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Les makerspaces en Afrique francophone, entre développement local durable et technocolonialité : trois études de cas au Burkina Faso, au Cameroun et au SénégalMboa Nkoudou, Thomas Hervé 02 February 2024 (has links)
Au cours de la dernière décennie, de nombreux pays occidentaux ont vu leurs espaces publics investis par la présence d’ateliers de fabrication collaboratifs ouverts et partagés, connus sous le nom générique de makerspaces. Souvent décrits comme des vecteurs de changement social et d'industrialisation, les makerspaces se sont rapidement exportés de l’Occident vers le reste du monde et en Afrique en particulier. Au vu de cette expansion, je me suis interrogé sur les finalités sociétales et la neutralité de ces ateliers collaboratifs dans le contexte africain. Aborder ces interrogations demande d’établir un cadre commun de lecture du contexte sociohistorique et économique de l’Afrique. C’est dans ce sens que je me suis inspiré de la pensée décoloniale, pour développer un cadre conceptuel constitué de la technocolonialité et du développement local durable. Le concept de développement local durable est une alternative au paradigme dominant actuel des approches de développement à savoir les objectifs de développement durable (ODD). Il est né des travaux sur la justice cognitive et est composé des dimensions suivantes : la quête de justice cognitive, l'économie informelle, les biens communs, l'inclusion et l'autonomisation, la pensée alternative africaine et l'innovation sociale. Quant au concept de technocolonialité, il émerge de la colonialité et de la matrice coloniale des pouvoirs dans les technologies numériques. Il est constitué des dimensions suivantes : le discours techno-utopique, les pratiques néo-capitalistes et la colonialité des savoirs liée au transfert de technologie. Ce cadre conceptuel m’a permis de reformuler mon interrogation en la question de recherche suivante : à quel type de développement les makerspaces contribuent-ils en Afrique francophone? De façon spécifique, il s’agit de savoir si les ateliers collaboratifs peuvent réellement contribuer au développement local durable en Afrique ou s’ils contribuent à renforcer la technocolonialité. Pour répondre à ces questions, j'ai mené trois études de cas en Afrique francophone : le Ouagalab au Burkina Faso, l'Ongola Fablab au Cameroun et le Defko Ak Niep Lab au Sénégal. Pour chaque cas, j'ai collecté des données en combinant trois méthodes : l'observation participante, les entretiens semi-dirigés avec les membres et les promoteurs des makerspaces, et l’analyse documentaire. Après avoir traité les données, j’ai procédé à une analyse qualitative à l'aide du logiciel Nvivo. Les différentes catégories de mon analyse ont ensuite été comparées et interprétées en utilisant le cadre conceptuel construit au préalable. Mon étude révèle que les makerspaces sont des communs de la connaissance qui permettent de lutter contre les injustices cognitives. À ce titre, ils assurent l'éclosion des connaissances, favorisent l'inclusion et l'autonomisation des membres et catalysent l'innovation sociale. En d'autres termes, la dynamique au sein des espaces de fabrication collaboratifs est très favorable au développement local durable. Par-dessus tout, les espaces de fabrication collaboratifs offrent un cadre d’épanouissement et d’expression du leadership des femmes, tout en leur donnant la possibilité de lutter contre les préjugés auxquels elles sont souvent confrontées dans la société et le milieu des STEM (Science-Technologie-Ingénierie et Mathématiques), cependant, les makerspaces sont exposés à des risques de technocolonialité qui pourraient sérieusement entraver la dynamique interne et par conséquent, leur contribution au développement local durable. Pour contrecarrer ces risques de technocolonialité, quelques propositions sont faites à la fin de cette thèse, à l’endroit des acteurs et actrices impliqué-e-s dans l'écosystème des makerspaces. / Over the last decade, many Western countries have seen their public spheres populated by the collaborative, open and shared manufacturing spaces, broadly known as makerspaces. Often described as vehicles of social change and industrialization, the idea of makerspaces has been rapidly exported from the West to the rest of the world and in Africa specifically. Regarding this expansion, I wondered about the societal purposes and neutrality of these collaborative spaces in the African context. Prior to address these questions, it is important to establish a common framework understand the socio-historical and economic context of Africa. That is why, inspired by decolonial studies, I have drawn a conceptual framework consisting of technocoloniality and sustainable local development. In order to do so, I first deconstructed the current dominant paradigm of development approaches, namely the sustainable development goals (SDGs). Then, in the light of the work on cognitive justice, I reconstructed and presented the idea of sustainable local development as relevant for Africa, and as an alternative to SDGs. The dimensions of sustainable local development are : the quest for cognitive justice, the informal economy, common goods, inclusion and empowerment, African alternative thinking and social innovation. Then, on the basis of coloniality and the colonial matrix of power, I presented the idea of technocoloniality and its dimensions which are: techno-utopic discourse, neo-capitalist practices and the coloniality of knowledge linked to technology transfer. This conceptual framework allowed me to refine my questioning in the following research question: to what kind of development do makerspaces contribute in Francophone Africa? Specifically, the question is whether collaborative spaces can really contribute to sustainable local development in Africa or whether they contribute to strengthening technocoloniality. To answer these questions, I conducted three case studies in Francophone Africa: the Ouagalab in Burkina Faso, the Ongola Fablab in Cameroon and the Defko Ak Niep Lab in Senegal. For each case, I collected data using a combination of three methods: participant observation, semi-structuredi nterviews with makerspaces members and promoters, and content analysis. After processing data, I conducted a qualitative analysis using Nvivo software. The different categories of my analysis were then compared and interpreted using the previously constructed conceptual framework. My study revealed that makerspaces are commons that fight against cognitive injustice, ensure the flowering of knowledge, promote inclusion and empowerment of members, and catalyse social innovation. In other words, the dynamics within collaborative manufacturing spaces are highly conducive to sustainable local development. Above all, makerspaces display women's dynamism and leadership, since they allow them to fight injustices and biases they used to face in the society and places related to STEM (Science-Technology- Engineering and Mathematics). However, the management of makerspaces as an entity is highly exposed to technocoloniality. This severely hinders the internal dynamics and thus their contribution to sustainable local development. But if the different actors involved in the makerspace ecosystem take into account some factors, makerspaces would bring a lot of benefits to sustainable local development of Africa. That is why at the end of this thesis, we made some suggestions.
