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L'acédie ou le baptême de la bile. À la recherche d’un pharmakon spirituel / Acedia or the melancholy baptism. In search of a spiritual pharmakonMeessen, Julie 27 January 2018 (has links)
L'acédie alliée à la mélancolie nous permet de rendre compte de la totalité de la nature humaine, en tant qu'elle est composée d'une âme, d'un esprit et d'un corps. Ces deux pathologies distinctes autant par leur inscription dans un temps et un espace particuliers et déterminés, ainsi que par les dimensions de l'être humain auxquelles elles s'attaqueront se verront ici rapprochées de sorte à faire émerger un paradigme qui fera de la folie pathologique un moyen d'accès au divin. La mélancolie, de par son bagage grec antique qui faisait d'elle l'apanage des hommes de génie, contaminera au XIIIe siècle l'acédie au point que celle-ci ne sera plus envisagée sous la perspective d'une passion, d'un vice - le plus redoutable de tous – mais une grâce, cherchée et convoitée par les saints hommes de cette époque, selon Guillaume d’Auvergne. Pour ce faire, l'acédie se révélera être une pathologie de la volonté en tant que celle-ci se voit éteinte, asphyxiée devant un idéal inaccessible qui épuiserait en elle tout dynamisme, idéal de l'impassibilité que l'on retrouve sous les traits de l'ange chez les Pères du désert et celui de la performance que l'on retrouve sous les traits du surhomme à notre époque, deux modèles qui se voient être pervertis dès leur conception et dévoilés comme tel par l'acédie. D'une maladie mortelle, celle qui vient autant emporter le corps de l'ascète que la vie de son âme, se révèle protéger l'individu d'un mal encore plus redoutable, celui de l'orgueil, en venant par la même occasion préserver la puissance de la volonté de l'individu en celle de Dieu par le truchement d'une grâce divine. Eau de mort pour le commun des mortels, elle devient eau de vie, porteuse d'une grâce efficace, pour les fous de Dieu dont la folie n'a d'égale que leur amour ; l'acédie devenant par là-même la maladie de l'amour fou de Dieu. / Acedia combined with melancholy allows us to account for the totality of human nature, insasmuch as it is composed of a soul, a spirit and a body. These two distinct pathologies, as much by their inscription in a particular and determined time and space, as by the dimensions of the human being that they will attack, will be brought together here in such a way as to bring forth a paradigm that will make pathological madness a means of accessing to the divine. Melancholy, by its ancient Greek heritage, which made it the prerogative of men of genius, will contaminate acedia in the thirteenth century to the point that it will no longer be considered from the perspective of a passion, a vice – the most awe-inspiring of all – but a grace, sought for and coveted by the holy men of that time, according to William of Auvergne. For this to happen, acedia will prove to be a pathology of the will inasmuch as it is extinct, asphyxiated in the face of an inaccessible ideal that would exhaust all dynamism, ideal of the impassibility that we find under the features of the angel of the Desert Fathers and that of the performance that we find under the features of the übermensch in our time, two models that become perverted from the time they were conceived and unveiled as such by the acedia. From a mortal disease, the one that takes away both the body of the ascetic and the life of his soul, is revealed to protect the individual from an even more dangerous evil, that of pride, by coming at the same time to preserve the power of the individual's will in that of God through the means of divine grace. Water of death for the common man, it becomes water of life, bearer of an efficacious grace for the fools of God, whose madness is matched only by their love ; acedia thereby becoming the disease of God's love.
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