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Le nécessaire irrationnelDésy, Jean 22 December 2021 (has links)
À tout moment au cours de cette recherche, j'ai senti le besoin de me référer à certains auteurs, à Cari Gustav Jung en particulier, afin de me rassurer au sujet de mes propres réflexions concernant la fragilité et surtout les limites de la fonction rationnelle. Souvent, quand il m'a semblé trouver certains arguments en faveur d'un "nécessaire irrationnel", je me suis dit: "Sois raisonnable ! On ne remet pas en cause la rationalité, on ne le fait pas de façon aussi ouverte ". C'est que les appels à la raison se font constamment entendre dans le monde actuel. C'est la raison, toujours la raison, qui est invoquée pour que cessent les guerres, les injustices, la misère sociale. Contre la folie, on a opposé depuis longtemps la froide logique de la raison. Je me suis donc fréquemment lancé des "appels à la raison" alors que je travaillais au "nécessaire irrationnel". Mais une petite voix ne cessait de m'encourager à poursuivre sur cette route un peu folle que je m'étais tracée. D'une manière ou d'une autre, les poètes n'ont jamais cessé d'affirmer l'irrationnel. C'est auprès d'eux, auprès de certains humanistes aussi, que j'ai pu trouver un terrain plus solide pour mon travail, assez pour me convaincre que c 'est en-dehors des facultés raisonnables que se déroule une portion essentielle de la vie humaine tant "imaginaire" que "réelle". Il est vain de tenter de mieux comprendre ce qu'est 1'homo sapiens si la fonction irrationnelle doit demeurer une zone grise que les forces dites "positives" de la psyché peuvent et doivent contrôler. S'il existe évidemment une nécessaire rationalité, il n'y a aucune raison pour que l'irrationalité ne soit pas tout aussi nécessaire et "positive". J'ai bien peu inventé en écrivant ce texte. Dès le début, je n'ai souhaité qu'une chose : réaffirmer ce qui n'a cessé de l'être de façon périodique dans l'Histoire, mais qui a toujours fini par être repoussé, écarté, refoulé : la nécessaire valeur de l'irrationalité chez l'humain. Me fiant à quelques intuitions, j'ai voulu faire en sorte que la spirale de cet essai se concentre autour d'une fondamentale vérité : ce n'est que dans 1'amalgame le plus indissociable des fonctions rationnelle et irrationnelle de la psyché que l'être humain trouve véritablement un sens à son existence.
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La critique de l'irrationnel dans L'ami des enfants (1782-1783) d'Arnaud BerquinFournier-Goulet, Geneviève 02 1900 (has links) (PDF)
On a longtemps considéré l'enfant comme « un petit adulte » et ce n'est qu'avec les XVIe et XVIIe siècles qu'on commence à lui reconnaître des caractéristiques propres. Toutefois, c'est avec le XVIIIe siècle que des auteurs se mettent à écrire des récits spécifiquement destinés à un jeune public. Ceux que l'on peut qualifier de grands auteurs pour la jeunesse à la fin de l'Ancien Régime, qu'il s'agisse de Madame d'Épinay (1726-1783), de Madame de Genlis (1746-1830) ou d'Arnaud Berquin (1747-1791), se font les porte-paroles des idées et des critiques que nous désignons aujourd'hui sous le nom de « philosophie des Lumières ». Nous nous intéresserons ici à L'Ami des enfants, un périodique écrit par Arnaud Berquin. Paru en vingt-quatre numéros entre 1782 et 1783, il comporte 121 historiettes de plusieurs genres différents, dans lesquelles Berquin se réclame d'une des idées essentielles des Lumières : le recours à la raison. En effet, il y dénonce de plusieurs manières l'irrationnel (revenants, monstres, magie, mondes enchantés) et c'est cette critique que nous étudierons, afin de voir comment elle est rendue accessible aux jeunes lecteurs, tout en restant très près des Lumières. Dans un premier chapitre, nous retracerons le contexte socio-historique pour comprendre comment la critique des croyances s'est articulée en France, et ce, jusqu'à envahir le domaine de la littérature pour enfants. Il s'agira avant tout de voir comment le discours de Berquin s'insère dans un mouvement qui le dépasse et qui tire ses origines de la fin du XVIIe siècle. Ce rappel historique nous mènera à une définition opératoire des termes « irrationnel » et « irrationalité », qui seront utilisés dans la suite de notre mémoire. Nous tenterons ensuite de voir de quelle manière Berquin s'emploie à mettre cette critique à la portée des enfants. L'ensemble des histoires sera d'abord observé, afin de voir comment elles mettent toutes de l'avant un monde où la raison prime. Trois manifestations de ce monde « raisonnable » seront étudiées dans les historiettes : leur réalisme de fond et de forme; leurs liens avec la science et la méthode scientifique, telles que décrites dans l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert (1751-1772) ; leur proximité avec le déisme. Notre troisième chapitre sera finalement consacré à l'analyse de six histoires en particulier qui traitent explicitement de la critique des irrationalités. Il s'agira surtout de déterminer quelles stratégies rhétoriques utilise Berquin pour inciter à critiquer les irrationalités. Une telle étude nous permettra de lier la critique des irrationalités faite par Berquin aux idées véhiculées dans la société française de cette époque, de manière à voir comment cet auteur diffuse une philosophie des Lumières et une définition de la raison adaptées aux enfants.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Arnaud Berquin, littérature pour enfants, irrationnel, philosophie des Lumières, XVIIIe siècle