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Orpaillage artisanal et développement ruralOuedraogo, Lala 29 January 2019 (has links)
Cette thèse est composée principalement de trois chapitres abordant des questions sur l’orpaillage artisanal au Burkina Faso. Avant d’exposer ces trois chapitres, dans l’introduction, nous décrivons d’abord le contexte socio-économique et le contexte legal du secteur miner du pays; ensuite nous revenons sur la revue de littérature relative à la question de l’orpaillage notamment les impacts positifs comme les possibilité d’emplois et les impacts négatifs comme les problèmes sanitaires et de sécurité ; les autres questions dont la relation entre agriculture et extraction artisanale, la durabilité de l’orpaillage et la responsabilité sociale des entreprises minières, la gouvernance locale des sites ; et enfin les différents cadres conceptuels mobilisés pour les trois thématiques à savoir le cadre d’analyse du développement institutionnel, celui des moyens d’existence durables et celui de l’«empowerment» pour étudier plus spécifiquement le rôle des femmes sur les sites d’orpaillage. Dans le premier chapitre, La gouvernance locale et l’organisation du travail sur les sites miniers du Burkina Faso, nous nous basons sur le cadre d’analyse du développement institutionnel pour discuter de la gouvernance locale et de la division du travail dans les camps d’extraction aurifère artisanale au Bukina Faso; un pays d’Afrique de l’Ouest qui, ces dernières années, exploite de plus en plus ses réserves d’or. Les données de terrain ont été recueillies sur trois sites dans les villages de Diosso, Siguinoguin et Zincko, conformément à l’échantillonnage raisonné. L’une des découvertes majeures tirées de la recherche sur site est que les formes de gouvernance varient le long d’un continuum allant de flexibles (appliqués par des puissances conjointes : syndicat des mineurs artisanaux, autorités coutumières et propriétaires fonciers) à rigides (appliqués par les propriétaires fonciers). Une autre conclusion est que le type de relation entre les communautés autochtones et les mineurs dépend de l’importance de l’autochtonie des mineurs artisanaux. En effet ils sont harmonieux à Zincko où les mineurs sont originaires du village alors qu’ils sont tendus à Siguinoguin qui est peuplée de migrants. Finalement, cet article s’appuie sur l’école française de proximité pour enrichir les définitions données aux attributs du monde physique et aux attributs de la communauté mis en évidence par la théorie d’Ostrom, la proximité géographique ne permettant pas de détailler les formes de proximité relationnelle organisées dans les camps miniers. Dans le deuxième chapitre, Interaction dynamique entre agriculture et orpaillage, nous proposons iii une compréhension de la relation dynamique entre l’agriculture de subsistance et l’exploitation minière artisanale, en s’appuyant sur des preuves provenant de communautés minières artisanales des villages de Diosso, Siguinoguin et Zincko situés au Burkina Faso. La recherche montre que les communautés rurales sont confrontées à de nombreuses vulnérabilités telles que le manque de pluie et les catastrophes naturelles et l’insecurité grandissante au Nord. Ces vulnérabilités les obligent à poursuivre l’extraction artisanale comme autre moyen d’existence. Notre étude a montré qu’en fait il existe une interaction dynamique entre ces deux activités. D’un coté l’agriculture soutient l’orpaillage en offrant aux fermiers les revenus nécéssaires pour s’engager dans l’activitité comme se payer le transport de leurs villages respectifs vers les camps miniers ; et d’autre part l’orpaillage soutient de manière considérable l’agriculture notamment soutenir les familles pendant les périodes de soudure de la saison sèche et contribuer à l’achat des intrants. Bien que cette interaction semble être bénéfique, les entrevues auprès des jeunes nous a fait découvrir un réel problème pour la succession agricole qui s’est habituée à la nouvelle vie moderne qu’il pouvait s’offir via l’orpaillage. Ainsi, elle développe des stratégies d’adaptation qui l’éloigne des activités agricoles et entraînent des moyens de subsistance non durables à long terme. Dans le troisième chapitre, Obtenir l’«empowerment» dans un monde d’hommes, nous examinons l’autonomisation économique et sociale des femmes grâce à l’exploitation minière artisanale au Burkina Faso. Nous avons mené des entretiens individuels et des groupes de discussion sur trois camps miniers. Ces entretiens ont fourni des informations sur les différents rôles joués par les femmes dans les camps d’exploitation minière, leur accès aux ressources nécessaires et le pouvoir collectif qui s’est développé entre elles tout en travaillant les unes avec les autres dans les camps miniers. En général, les femmes rapportent qu’elles s’engagent dans l’exploitation minière artisanale pour des raisons financières précaires et la pauvreté agricole. Nos résultats indiquent que l’accès aux ressources dépend des positions, des investissements initiaux et de la situation matrimoniale des femmes. Nous avons constaté