations of the insane produced for the founding treatises of psychiatry published in France. The vector of my analysis and the big challenge for art and for science come from the ethics of the first psychiatrists: how to represent mental illness without reducing the sick person to alterity? One of the first phases of production grants autonomy and subjectivity to the insane individual. But in order to objectify the patient to fulfill the scientific needs of psychiatry, the madman was once again relegated to otherness.
The fourth and last chapter focuses on the ornamental cycle in the chapel of the Hospice de Charenton (1844-1846), the main Parisian asylum at the time. It reveals how religious art played a role in psychiatry by borrowing from the force and power of religious iconography to mark the presence of the psychiatrist’s authority even in the asylum chapel.
The nineteenth century generated hopes for the recognition of the freedom of individuals and of equality between people. While these hopes were ultimately disappointed, the artworks produced for alienism show the promises that had been made to the weaker groups of society, promises of recognition of their subjectivity, of their autonomy, and of their dignity.
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