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Enquête ethnographique sur les coalitions entre les organisations communautaires et syndicales : le mouvement pour l’augmentation du salaire minimumFauvel, Mylène 02 1900 (has links)
À travers une ethnographie militante au sein des coalitions québécoises revendiquant une augmentation du salaire minimum à 15 dollars l’heure, cette thèse étudie les relations entre les organisations syndicales et communautaires impliquées dans des coalitions agissant dans une optique de transformation sociale. Les coalitions observées sur une durée de trois ans regroupaient de nombreuses organisations qui se différenciaient tant par leurs formes organisationnelles — centrales syndicales, syndicats locaux, partis politiques, comités citoyens et des organisations communautaires plus ou moins institutionnalisées — que par leurs stratégies d’action.
Conceptualisant les coalitions comme étant à la fois un lieu de transformation culturelle pour les organisations, dans le prolongement des écrits abordant les coalitions comme une stratégie de renouveau syndical, et un lieu de compétition interorganisationnelle, tel que l’appréhendent bien souvent les travaux issus du champ de la sociologie des mouvements sociaux, cette thèse interroge les tensions internes et les rapports de pouvoir au sein des coalitions syndicales-communautaires.
En mobilisant une approche interactionnelle et culturelle des coalitions inspirée des travaux de Cefaï et de Goffman pour penser l’action collective, la thèse démontre comment les organisations syndicales exercent un pouvoir d’influence important au sein des coalitions, ce qui vient limiter leur potentiel transformateur et comment les coalitions peuvent contribuer à marginaliser les personnes concernées, dont les travailleur·euse·s précaires, dans les espaces de prise de décision au sein des mouvements sociaux. La thèse met ainsi en relief que, dans les coalitions pour le 15 dollars de l’heure, le travail d’organisation et de mobilisation des travailleur·euse·s non syndiqué·e·s et à bas salaire a été assumé par des organisations non syndicales, lesquelles ont le plus souvent moins de ressources, alors que les actions mises en place au sein des coalitions se rapprochaient davantage du répertoire d’action traditionnelle des organisations syndicales, dont l’organisation d’actions médiatiques et d’actions dites « de visibilité ».
En mobilisant cette fois le concept de « solidarité de coulisse » de Goffman et la conception des pratiques discrètes de résistance de Scott, la thèse expose comment, les personnes impliquées dans les coalitions, conscient·e·s du déséquilibre de pouvoir existant entre les organisations syndicales et les organisations communautaires, créent des espaces de concertation alternatifs, en coulisse des coalitions, pour résister et contester la hiérarchie au sein de la coalition. En s’éloignant ainsi de la perspective syndicalo-centrée prédominante dans la littérature, la thèse démontrent comment les coalitions transforment davantage les modes de fonctionnement et les pratiques des organisations communautaires et parasyndicales que ceux des syndicats. / This thesis examines the labour-community coalition for the $15 minimum wage in Quebec using
a militant ethnographic research approach. Forged in the aftermath of similar mobilizations in the
United States and Ontario, these coalitions brought together a variety of organizations that differed
both in their organizational forms — local unions, political parties, activist groups, citizens'
committees, and community organizations — and in their strategies of action. Defining coalitions
as both a vector of cultural change for organizations — in continuity with the literature on coalitions
as a strategy for union renewal — and as an arena for inter-organizational competition — as often
considered in the sociology of social movements literature — this dissertation examines the internal
tensions and power dynamics within labour-community coalitions.
Based on an interactional and cultural approach to coalitions inspired by Cefaï and Goffman's
framework for analyzing collective action, the thesis shows how trade union organizations wield
considerable influence within coalitions, which limits the transformative potential of coalitions,
particularly with respect to practices that promote the participation and organization of precarious
workers. It also reveals that in the $15 coalitions, the work of organizing and mobilizing non-union
and low-wage workers was assumed by non-union organizations, i.e., organizations with fewer
resources, while the actions undertaken within the coalitions were closer to the traditional repertoire
of actions of union organizations, including visibility actions.
Drawing on Goffman's notion of "backstage solidarity" and Scott's notion of infrapolitics and
everyday forms of resistance, the thesis also shows how coalition participants created alternative
spaces for concerted action in the backstage of coalitions that enabled them to resist and challenge
the hierarchy within the coalition.
As such, this thesis moves away from the union-centric perspective that dominates the literature
and demonstrates how coalitions transform the practices of community and para-union
organizations more than those of trade unions.
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