que seules les propriétaires de puits et les propriétaires de hangards atteignent facilement une plus forte autonomie économique et sociale en améliorant de manière générale leur niveau de vie. En ce qui concerne les «vanneuses», même s’ils améliorent leur estime de soi, leurs revenus restent faibles pour assurer une autonomie économique durable. / This thesis aims at addressing questions on artisanal gold mining in Burkina Faso. It is mainly composed of three chapters. Before discussing these three chapters, in the introduction, we first describe the socio-economic context and legal context of the country’s mining sector; then we review the literature on the issue of gold panning including positive impacts such as job opportunities and negative impacts such as health and safety issues; other issues including the relationship between agriculture and artisanal mining, the sustainability of gold washing and the social responsibility of mining companies, local governance of sites; and finally, the different conceptual frameworks mobilized for the three themes, namely the institutional development analysis framework, the sustainable livelihoods framework and women’s empowerment. In the first chapter, Local governance and labor organizations on artisanal gold mining sites in Burkina Faso, we use the institutional development analysis framework to discuss local governance and the division of labor in the artisanal gold mining camps in Bukina Faso; a country in West Africa which, in recent years, is increasingly exploiting its gold reserves. Field data were collected from three sites in the villages of Diosso, Siguinoguin and Zincko, according to reasoned sampling. One of the major discoveries from on-site research is that forms of governance vary along a continuum ranging from flexible (applied by joint powers: artisanal miners’ union, customary authorities and landowners) to rigid (applied by landowners). Another conclusion is that the type of relationship between indigenous communities and minors depends on the importance of the autochtony of artisanal miners. Indeed they are harmonious in Zincko where the miners are from the village while they are stretched to Siguinoguin which is populated by migrants. Finally, this article is based on the French school of proximity to enrich the definitions given to the attributes of the physical world and to the attributes of the community highlighted by the Ostrom theory, the geographical proximity not allowing to detail the forms relational proximity organized in the mining camps. In the second chapter, How do artisanal gold mining and smallholder farming coexist in Burkina Faso?, we propose an understanding of the dynamic relationship between subsistence agriculture and artisanal mining, drawing on evidence from artisanal mining communities in v the villages of Diosso, Siguinoguin and Zincko located in Burkina Faso. Research shows that communities face many vulnerabilities such as lack of rain and natural disasters and increasing safety concerns-related to terrorist attacks-in the Northern part of the country. On the one hand, agriculture supports artisanal gold mining by providing farmers with the income they need to engage in the activity, such as paying for the transport from their respective villages to mining camps; on the other hand, artisanal gold mining significantly supports agriculture by supporting families during lean periods of the dry season and by contributing to the purchase of agricultural inputs. While this interaction appears to be beneficial, the youth interviews revealed a real problem for farm succession that has become accustomed to the new modern life that could be offered through gold panning. Then, farm succession develops coping strategies that move it away from farming activities and lead it towards unsustainable long-term livelihoods. In the last chapter, Obtaining empowerment in a man’s world, we examine the economic and social empowerment of women through artisanal mining in Burkina Faso. We conducted individual interviews and focus groups on three mining camps across the country. These interviews provided information on the different roles played by women in mining camps, their access to the necessary resources and the collective power that they develop while working together in the mining camps. In general, women report that they engage in artisanal mining for precarious financial reasons and agricultural poverty. Our results indicate that access to resources depends on women’s positions, initial investments and marital status. It tends to be provided by husbands for married women who need less than 50 USD in initial investments (these women usually perform winnowing tasks). We found that only pit owners and stall owners (stands where stones are crushed, washed and processed) easily achieve greater economic and social independence by improving their economic level, self-esteem and autonomy. As far as "panners" are concerned, even if they improve their self-esteem, their incomes remain low to ensure sustainable economic autonomy.
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