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Les somnambules d'Hermann Broch : roman de la connaissance irrationnelle et philosophie scientifiqueCasgrain, Charles-Philippe 02 1900 (has links) (PDF)
L'écrivain doit « "[c]réer la valeur" », puis « reconstruire un édifice de valeurs ». Cet impératif formulé par Broch dans son essai « Le Mal dans les valeurs de l'art » constitue aussi le programme narratif de son roman Les Somnambules, œuvre polyhistorique - pour recourir à l'appellation générique qu'emploie le romancier - qui mime, et peut-être même accomplit, le processus à l'issue duquel les forces de l'Irrationnel sont canalisées pour faire l'objet d'une rationalisation. La nouvelle rationalité que s'efforce de créer Broch au moyen du polyhistoricisme, genre associé par l'auteur au « roman nouveau dans sa polyphonie à la fois rationnelle et irrationnelle », doit selon lui fournir un socle aux nouvelles croyances religieuses appelées à supplanter celles véhiculées par le christianisme, ce système axiologique totalisant qu'il convient, estime-t-il, de remplacer par un nouveau, dont la création est d'ailleurs anticipée dans l'ensemble de sa production littéraire. Roman polyphonique au sens où le discours scientifique s'y présente comme le contrepoint du discours irrationnel, Les Somnambules se propose, plus précisément, de fonder la nouvelle rationalité à partir de la prise en considération des motions psychiques inconscientes qui structurent la pensée. Le rapprochement entre la raison et ce qui excède les frontières imparties à l'entendement n'étonne guère lorsqu'à la lecture de Broch, on constate que toute grande religion permet de convertir de nouveaux fidèles, c'est-à-dire de susciter chez eux une illumination mystique ne pouvant être décrite autrement qu'irrationnellement, même si les membres de cette religion poursuivent, en contrepartie, des objectifs définis, le plus souvent, rationnellement. Ainsi, les dévots luttent, dans le meilleur des cas, contre le paganisme et sont appelés, toujours selon Broch, à faire de même en ce qui concerne les avatars de cette religion - fascisme, totalitarisme - cela en vue de prévenir l'apparition des symptômes se manifestant lors du déclenchement de délires collectifs. L'œuvre romanesque de Broch, envisagée ici à l'aune des Somnambules, est travaillée de fond en comble par les antinomies (rationnel/irrationnel, proche/lointain, souvenir/oubli, familiarité/étrangeté); il en va de même en ce qui a trait aux publications « scientifiques » de Broch, commentées en ces pages dans le cadre d'une analyse portant sur la doctrine axiologique incorporée à l'intrigue romanesque des Somnambules et sur la Théorie de la folie des masses, du même auteur. La stratégie de lecture adoptée dans le présent mémoire consiste à déplacer les frontières, voire à remettre en question leur légitimité, tracées - parfois arbitrairement par les critiques fréquentant l'œuvre de Broch - entre le roman de la connaissance irrationnelle et son indispensable complément, la philosophie scientifique, dont l'apport est susceptible de contribuer, croit le romancier, à éveiller (au sens métaphorique du terme) ses contemporains; notre auteur incite ceux-ci à re-découvrir les fondements de la Réalité, lesquels résident dans l'amitié, le sentiment amoureux et l'expérience de la mort, comme il l'écrit dans La Mort de Virgile. Les trois composantes du Réel sont également appréhendées lors de l'acquisition de la connaissance irrationnelle : le noyau de la science est le pré-savoir acquis intuitivement par le somnambule ou le rêveur. Ce noyau ainsi que ce qui l'enveloppe constituent le cœur de notre propos. Nous nous intéresserons donc, dans les pages à venir, à la dialectique du Rationnel et de l'Irrationnel. Les théories de la connaissance de Platon, Descartes, Kant, Cassirer, Jung, susciteront aussi un engouement chez nous.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : polyhistoricisme, littérature religieuse, roman gnoséologique, philosophie du roman, langage de l'immédiateté, position de valeurs, éthique, esthétique.
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